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vendredi, mars 29, 2024

L’Algérie savait depuis 7 mois que l’Espagne va relancer le gazoduc Maghreb-Europe au profit du Maroc

La relance ou la réutilisation du gazoduc Maghreb-Europe abandonné par l’Algérie depuis la fin octobre 2021 était planifiée par l’Espagne depuis au moins 7 mois. Mieux encore, les autorités espagnoles avaient pris le soin d’informer préalablement les autorités algériennes de ce plan de relance du gazoduc dans le cadre d’un nouvel accord commercial avec le Maroc. Les dirigeants algériens avaient été consultés par leurs homologues espagnols et ces derniers avaient dévoilé tous les détails de cet accord consistant à réutiliser le gazoduc Maghreb-Europe pour expédier du gaz en « flux inversé », à savoir du gaz expédié depuis l’Espagne vers le Maroc. 

L’Algérie était donc bel et bien au courant de ce projet de livraisons de quantités de gaz naturel au Maroc par le biais du Maghreb-Europe depuis l’Espagne. Il n’y a aucun effet de surprise et l’Algérie n’a jamais été trompée ou manipulée par l’Espagne. C’est du moins ce que révèle le média espagnol El Español, l’un des plus importants sites espagnols d’actualité fondé le journaliste Pedro J. Ramírez, ancien directeur du quotidien El Mundo, dans son édition du 29 avril dernier. « Il y a six mois, l’Algérie avait accepté que l’Espagne devienne une station de transit pour le gaz américain vers le Maroc », titre ce média réputé pour la qualité fiable de ses sources en Espagne.

Selon El Español, l’Algérie a été non seulement consultée et avisée par l’Espagne au sujet de réaffectation du gazoduc Maghreb-Europe pour les besoins énergétiques du Maroc, mais elle avait également donné… son accord de principe pour la mise en place de ce plan en Espagne ! Cette révélation est un véritable pavé dans la mare car elle prouverait que l’attitude actuelle du gouvernement est empreinte d’une grande hypocrisie.

Et pour cause, pourquoi les dirigeants algériens font mine de menacer l’Espagne et de dénoncer l’exportation vers le Maroc du gaz en flux inversé via le gazoduc Maghreb-Europe alors qu’ils avaient donné leur accord pour cette option depuis… 7 mois ? La question se pose en toute acuité. Mais les sources d’El Español semblent détenir la réponse.

Le même média espagnol cite « une source officielle du ministère espagnol de la Transition écologique (Miteco) » qui lui révèle tous les tenants et aboutissants du deal secret conclu depuis fin septembre entre Alger et Madrid.

« Alger savait depuis près de sept mois que l’Espagne répondrait à la demande du Maroc concernant la garantie sa sécurité énergétique sur la base des relations commerciales », explique cette source citée par El Español. « José Manuel Albares s’est rendu à Alger le 30 septembre, accompagné des présidents de Naturgy, Francisco Reynés, et d’Enagás, Antoni Llardén. Un mois plus tard, c’est le vice-président Ribera qui s’est rendu à Alger pour clore tous les termes de l’accord », a expliqué la même source dans les colonnes d’El Español pour démontrer que la diplomatie espagnole n’a pas du tout méprisé ou blessé « la sensibilité » de l’Algérie dans cette affaire comme le prétendent en ce moment les dirigeants algériens.

Du côté espagnol, la transparence a été de mise et respectée. « Cela fait des mois que nous expliquons à l’Algérie que le Maroc va acquérir du GNL [gaz naturel liquéfié] sur les marchés internationaux, le décharger dans une usine de regazéification de la péninsule et utiliser le gazoduc maghrébin pour être réexpédié vers son territoire », clame encore la source autorisée citée par El Español qui explique enfin l’attitude agressive de l’Algérie observée ces derniers jours par l’adoption d’un nouveau discours destinée à la « consommation interne » dans le cadre d’une « mise en scène » dont le seul but serait, à en croire la même source, de répondre favorablement à des « pressions internes » qui insistent pour que l’Algérie proteste contre le récent alignement de l’Espagne sur la position marocaine dans le dossier très délicat du Sahara Occidental.

Pour rappel, le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, avait décidé le 18 mars dernier d’appuyer fortement la proposition marocaine d’autonomie, qui date de 2007, en la considérant qu’elle « est la base la plus sérieuse, crédible et réaliste pour la résolution du contentieux sahraoui ». L’Espagne avait pris ainsi un virage à 180° sur le Sahara Occidental suscitant le grand mécontentement de l’Algérie, fervent soutien de l’indépendance de ce territoire classé officiellement par l’ONU comme le dernier « territoire non décolonisé sur le continent africain ».

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