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mercredi, septembre 27, 2023

La mauvaise qualité des institutions publiques explique le sous-développement de l’Algérie

L’Algérie peine à se développer économiquement et socialement à cause de la mauvaise qualité de ses institutions étatiques et publiques. C’est ce qui ressort de plusieurs études économiques réalisées ces dernières années par des organismes internationaux comme la Banque Afrique de Développement (BAD) ou le Forum Economique Mondial. 

Ces études suggèrent fortement une amélioration de la gouvernance des institutions publiques et étatiques en Algérie car elles sont  vitales pour le développement et la
croissance économiques.

Les analyses empiriques récentes retiennent généralement trois mesures assez générales des institutions : qualité de la gestion des affaires publiques (corruption, droits politiques,
efficience du secteur public et poids de la réglementation); existence de lois protégeant la propriété privée et application de ces lois; et limites imposées aux dirigeants politiques. Les
mesures elles-mêmes ne sont pas objectives : elles sont plutôt des appréciations et des évaluations subjectives d’experts nationaux ou des évaluations de la population lors d’enquêtes réalisées par des organisations internationales et des organisations non gouvernementales.

La première de ces mesures, l’indice global de gouvernance, est la moyenne des six mesures des institutions, à savoir 1) participation des citoyens et responsabilisation — possibilité pour les citoyens de choisir leurs dirigeants, de jouir de droits politiques et civils et d’avoir une presse indépendante; 2) stabilité politique et absence de violence —probabilité qu’un État ne soit pas renversé par des moyens inconstitutionnels ou violents; 3) efficacité des pouvoirs publics — qualité de la prestation des services publics et compétence et indépendance politique de la fonction publique; 4) poids de la réglementation — absence relative de réglementation par l’État des marchés de produits, du système bancaire et du commerce extérieur; 5) état de droit — protection des personnes et des biens contre la violence et le vol, indépendance et efficacité de la magistrature et respect des contrats; 6) absence de corruption — pas d’abus de pouvoir au profit d’intérêts privés.

La deuxième mesure concerne les droits de propriété. Elle rend compte de la protection dont bénéficie la propriété privée. La troisième mesure — le contrôle du pouvoir exécutif —
fait état des limites institutionnelles et autres qui sont imposées aux présidents et aux autres dirigeants politiques. Dans une société où le pouvoir des élites et des politiciens est limité de manière appropriée, le contrôle de l’État est moins l’objet d’affrontements entre les divers groupes, et l’action des pouvoirs publics est plus viable.

Les institutions financières et économiques internationales estiment que les institutions
ont un effet marqué sur l’instabilité de la croissance : plus la qualité des institutions est élevée, moins la croissance est instable.

Malheureusement, si on applique cette grille d’analyse sur l’Algérie, il en ressort que la qualité des institutions est tellement faible que la croissance économique tourne au ralenti. En effet, dans son rapport annuel sur la compétitivité économique, l’Algérie obtient le score de 46 sur 100 concernant la qualité de ses institutions. Une notre très faible et ridicule qui témoignent de l’état de décrépitude des institutions officielles de l’Etat algérien.

Dans la région de l’Afrique du Nord, seule la Mauritanie fait pire que l’Algérie avec un score de 36 points sur 100. Tous les autres pays de la région, à savoir le Maroc, la Tunisie et l’Egypte font nettement mieux que l’Algérie et disposent d’une meilleure note concernant la qualité de leurs institutions étatiques. Avec tous les problèmes politiques qui provoquent une instabilité générale en Algérie depuis le début de l’année 2019, ce problème des institutions publiques ne risque pas d’être résolu dans un futur proche. C’est ce qui va aggraver le sous-développement du pays.

Et pour cause, se fondant sur le PIB par habitant comme mesure du développement économique, de nombreux économistes ont constaté en général que les écarts internationaux entre les pays développés et sous-développés, riches et pauvres, sont étroitement liés à des différences dans la qualité des institutions.

Une étude récente du FMI a démontré que les institutions ont un effet statistiquement significatif sur les résultats économiques : elles accroissent substantiellement le PIB par habitant, et ce, peu importe que la qualité des institutions soit mesurée à l’aide d’indicateurs globaux (tels qu’un indicateur agrégé des perceptions de la
gestion du secteur public) ou plus spécifiques (tels que le degré de protection des droits de propriété ou d’application de l’état de droit).  L’Algérie ne pourra donc se remettre sur les rails du développement si elle ne réforme pas profondément ses institutions étatiques et publiques.

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