Le PDG de Sonatrach, le seul manager au monde qui se targue de la baisse des investissements productifs

Toufik Hakkar, le PDG de Sonatrach, est devenu depuis ce mardi 15 décembre 2020, le premier manager au monde qui se targue de la baisse des investissements productifs. Incroyable, mais vrai : le PDG de Sonatrach a accordé une interview à la chaîne de télévision privée Echorouk TV dans laquelle il est revenu sur la situation actuelle de la compagnie nationale des hydrocarbures. Toufik Hakkar a affirmé à ce propos que la Sonatrach ne va pas encaisser des pertes d’ici la fin de cette année 2020. Il est allé même jusqu’à déclarer que les pertes provoquées par la pandémie de la COVID-19 ne sont pas réellement des « pertes ». 

Oui, le chiffres d’affaires de l’année 2020 de Sonatrach va être caractérisé par un recul d’au moins de 10 milliards de dollars. Mais pour Toufik Hakkar, il ne s’agit pas de « pertes » au sens propre du terme. C’est quoi au juste ? Le PDG de Sonatrach ne le sait pas, il impute cette situation financière catastrophique uniquement  aux chamboulements nés dans le sillage de la crise sanitaire qui paralyse le monde entier. D’accord. Mais la baisse des chiffres d’affaires est bel et bien une perte ou pas ? Le PDG de Sonatrach ne le sait pas, ne répond pas. Mails il prend le soin de préciser qu’il a réussi à baisser les investissements de Sonatrach de 7 jusqu’à 5 milliards de dollars. Oui, la baisse des investissements productifs, à savoir des budgets consacrés à l’exploration et exploitation de nouveaux gisements est un acquis dont il faut se réjouir selon le PDG de Sonatrach.

Il invente ainsi un concept novateur dans le management des grandes entreprises. La baisse des investissements productifs, élément incontournable pour le renforcement de la rentabilité et la croissance d’une entreprise, ne peut en aucun cas être un motif de fierté. Les entreprises baissent toujours les charges de leurs fonctionnements mais pour économiser de l’argent. Mais si elles touchent aux investissements nécessaires à leur production, c’est qu’elles sont dans une grave crise financière. Mais Toufik Hakkar ne semble pas comprendre ce principe basique de management.

Pis encore, lors de son intervention télévisée, le manager s’est totalement gouré sur de nombreux chiffres et réalités du secteur des hydrocarbures. Toufik Hakkar a justifié ainsi la perte de 10 milliards de dollars US en la faisant passer pour une banalité affligeante en raison de la crise sanitaire provoquée par la pandémie de la COVID-19. En réalité, les pertes de Sonatrach en 2020 dépasseront les 13 milliards de dollars et la pandémie de la COVID-19 n’est pas à l’origine de toutes ces pertes. Le PDG de Sonatrach n’a jamais voulu évaluer l’impact des incidents et des arrêts des installations pétrolières et gazières dont les causes n’ont aucun lien de près ou comme de loin avec la pandémie.

Toufik Hakkar a voulu masquer les pertes de la production existante par la réduction des investissements qui n’a rien avoir avec la production l’année 2020 puisque ces investissements devaient porter sur la production de l’année 2021 étant donné qu’il s’agit de projets futurs et non pas des projets du passé. Le PDG de Sonatrach n’a encore rien dit sur la non)réalisation des prévisions de production 2020. Il a  beaucoup insisté sur l’instabilité du management alors qu’il est à l’origine de cette instabilité  en provoquant une vague de limogeages sans précédents pour remplacer des cadres intègres et honnêtes par des dirigeants issus de son entourage personnel et de sa « tribu » à Khenchela.

Le PDG de Sonatrach a également donné des chiffres totalement faux sur les réserves dans le sillage de cette interview.  Il a parlé de 10 mille millions de TEP de réserve prouvée alors qu’il a s’agit comme il a déjà déclaré par le ministre de l’Energie Abdelmadjid Attar de 2500 milliards de m3 de gaz et de 1.7 milliards de tonnes de pétrole dont plus de 50% ont été déjà consommés. Il se targue enfin de lancer le projet du nouveau système d’information interne à Sonatrach pour moderniser l’administration du poumon économique du pays. Or, ce projet ne relève pas du tout de son mérite puisqu’il avait été lancé par Abdelmoumen Oul Kadour, l’ancien PDG relevé de ses fonctions à la fin du mois d’avril 2019. Toufik Hakkar n’a jamais dit aux Algériennes et Algériens que les pertes dues aux incidents et aux arrêts curatifs des diverses installations de Sonatrach ont été estimées à 3 milliards de dollars US. Ce qui est énormissime. Mais qui s’en soucie ? Dans l’Algérie de Djerad et de Tebboune, personne !