Annoncée en grandes pompes par les autorités algériennes, la décision d’accorder les financements publics à la Fondation Matoub Lounès ne fait pas l’unanimité.
Après le large public qui a dénoncé le recours de Malika, la sœur du chanteur, aux autorités pour financer ses projets alors que le défunt avait toujours dénoncé les pouvoirs successifs, c’est autour de Nadia Matoub, la veuve du chanteur disparu, de déclarer publiquement son opposition à « l’instrumentalisation » de la mémoire de son mari. « Je refuse que la mémoire de Lounès soit souillée et que son combat soit perverti et instrumentalisé », a écrit la veuve dans un communiqué. « Comment oser prétendre œuvrer pour la préservation de l’héritage culturel et artistique de Lounès lorsqu’on combat la liberté d’expression, l’une des valeurs pour lesquelles il a lutté », s’est-elle interrogée en référence notamment à l’emprisonnement de Merzoug Touati dont elle a visité la famille récemment.
Pour Nadia Matoub, il n’est pas question d’intégrer la maison de Matoub dans un projet public. « Sa demeure qui abrite ses souvenirs les plus précieux, à l’exemple de ses instruments de musique et des prix qui lui ont été décernés, doit rester telle qu’il l’a laissée, reflet de sa vie et de son parcours », a-t-elle écrit. « Par cette déclaration, je tiens à informer l’opinion publique de ma ferme opposition à ce projet qui aura comme conséquence de dénaturer ses biens matériels », dit-elle encore tout en rappelant que « le régime algérien » a combattu «l’esprit de liberté » qu’incarnait Lounès Matoub.
Lors d’une récente rencontre avec la sœur du chanteur, le ministre de la Culture avait annoncé que « le président de la République » avait « accepté de financer » les projets de la Fondation Lounès Matoub.