C’est un constat qui en dit long sur l’augmentation phénoménale de la consommation nationale du gaz naturel en Algérie et « l’érosion » qu’elle provoque au niveau des capacités d’exportation du pays. En 2021, la production de l’électricité consommée par les algériennes et algériens a nécessité des volumes de gaz naturel qui égalent les quantités destinées aux exportations du pays vers l’étranger pour engranger de précieux revenus en devises, a pu confirmer Algérie Part au cours de ses investigations en obtenant des documents internes de la direction générale de Sonatrach qui résument le bilan de toutes les activités de la compagnie nationale des hydrocarbures en 2021.
C’est la première fois que les volumes de gaz naturel indispensables à la production de l’électricité en Algérie atteignent le même seuil des quantités de cette énergie fossile consacrées aux exportations en devises du pays. En effet, en 2021, l’Algérie a produit 132,2 Milliards m3 de gaz naturel. 102,6 Milliards m3 ont été commercialisés et exploités par la Sonatrach durant la même année. 39,5 Milliards m3 de gaz naturel ont été vendues aux clients étrangers de l’Algérie via les gazoducs à l’export et 20,5 Milliards m3 de gaz naturel ont été fournis aux complexes de production de gaz naturel liquéfié (GNL) d’Arzew et de Skikda.
En revanche, 39,1 Milliards m3 de gaz naturel ont été concédés à Sonelgaz pour les
besoins de génération électrique, de distribution publique et pour les clients industriels alimentés par Sonelgaz. Ainsi, la production et la consommation de l’électricité en Algérie a nécessité le même volume de gaz naturel qui est exploité pour les besoins des exportations en devises vers l’étranger.
Et avec l’augmentation annuelle de la consommation électrique du pays, les volumes de gaz naturel dédiés aux centrales électriques de Sonelgaz dépasseront dés cette année 2022 les volumes concédés aux clients étrangers de Sonatrach, à savoir notamment l’Espagne et l’Italie, les deux plus gros clients internationaux du gaz algérien.
Il est à noter à ce sujet que le ministère de l’Energie a reconnu dés début novembre 2021 que la consommation nationale d’énergie avait augmenté de 5 % à la fin du mois de septembre dernier, par rapport à la même période de l’année écoulée, expliquant cela par la relance de l’activité économique et la reprise progressive des moyens de transport suite à l’amélioration de la situation épidémiologique et la levée progressive du confinement sanitaire.
La production de l’électricité avait dépassé 61.822 gigawatts/heure fin septembre 2021, en hausse de 8,8 % par rapport à la production durant la même période de l’année écoulée, le pic de consommation de l’électricité à travers le territoire national ayant atteint 16.244 mégawatts /heure en août 2021, avait expliqué le ministère de l’Energie précisant que les capacités nationales de production frôlent les 23.700 mégawatts/heure.
99 % de l’électricité consommée en Algérie est produite à base de gaz naturel. C’est ce qui explique la forte augmentation des volumes de gaz naturel accordés par Sonatrach à la Sonelgaz. Et cette augmentation ne va pas se ralentir dans les années à venir et provoquera mécaniquement une diminution des capacités d’exportation de notre pays du précieux gaz naturel vers l’étranger. Moins de gaz naturel exporté signifie moins de revenus en devises pour les caisses de l’Etat algérien. Ce qui ne manquera de troubler la stabilité économique et financière d’une Algérie plus que jamais fragilisée par son propre modèle économique déficient.
