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jeudi, mars 28, 2024

La nappe de l’Albien, le trésor caché de l’Algérie et son atout stratégique pour l’avenir

Les dirigeants algériens parlent tout le temps du pétrole, du gaz, mais oublient que notre pays possède un véritable trésor naturel qui fera demain l’une de ses plus grandes richesses naturelles. Il s’agit de la nappe de l’Alibien. De nombreux géologues considèrent la nappe de l’Albien  comme la plus grande réserve d’eau douce au monde. Elle est à cheval sur trois pays, l’Algérie, la Libye et la Tunisie.  Mais 70 % de la nappe se trouve en territoire algérien au sud-est du pays. 

De quoi il s’agit vraiment ?  Selon une étude publiée dans Geophysical Research Letters et menée par des chercheurs de l’‘Institut de recherche pour le développement de France (IRD), il y a moins de 15 000 ans, le Sahara était une savane tropicale herbeuse qui s’est progressivement asséchée, laissant place au plus grand désert de notre planète : une région souvent hostile, écrasée par le Soleil. Mais sous le sable et les rochers se cache une nappe d’eau gigantesque qui parvient en partie à se renouveler, malgré une pression humaine de plus en plus forte.

Les spécialistes parlent dans leur jargon « de système aquifère[1] du Sahara septentrional » qui s’étend sur une surface de presque deux fois la France métropolitaine et recèle, à plusieurs centaines voire milliers de mètres de profondeur, plus de 30 000 km3 d’eau, accumulée au cours des périodes humides qui se sont succédé depuis 1 million d’années.

Ce réservoir d’eau souterraine est considéré réellement comme parmi les plus grands du monde. En 2006, des études commandées par le gouvernement algérien ont démontré quees réserves en eau potable du Sahara sont estimées à 40.000 milliards de m3.

En Algérie, il existe dans le Sahara deux sortes de gisements d’eau: un «albien terminal» et un «albien intercalaire». L’albien terminal qui se trouve entièrement dans les régions de Tidikelt, El-Menéa, Adrar et Ghardaïa, contient des eaux pures qui se trouvent à de petites profondeurs de la surface. L’exploitation de l’eau de ce gisement n’est pas onéreuse et peut même être destinée à l’approvisionnement des villes du Nord, particulièrement Alger, située à 500 kilomètres de ce gisement. Le deuxième gisement «albien intercalaire» s’étend sur une superficie de 7.000 km² et englobe outre l’Algérie, la Tunisie et la Libye. Il contient des eaux profondes et chaudes qui sont actuellement exploitées depuis 1991 par la Libye. En 1984, ce pays avait lancé un ambitieux projet pour la réalisation d’un grand fleuve artificiel pour acheminer l’eau de ce gisement vers les régions du Nord.

Auparavant, on croyait que ces réserves d’eau ne sont pas renouvelables. Mais les chercheurs viennent de montrer qu’en réalité, les nappes du système aquifère du Sahara septentrional, de leur nom exact, sont aujourd’hui encore alimentées. En effet, l’équipe de recherche a mis en évidence cet apport grâce à une nouvelle méthode de mesure par satellite. Les scientifiques ont analysé les données fournies par la mission satellitaires GRACE (Gravity Recovery and Climate Experiment) de la NASA et du centre aérospatial allemand. Mis en orbite depuis 2002, GRACE mesure les variations du champ de pesanteur terrestre, ce qui permet de déduire les variations de masse d’eau contenue dans les enveloppes superficielles. Ces données ont permis aux chercheurs d’estimer l’évolution du volume d’eau stockée et d’en déduire la recharge des aquifères, une fois pris en compte les prélèvements effectués dans les nappes. Cette approche globale permet, entre autres, de s’affranchir des incertitudes des modèles hydrogéologiques, qui s’appuient sur des mesures locales du niveau piézométrique, c’est-à-dire du niveau d’eau relevé dans les puits et les forages.

leur recharge existe et a pu être quantifiée : les eaux de pluies et de ruissellement apportent en moyenne au système 1,4 km3 par an, soit environ 2 mm par an sur la surface d’alimentation des nappes. Sur la période de 2003 à 2010, la recharge annuelle a même atteint 4,4 km3 certaines années, soit 6,5 mm par an.

Mais cette richesse stratégique, l’Algérie n’a jamais su quoi en faire exactement. En avril 2005, l’Algérie, la Tunisie et la Libye avaient décidé de mettre en place un mécanisme de gestion concertée de leurs ressources en eaux profondes dans le cadre d’un projet de l’Observatoire du Sahel et du Sahara (OSS), organisme international oeuvrant dans le cadre de la lutte contre la désertification et la pauvreté en Afrique.

Cette nappe de l’Albien peut assurer à l’Algérie une survie dans le futur.Selon l’ONU, la demande en eau augmentera de 50% d’ici 2030, notamment en raison des besoins de l’industrie, de l’énergie et de l’accroissement de la population. De 7,4 milliards aujourd’hui, la planète accueillera 8,5 milliards d’êtres humains en 2030 et entre 9 et 10 milliards en 2050, soit une augmentation de plus de 80 millions de personnes chaque année. Et forcément, plus il y a de monde, plus il y a de besoins. Or, à cette date, les deux tiers de l’humanité vivront dans des villes, majoritairement dans les pays en développement, tels que la Chine, l’Inde ou le Nigeria. Des zones qui sont déjà, à l’heure actuelle, en déficit hydrique.

Outre l’accès à l’eau potable ou aux toilettes, les besoins accrus d’eau seront également la conséquence de demandes indirectes, comme celles liées aux produits agricoles. La production de biocarburant, également en hausse ces dernières années, pèse aussi sur la demande en eau. On estime en effet que 1.000 à 4.000 litres d’eau sont nécessaires pour produire un seul litre de biocarburant. Par ailleurs, les besoins en énergie se développent eux aussi à un rythme accéléré. Selon l’Agence Internationale de l’Énergie, la demande mondiale pourrait augmenter de 59% entre 2012 et 2030.

Si, en soit, il y aura en 2030 encore assez d’eau sur Terre pour satisfaire les besoins domestiques de l’humanité, le vrai problème est sa répartition sur la planète. Certains experts n’hésitent plus à pronostiquer qu’au 21ème siècle, l’ »or bleu » sera l’une des principales sources de conflits entre États. L’Algérie est prévenue…

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