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samedi, avril 20, 2024

Les Algériens rendent un vibrant hommage au doyen des défenseurs des droits de l’Homme Ali Yahia Abdenour

L’avocat et militant des droits de l’Homme, Ali Yahia Abdenour, est décédé dimanche, à l’âge de 100 ans, a fait savoir sa famille. Depuis l’annonce de la mort de ce doyen des défenseurs des Droits de l’Homme en Algérie, les hommages les plus vibrants pleuvent sur la toile algérienne. Ali Yahia Abdenour était bel et bien une figure populaire très appréciée et respectée par les Algériennes et Algériens. 

Né le 18 janvier 1921 à Michelet [Aïn el Hammam] ; instituteur ; participe au début des années 1950 à l’organisation du PPA-MLTD en Kabylie ; secrétaire général de l’UGTA dans la direction reconstituée à Tunis en 1961, participe à sa réimplantation à Alger à l’indépendance ; après une carrière politique au FLN, avocat à Alger ; devient un animateur de l’opposition notamment par la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme ; principal rédacteur de la plateforme de San Egidio (1995). Ali Yahia Abdenour a joué un rôle important dans l’histoire contemporaine en Algérie. Il était un acteur clé de l’histoire de la guerre de l’Indépendance comme il a joué un rôle prépondérant dans la construction des institutions de l’Algérie Indépendante.

En 1945, il a adhéré au Parti du peuple algérien-Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques. Il a rejoint le Front de libération nationale (FLN) en 1955. Pour ses activités militantes, il fût arrêté en 1956 puis assigné à résidence de 1957 à 1960. C’est aussi de mai 1955 que daterait son orientation, toute politique, vers le secteur syndical, prioritairement à Alger en prenant place dans le syndicalisme des instituteurs. C’est au titre du syndicat des instituteurs, qu’il apparaît dans les rencontres qui préparent la fondation de l’UGTA (Union générale des travailleurs algériens) en février 1956 puis comme homme de liaison entre les dirigeants syndicaux et les différents responsables du FLN à Alger. Avant et après le congrès de la Soummam d’août 1956, il est ainsi en relations avec Amar Ouzegane qui collabore avec Ramdane Abane et voit dans l’UGTA, l’organisation de masse du FLN, et avec Mohamed Lebjaoui*, autre responsable à Alger, devenu membre de la Commission centrale exécutive qui suit les questions syndicales en affirmant la suprématie du FLN. Dans ce champ clos de divergences, Abdenour Ali Yahia se fait le défenseur d’une responsabilité autonome de l’organisation syndicale aux côtés du FLN.

Les arrestations se succèdent et l’UGTA est décapitée. Se sentant menacé, Mohamed Draréni, du syndicat des postiers, qui était chargé d’assurer la liaison entre le CCE et l’UGTA confie cette tâche, en septembre 1956, à Abdenour Ali Yahia. Ainsi celui-ci devient-il l’interlocuteur de Larbi Ben Méhidi* et de Ramdane Abane* dans la préparation d’une vague de manifestations pour faire de la capitale le centre de l’offensive politique. Forte tête tout autant que Ramdane Abane, il défend le point de vue syndical face au projet de grève générale illimitée. Devant le risque de démantèlement de l’organisation syndicale et de l’échec sous la répression, compte tenu du rapport des forces entre le FLN et l’armée coloniale, il préconise une grève totale de vingt-quatre heures. C’est le point de vue de Larbi Ben Mehidi qui sera retenu, une grève générale de huit jours au moment de l’ouverture du débat de la question algérienne à l’ONU. Abdenour Ali Yahia ne cède pas sur la signature de l’appel à la grève ; la grève se fera au nom de l’UGTA le 28 janvier 1957. Le déchaînement répressif de l’armée française investie de tous les pouvoirs, en fera l’ouverture de la bataille d’Alger.

Abdenour Ali Yahia est arrêté dans la rafle du 5 janvier 1957 ; de 1957 à 1960, il passe de camp en camp, de Berrouaghia, Paul Cazelles (nom de colon et d’un village colonial, Ain-Oussera), à Bossuet [Dhaya, Oranie], Douéra (près d’Alger) et Lodi [Draa-Essamar] (Oranie).

Après l’Indépendance, Abdenour Ali Yahia choisit ensuite la voie politique qui est sa profonde raison d’être, traversée de conflits de personnes. Il est élu le 20 septembre 1962 député de Tizi Ouzou ; il prend fait et cause, en Kabylie, pour la rébellion d’Aït Ahmed* de septembre 1963, puis se range à la position de Ben Bella et accède au comité central du FLN en avril 1964, avant d’approuver le coup d’État du 19 juin 1965. Le 10 juillet 1965, il est nommé par le colonel Boumediene au ministère des Travaux publics et des transports, puis le 24 septembre 1966 au ministère de l’Agriculture et de la réforme agraire. Il quittera le gouvernement en mars 1968. Entreprenant des études de droit, il ouvrira ensuite un cabinet d’avocat au centre d’Alger qui deviendra un autre centre de contacts politiques en dehors du FLN. Avocat à la cour d’Alger et à la Cour suprême, il plaide notamment devant la cour de sûreté de Médéa et le tribunal militaire de Blida. Il est arrêté en 1983 et libéré en 1984.

Au nom des droits de l’homme, il devient le leader de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme, ligue d’opposition face au pouvoir des militaires après l’annulation des élections de janvier 1992. Il sera l’un des principaux artisans de la Plateforme de San Egidio (Rome, janvier 1995) qu’il signe aux côtés des partis d’opposition, au nom de sa Ligue algérienne de défense des droits de l’homme.  Ali Yahia Abdennour s’est opposé effectivement à l’interruption du processus électoral de 1991 et a défendu certains des dirigeants du FIS. Il assiste en 1994 au colloque du Saint Egidio à Rome. En 2011, il prend part à l’appel de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) et marche à plusieurs reprises dans les rues de la capitale Alger contre le régime Bouteflika. Il a été violemment arrêté et malmené à plusieurs reprises par les policiers et services de sécurité en raison de son âge très avancé. Les Algériens garderont de lui dans leur mémoire cette image éternelle d’un homme qui a lutté jusqu’au bout de sa vie pour leur libertés, leurs droits et leur dignité. Adieu Maître…

 

 

 

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7 تعليقات

  1. C’est d’Hommes de cette trempe forgés par le travail et l’amour pour leur pays dont a besoin l’Algérie pour faire se diffuser leurs retombées bénéfiques sur le peuple et tout le pays.
    Et non, des coucous usurpateurs, hâbleurs, partisans du moindre effort qui nous étouffent !
    Paix à son Âme ; Allah Irahmouh et agrée ses bonnes actions généreuses.
    Toutes nos condoléances à sa famille et proches et qu’Allah renforce votre « Sabr ».

  2. Un serviteur du regime raciste et dictatorial de Boumedienne, assassin de dizaines de milliers de Kabyles apres l’indpendance de l’Algerie. Les soldats de la Willaya 3 et 4 doivent se rappeler de son silence dans leur tombe. Maitenant ils pourront lui rappler son lache comportement dans les annees 60 et 70! Ceux qui oublient le passe le verrons se repeter de nouveau. N’oublions pas .

  3. C’est incroyable ce que les faussaires du hirak n’ont aucune limite dans leurs propos.
    Parler au nom des Algériens est passé chez vous dans le dictionnaire.
    D’abord, Ali Yahia Abdenour, défend les droits de l’homme, ce qui n’est pas le cas pour vous, car il s’agit bien des hommes pas de petits harkis revanchards qui, en contre partie de petites sommes en euros, passent leur temps à dénigrer leur pays. Donc vous n’êtes pas concerné par ce grand monsieur.
    De nos temps, toutes les petites salopes, veulent se racheter une virginité en voulant jouer au « grand résistant » qui défie le pouvoir de son pays. Bien planqué à distance bien sur mais, en poussant les enfants des autres à brader le danger.
    Ajouter à celà, toute la racaille du makhzen, qui vient comme des mouches salir tout ce qu’elles touchent.