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mercredi, avril 24, 2024

Le célèbre centre équestre Émir Abdelkader de Tiaret saccagé et défiguré

Le célèbre centre équestre Émir Abdelkader à Tiaret, fondé en 1877, a été vandalisé le 10 mai 2022 par l’un de ses fonctionnaires déclenchant ainsi un tsunami de colère sur les réseaux sociaux.

En effet, une grosse polémique a enflé sur fond de réprobation et d’indignation face cette atteinte grave à l’un des fleurons de la ville de Tiaret que d’aucuns qualifient de bradage d’un bien public séculier, classé comme patrimoine culturel et qui constitue l’un des rares repères de la fierté des Tiaretis. Ce centre équestre, de renommée internationale, était pourtant inscrit par décret exécutif aux Monuments historiques et touristiques nationaux  depuis 1995 en raison de sa prestigieuse dimension culturelle et sportive.

Cette affaire révèle une aberration dont sont coupables les autorités locales et l’actuel système de protection des monuments historiques : un édifice inscrit et classé comme patrimoine historique et culturel  détruit et défiguré. La raison ? Lancement de la construction d’une villa par l’un des retraités du centre.

Le 10 mai dernier, Z.H, ancien fonctionnaire du centre équestre s’est rapproché de la 10e sûreté urbaine pour déposer plainte contre deux personnes pour vol de matériaux de construction (acier de construction). Le lendemain, le responsable du centre équestre Émir Abdelkader a déposé une plainte à son tour contre le plaignant pour destruction d’un monument historique. Suite à cette plainte, Z.H a été auditionné par la police en déclarant qu’il s’agit de travaux de restauration de sa maison et du mur avoisinant.

Nos investigations ont permis de dévoiler une autre affaire troublante. Ce qui semble incontestable au vu des photographies qui circulent sur les réseaux sociaux qui démontrent
un creusement réalisé pour implanter des fondations, l’abattage de plusieurs arbres fruités et même une quantité considérable de briques présentes sur les abords du mur démoli. Ces éléments matériels ne reflètent pas sa version des faits et qu’un tel prétexte pourrait être considéré comme un bradage caractérisé d’un édifice public classé par l’État Algérien comme monument historique.

Les investigations d’Algérie Part ont permit aussi de découvrir qu’un permis de restauration du mur avait été délivré par la mairie de Tiaret le 05 mai 2022, et entériné par le vice-président d’APC, Mohamed Mustapha chargé de l’urbanisme et un ingénieur. Or, le permis de restauration, délivré par ces derniers, est considéré comme illégal selon les principes du classement du bien qui est la propriété de l’emblématique ferme pilote «Chaouchaoua» depuis l’ère coloniale.

Pis encore, le mis en cause ne jouit d’aucune qualité pour engager une telle restauration et sur quelle base le permis de restauration lui a été délivré sachant qu’il s’agit d’une construction illicite selon le PV de constat effectué par l’ingénieur de la mairie ?
Cependant, seul le propriétaire du site lui appartient de définir les programmes des opérations d’entretien, de restauration ou de modification.

Si l’on croit à la version des mis en cause, l’article 86 du décret 15-19 du 25 janvier 2015 fixant les modalités d’instruction et de délivrance des actes d’urbanisme exige que « lorsque l’immeuble considéré est soumis à la législation en vigueur, en matière de protection des monuments et sites historiques, leur réparation ou démolition ne peut être ordonnée par le président de l’assemblée populaire communale que dans les conditions prévues par la
législation et la réglementation qui leur sont applicables ».

Quant au vice-président de l’APC qui semble, lui aussi, essuyer des critiques acerbes concernant le bradage du fonciers urbains, il a clamé sa méconnaissance s’agissant du classement de l’édifice en question comme patrimoine historique national en ajoutant qu’il a délivré le permis de restauration selon le PV de constat de l’ingénieur de l’APC, dont Algérie Part détient une copie, alors que les démarches réglementaires obligent le meneur des travaux de fournir un dossier, qui comporte une copie de l’acte de propriété, ou du certificat de possession, une démarche qui n’a jamais été effectuée sauf si un permis de démolir lui a été délivré dans des conditions troublantes !

Selon une source bien informée, « un permis de démolir a été bel et bien délivré par les services de l’APC de Tiaret à Z.H, en violation complète des lois et règlements régissant sur les conditions et modalités de délivrance des actes d’urbanisme ». « Le dossier a été détruit par les mis en cause le jour même où l’affaire a éclaté pour ne pas laisser de traces », ajoute la même source.

Rappelons enfin que la gestion du centre équestre Emir Abdelkader et du champ de tir de Tiaret a été transféré selon les déclarations de l’actuel Wali au quotidien national El-Moudjahid à la Direction de la jeunesse et des sports (DJS) en 2021. Le parquet de Tiaret s’est saisi du dossier et une instruction judiciaire a été ouverte. Les trois accusés ont été présentés dimanche 16 mai devant le Procureur de la République près le Tribunal de Tiaret qui a transmis le dossier pour instruction.

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