L’Algérie parmi les pays africains les plus touchés par la baisse des salaires réels

Les salaires réels en Algérie connaissent une baisse régulière depuis 2015, nous apprend le dernier « rapport mondial sur les salaires 2020-21. Salaires et salaire minimum au temps du COVID-19 » publié récemment par l’Organisation Internationale du Travail (OIT).

Selon l’OIT, les salaires mensuels ont baissé ou ont progressé de manière plus lente au premier semestre 2020, en raison de la pandémie de Covid-19. Il s’agit en fait d’une pression à la baisse sur le niveau ou sur le taux de croissance des salaires moyens dans « deux tiers des pays pour lesquels des données récentes » ont été communiquées à l’OIT. Le rapport indique également qu’à brève échéance, la crise devrait faire subir aux salaires une très forte pression vers le bas.

Le rapport analyse aussi les systèmes de salaire minimum, qui pourraient jouer un rôle important pour bâtir une relance économique durable et équitable. Lorsque les salaires minimums sont fixés à un niveau adéquat et qu’ils sont appliqués, ils ont également le potentiel de réduire l’écart salarial entre les sexes. Il existe un salaire minimum, sous une forme ou sous une autre, dans 90 pour cent des Etats Membres de l’OIT.

Néanmoins, concernant l’Algérie, ce rapport de l’OIT a souligné que les salaires réels de notre pays ont commencé à baisser bien avant l’avènement de la pandémie de la COVID-19 et ses conséquences désastreuses sur l’économie mondiale. En effet, les salaires réels des travailleurs algériens sont en net recul depuis 2015 jusqu’à 2018. En 2015, les salaires réels ont reculé de 1 % en Algérie. Ensuite, ils ont baissé de 4,4 % en 2016. En 2017, ces salaires réels algériens ont continué de baisser de 4,3 %. Et la baisse des salaires algériens s’est prolongée jusqu’à 2,6 % en 2018. Cette baisse des salaires réels algériens était donc bel et bien régulière et constante depuis 2015.

Il faut savoir que le rapport de l’OIT analyse l’évolution des salaires réels. Il faut différencier le salaire réel du salaire nominal. Ce dernier est mesuré en prix courants, c’est le salaire tel qu’il est indiqué sur le contrat de travail, la fiche de paye, etc. Le salaire réel indique le pouvoir d’achat du salaire nominal, à prix constants donc. Si la hausse des prix est identique à l’augmentation du salaire nominal, le pouvoir d’achat stagne, il n’augmentera que si la hausse du salaire nominal est supérieure à celle des prix. On peut calculer le salaire réel soit en monnaie constante, soit en indices en volume (quand on a plusieurs années) : Salaire réel = (salaire nominal / indice des prix) x 100.

La baisse des salaires réels en Algérie indique ainsi que les salariés algériens ont perdu beaucoup de leur pouvoir d’achat face aux hausses des prix sur les marchés nationaux. Le pouvoir d’achat chute car la valeur du salaire réel chute face à la cherté de la vie. C’est ce qui explique l’avènement de nouvelles formes de précarité collective en Algérie à cause de la baisse continue des salaires réels. Une baisse qui s’est, certainement, accentuée depuis 2019, année pendant laquelle la crise politique a ébranlé le pays, et 2020, année pendant laquelle la pandémie de la COVID-19 a secoué tous les équilibres économiques et financiers du pays.

Il est à noter enfin que l’Algérie fait partie des pays africains où les salaires ont connu les baisses les plus inquiétantes. En effet, seule l’Egypte a fait pire que l’Algérie puisque les salaires réels égyptiens ont reculé de 10 jusqu’à 13 % entre 2017 et 2018. Le Nigeria, le plus important producteur de pétrole en Afrique, a connu lui aussi des baisses conséquences des salaires réels de ses travailleurs. Ces baisses ont été évaluées par le rapport de l’OIT entre 13 et 17 % entre 2015 et 2017. C’est dire que les pays dépendants des hydrocarbures comme l’Algérie et le Nigeria ont été ébranlés par les effets de la crise financière bien avant le début de la pandémie de la COVID-19.