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vendredi, avril 19, 2024

Les dossiers noirs de l’énergie : Une plainte d’une société espagnole contre l’actuel ministre Mohamed Arkab et des responsables Sonelgaz étouffée par la justice algérienne

La justice algérienne s’acharne sur les plus faibles, mais protège les plus forts. C’est la leçon morale que l’on peut tirer des nouvelles investigations menées par Algérie Part à propos d’un énième scandale qui a ébranlé le secteur de l’énergie. Ce scandale implique directement le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab et plusieurs responsables de la Sonelgaz, le groupe industriel énergétique algérien, spécialisé dans la production, la distribution et la commercialisation d’électricité et de l’achat, le transport, la distribution et la commercialisation de gaz naturel. 

Cette fois-ci, c’est une société espagnole qui a fait éclater ce scandale. Il s’agit de l’entreprise espagnole TSK, une société espagnole d’ingénierie spécialisée dans la construction des centrales et infrastructures électriques. Cette société réputée pour ses références en Europe a obtenu à partir de 2014 deux marchés publics en Algérie. Il s’agit de la construction deux centrales électriques de petite moyenne, à savoir des stations-électriques. La première à Mostaganem et la deuxième à El Tarf à l’est du pays. Les deux projets totalisaient un budget de près 300 millions d’euros.

Mais ces marchés prometteurs, la société TSK ne va jamais les réaliser. Et pour cause, la mise en oeuvre de ces projets a été retardé pendant plusieurs années par la compagnie algérienne d’engineering de l’électricité et du gaz (CEEG, filiale du groupe Sonelgaz), chargé de chapeauter la réalisation de toutes les nouvelles centrales ou infrastructures électriques gérées par la Sonelgaz.  Ce retard inexpliqué a intrigué les responsables de la TSK en Algérie. Ils vont entamer des pourparler pour tenter de lever les obstacles. Et c’est à ce moment-là qu’un haut responsable de la CEEG, un certain M. Ouaret, directeur des travaux à la CEEG, leur fait clairement comprendre qu’il faut faire un « cadeau », entendre un pot-de-vin, pour obtenir définitivement la réalisation de ces stations-électriques en Algérie et espérer ainsi empocher les 300 millions d’euros de ces deux marchés.

Les espagnols de TSK refusent de céder au chantage. Les deux marchés sont annulés par la CEEG. Et à l’époque qui était le PDG de la CEEG ? Un certain Mohamed Arkab, l’homme qui est devenu ministre de l’Energie depuis le 31 mars 2019 à l’âge de 55 ans.

Désespérés, les espagnols de TSK tentent de régler leur problème ç l’amiable avec le successeur de Mohamed Arkab à la tête de la CEEG. Il s’agit de Mohamed Chikhaoui. Ce dernier est scandalisé par le récit qui lui a été rapporté par les représentants de la société espagnole TSK. Il tente réparer les torts infligés aux espagnols. Mais il va rapidement subir la pression de ses supérieurs à la direction générale de Sonelgaz qui veulent absolument bannir TSK du marché algérien parce qu’elle a refusé de se plier au « chantage » de la corruption. Et pour ce faire, ils veulent l’empêcher d’accéder aux marchés publics du secteur de l’énergie.

Mohamed Chikhaoui fait de la résistance mais il fut limogé de son poste en juillet 2019 après avoir refusé de signer plusieurs avenants de contrats douteux comme celui des trucs de Gamma qui ont réalisé la centrale électrique de Boufarik, une infrastructure réalisée dans des conditions techniques défectueuses ayant provoqué jusqu’à aujourd’hui encore des incidents dangereux comme il avait révélé récemment par Algérie Part.

 

En fin de compte, les espagnols TSK ont été contraints de recourir à la justice. A partir d’octobre 2019, ils déposent plainte au niveau du tribunal d’Abane Ramdane contre l’ex-PDG de la CEEG et de Sonelgaz, Mohamed Arkab, actuel ministre de l’énergie, et plusieurs autres responsables de Sonelgaz et de sa filiale la CEEG. La brigade Centrale de Lutte contre la Grande Délinquance Economique et Financière se saisit du dossier et entame une enquête. Malheureusement, cette enquête n’a jamais abouti et n’avance pas du tout. La justice étouffe le scandale pour ne plus inquiéter Mohamed Arkab et ses complices…

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