Le ministre de la Justice, Belkacem Zeghmati, a fait des révélations fracassantes et amères sur la mauvaise qualité et la médiocrité de la formation des juges algériens. Un aveu qui en dit long sur l’ampleur tragique du désastre qui caractérise en ce moment le secteur de la justice en Algérie. « Dites-moi comment peut-on former en 3 ans 416 magistrats ? Est-ce que cela est sérieux ? Est-ce raisonnable ? Et pouvez-vous me dire qu’en 3 ans, on peut inculquer non seulement les connaissances de droit, non seulement les connaissances de lois mais tout ce qui va avec la mission de magistrat ? C’est utopique » a jugé Zeghmati lors de la présentation ce dimanche à Alger devant les députés de l’Assemblée populaire nationale (APN).
Le ministre de la Justice a tout bonnement appelé à « revoir radicalement la formation de magistrat ». « Dans les années 1970 et le début des années 1980 quand l’École nationale d’administration (ENA) formait des magistrats, il y avait 13 magistrats au maximum dans une section. L’État formait des magistrats de qualité. Aujourd’hui, on forme 500 magistrats en 3 années et on met entre leurs mains la vie des gens et leurs biens et leurs droits », a reconnu ainsi Belkacem Zeghmati qui dresse un tableau catastrophique de l’appareil judiciaire algérien.
« Nous avons une amère expérience en la matière. La formation du juge ne doit pas porter uniquement sur les connaissances de droit. Le magistrat n’est pas un fonctionnaire ordinaire. Il met entre ses mains la liberté des citoyens, leurs droits et parfois même leur vie », a relevé enfin le même ministre sur lequel tous les projecteurs sont braqués depuis plusieurs jours en raison de la grève de 9 jours entamée par le syndicat national des magistrats (SNM) pour contester les mutations de près de 3000 magistrats et réclamer une amélioration de leurs conditions socio-professionnelles.