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mercredi, avril 24, 2024

La fuite en avant de Lotfi Benbahmed, le Bouchouareb du secteur pharmaceutique en Algérie

Face aux révélations documentées et détaillées d’Algérie Part au sujet des fumisteries ayant entouré les fameux tests de dépistage du COVID-19 made in Algérie, Lotfi Benbahmed, le Ministre délégué à l’industrie pharmaceutique, s’est comporté de façon irresponsable. Au lieu de reconnaître ses torts et de présenter des excuses, ce ministre a encore menti aux algériens et à son propre gouvernement. 

Et pour cause, dans une déclaration faite à un média algérien le 21 juin dernier, ce ministre a qualifié nos révélations, bien sûr sans citer notre média, « d’informations fallacieuses » qui circulent sur Internet.  Lotfi Benbahmed a fait savoir les tests fabriqués par la société privée Vital Care, propriété des frères Abbas Turki, avaient été homologués « la semaine dernière » mais qu’il manquait encore documents pour permettre leur commercialisation ! Un argument totalement absurde.

Pourquoi ? Parce que la direction de la société VITAL Care a, elle-même, reconnu qu’elle n’a obtenu encore aucune homologation de la part de l’Agence Nationale des Produits Pharmaceutiques (ANPP).  Dans un communiqué diffusé par l’APS, la direction de Vital Care explique que « la décision d’homologation de notre produit est en cours d’étude par l’Agence Nationale des Produits Pharmaceutiques, Il est entendu, qu’à sa discrétion, l’ANPP dispose du choix des centres de références pour validation de ces test », souligne le communiqué.

Cela signifie donc que Lotfi Benbahmed a totalement menti aux Algériens et aux autorités publiques. Comment une société privée dont les tests de dépistage, un outil incontournable pour la lutte contre le COVID-19, n’ont pas été homologués par un laboratoire de contrôle spécialisé et agréé par l’Etat algérien, a pu bénéficier de toutes les autorisations et facilités accordées par le ministère délégué chargé du développement de l’Industrie pharmaceutique ? A cette question, Lotfi Benbahmed n’apporte aucune réponse concrète ou sérieuse.

L’entreprise privée Vitral Care a même reconnu dans son communiqué qu' »en date du 15 juin 2020, une analyse sur site des trois lots de validation a été effectuée en présence d’experts de l’Agence National des Produits Pharmaceutiques. Un rapport d’évaluation a été établi à cet effet et les trois lots ont été déclarés conformes ». Une simple analyse a été donc effectuée sur site, mais aucune autorisation ou homologation n’a été accordée par l’ANPP pour pouvoir mettre en marche la production en Algérie d’un produit pharmaceutique ou de sa commercialisation sur le marché national.

Et pourtant, malgré l’absence de cette homologation, « Vital Care a procédé au lancement de la fabrication des trois lots de validation en date du 11 mai 2020 et le dossier pour l’homologation de ces tests a été déposé le 08 juin 2020 à l’ANPP conformément à la législation et à la réglementation en vigueur ». Comment se fait-il que VITAL CARE se lance dans la production sans attendre la décision d’homologation ? La réponse est dans le communiqué de l’entreprise privée basée dans la zone industrielle de Baba Ali, située à 30 Km de la capitale Alger :  « Cela fait suite à l’obtention du laboratoire d’une extension de son autorisation d’exploitation conformément à la réglementation en vigueur en date du 28 avril 2020 ». Qui a délivré cette extension de l’autorisation d’exploitation à VITAL CARE ? Notre cher ministre Lotfi Benbahmed…

La boucle est bouclée. Et les acteurs de ce dossier totalement scandaleux reconnaissent eux-mêmes qu’ils ont voulu produire un produit médical, pharmaceutique sans disposer de la moindre homologation et sans attendre le quitus des autorités sanitaires. Seul monsieur Lotfi Benbahmed a autorisé ses amis de VITAL CARE, ses anciens clients et associés dans le business comme il a été prouvé et indiqué dans l’enquête d’Algérie Part, à produire ce test de dépistage du COVID-19 qui obéit, pourtant, à une réglementation scientifique très stricte ailleurs dans le monde.

Ainsi, au lieu de nous accuser de diffuser des « informations fallacieuses », Lotfi Benhamed devrait apprendre à faire la différence entre des tests de conformité d’un médicament et son homologation par une autorité légale, compétente et souveraine en la matière. Le ministre délégué chargé de l’industrie pharmaceutique devrait surtout s’expliquer sur ses liens sulfureux et mercantiles avec les acteurs de l’industrie pharmaceutique privée. Algérie Part poursuit ses investigations et publiera de nouvelles révélations à ce sujet.

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