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vendredi, mars 29, 2024

L’Agence nationale des produits pharmaceutiques (ANPP), l’autre maillon du favoritisme et de l’opacité qui entoure le secteur de la Santé en Algérie

Presque tous les Algériens ne connaissent pas l’Agence nationale des produits pharmaceutiques (ANPP). Et pourtant, il s’agit d’une institution qui devrait assumer une mission très sensible : enregistrer, homologuer et contrôler des produits pharmaceutiques et des dispositifs médicaux qui doivent être commercialisés sur le marché algérien ou utilisés par les médecins algériens. Malheureusement, cette institution est entre de mauvaises, très mauvaises, mains. Et le favoritisme, les pratiques les plus opaques de la mauvaise gestion et les soupçons de corruption entoure cette institution très sombre. 

Cette institution est dirigée par Ouatfa Benyaed Cherif, une dame qui impose à l’ANPP des pratiques très occultes favorisant certains laboratoires au détriment de leurs concurrents, a-t-on appris au cours de nos investigations. Sous l’égide de madame Ouatfa Benyaed Cherif, l’ANPP ne fonctionne sans aucun règlement clair, précis et concis. Les opérateurs pharmaceutiques algériens ne connaissent ni les règles de fonctionnement de l’ANPP, ni les procédures réelles des traitements de ses dossiers. Des dysfonctionnements qui favorisent les pratiques les plus illicites et immorales. Et pour cause, l’ANPP n’a aucun système informatisé ! Ce qui efface toute traçabilité et supprime toutes transparences dans les procédures d’enregistrement des médicaments.

Dans cette situation, la directrice de l’ANPP, Ouatfa Benyaed Cherif, profite de ces anomalies pour « choyer » certains laboratoires privés ou étrangers à qui elle va délivrer deux autorisations exceptionnelles pour leur permettre d’introduire leurs médicaments importés sur le marché algérien. C’est le cas, par exemple, Hikma Pharmaceuticals, une entreprise pharmaceutique d’origine jordanienne spécialisée dans les génériques, qui bénéficie depuis des années d’un traitement de faveur intrigant de la part de madame Ouatfa Benyaed Cherif alors que d’autres laboratoires notamment les privés algériens subissent tous les affres de la bureaucratie de l’ANPP durant de longs mois.

Certaines opérateurs pharmaceutiques algériens attendent les autorisations à l’exercice de leur activité pendant plus d’une année ! C’est ce qui explique les pénuries fréquentes et la cherté de certains médicaments en Algérie. Les fabricants algériens sont particulièrement pénalisés par les comportements de madame Ouatfa Benyaed Cherif qui traite leurs dossiers avec une lenteur déconcertante alors que les laboratoires étrangers, leurs dossiers sont traités avec une célérité impressionnante.

Malgré plusieurs complaintes, protestations et critiques, le ministère de la Santé n’a jamais pu rappeler à l’ordre la patronne de l’ANPP. Et pour cause, madame Ouatfa Benyaed Cherif est protégée par des lobbys puissants qui font et défont les ministres de la Santé. Aujourd’hui, deux importants lobbys protègent les « arrières » de la première responsable de l’ANPP. Il s’agit de l’actuel chef de cabinet du ministère de la Santé, Omar Bouredjouane, le véritable cerveau de ce ministère qui dirige comme bon lui semble le ministre de la Santé, et le clan de la richissime famille du général Abderrahim, propriétaire d’une entreprise détenant le monopole sur un segment entier du secteur de la santé comme il avait été révélé et expliqué par les investigations d’Algérie Part. 

Aucun ministre ou haut responsable n’a pu donc jusqu’à maintenant remettre en cause le travail médiocre et suspect de la directrice générale de l’ANPP. C’est ce qui explique toutes les défaillances dont souffre le marché du médicament en Algérie. Il est à souligner enfin que  l’ANPP a été créée officiellement en 2008. Mais, malheureusement, elle n’est devenue fonctionnelle qu’en 2017.  Il a fallu attendre le 2 juillet 2018 pour que le ministère de la Santé propose un projet de décret exécutif fixant les missions, l’organisation et le fonctionnement de l’Agence nationale des produits pharmaceutiques.

Aujourd’hui, en 2020, l’ANPP se contente seulement de traiter les dossiers d’enregistrement de médicaments, dont la direction de la pharmacie était auparavant en charge. Quant au contrôle du marché des produits pharmaceutiques en matière de régulation, de suivi, de publicité, de l’exportation et de la distribution, c’est une mission qui dépasse totalement les moyens et l’organisation actuelle de l’ANPP. Algérie Part poursuit ses investigations et reviendra sur ce dossier avec de nouvelles révélations.

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