Face aux risques et menaces des feux de forêt, l’Algérie était nettement mieux équipée et outillée dans les années 80. A cette époque, l’Algérie faisait preuve d’une gestion rationnelle de ses ressources naturelles et matérielles pour se protéger contre les incendies de forêt alors qu’aujourd’hui, en 2022, le pays semble « dénudé » face à cette menace et incapable de se protéger.
Ce paradoxe a été révélé par un expert ayant requis l’anonymat et cité par un reportage de l’AFP consacré à l’ampleur des incendies de forêt ayant ravagé et ébranlé pas moins de 14 wilayas du nord du pays.
Déplorant l’absence d’un « dispositif national de lutte » anti-incendies, cet expert a rappelé à l’AFP son existence dans les années 80, quand l’Algérie disposait de « 22 appareils de type Grumman » qui « ont été vendus au dinar symbolique sans qu’aucune solution de rechange ne soit proposée ».
Il faut savoir que le Grumman S2F Tracker est conçu comme un avion de lutte anti-sous marine, le plus souvent embarqué sur des porte-avions américains. Mais à partir du début des années 80, cet appareil s’est converti dans l’activité anti-incendie. Cette conversion en bombardiers d’eau a débuté en 1982 en Europe et en France particulièrement.
Le Grumman CP-121 Tracker est à l’origine un bimoteur dédié à la surveillance maritime et qui fut très actif par temps de guerre pour la détection des sous-marins. Ce traqueur des mers a survolé les côtes canadiennes, avec une participation aux opérations navales de l’OTAN, tout en contribuant à des missions de sauvetage. En ce jour, quelques pays utilisent également cet appareil pour leurs opérations navales dont des Marines de l’Argentine et du Brésil. Aujourd’hui encore, les Tracker sont utilisés pour la lutte aux incendies de forêts.
Aujourd’hui, en 2022, l’Algérie n’a strictement aucune force aérienne mobilisable pour lutter contre les feux de forêt et dépend ainsi de l’aide étrangère ou de l’affrètement des avions étrangers pour renforcer les opérations d’extinction des incendies de forêt.
A l’occasion de l’été 2022, et en prévision de lutter contre les feux de forêt, les autorités algériennes ont mis en place un dispositif opérationnel, composé de 401 tours de contrôle, 513 colonnes mobiles et 63 camions-citernes pour l’approvisionnement en eau à travers 3.261 points d’eau et 1.019 ateliers avec 9.481 agents mobilisés en cas d’extrême urgence. Mais ce dispositif n’a prévu aucun moyen aérien pour appuyer les secouristes mobilisés sur le terrain pour éteindre les foyers des incendies. L’Algérie a décidé d’affréter un avion bombardier d’eau « Berieve BE 200 » pour une période de trois mois auprès de la Fédération de Russie.