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jeudi, mars 28, 2024

La France cherche désespérément à expulser près de 15 mille migrants clandestins algériens

Près de 15 mille migrants clandestins, à savoir des harragas en situation irrégulière, font l’objet d’une procédure d’expulsion et d’éloignement du territoire français, a pu confirmer Algérie Part au cours de ses investigations. C’est le dernier chiffre qui a été établi par les autorités françaises depuis le début de cette année 2022. 

Depuis 2018, l’Algérie figure à la tête des dix premières nationalités concernées par les obligations de quitter le territoire français (OQTF). En 2018, pas moins de 13 048 migrants clandestins algériens ont été destinataires d’une OQTF. Les autres dix premières nationalités concernées par cette procédure d’expulsion du territoire français sont les nationalités algérienne irakienne (10 535), marocaine (8 246), tunisienne
(7 512), érythréenne (4 829), albanaise (4 356), afghane (4 181), malienne (3 874), roumaine (3 677) et guinéenne (3 577).

Sur les 13048 harragas algériens jugés « expulsables » par les autorités françaises, seulement 1525 migrants ont pu être réellement éloignés de manière forcée, à savoir expulsé concrètement vers l’Algérie. Selon nos investigations, depuis 2021, le nombre des migrants irréguliers algériens interpellés et soumis à une OQTF a dépassé les 14 mille personnes et flirte, désormais, avec les 15 mille individus en situation irrégulière et classés comme « indésirables » sur le sol français. Or, l’expulsion des migrants algériens par la France est devenue très complexe depuis 2020 à cause, certes, de la pandémie de la COVID-19 mais aussi, et surtout, en raison des tensions politiques ayant opposé Alger à Paris en 2021 et 2022 qui ont amené les autorités algériennes à geler entièrement la coopération bilatérale avec la France au sujet de la délivrance des laissez-passer consulaires (LPC) qui permettent le retour des migrants algériens vers leur pays d’origine.

Les chiffres recueillis par nos soins à ce sujet sont éloquents. En 2019, les LPC accordés par l’Algérie avaient permis 1 652 éloignements forcés orchestrés par les autorités françaises. Mais dès l’année suivante, à savoir 2020, les autorités algériennes ont mis un coup de frein, se contentant d’en accorder 389 en 2020, 34 en 2021 et 5 sur les deux premiers mois de 2022. Dans le même temps, les Algériens sont restés la nationalité la plus concernée par les OQTF comme il a été clairement expliqué dans un rapport parlementaire français datant de 2019 et chapeauté par le député français Joël Giraud.

Il faut savoir qu’en France, avant de pouvoir renvoyer une personne quelque part, il faut avoir un Etat qui la reconnaît comme ressortissant, et un document qui l’autorise à retourner dans son pays. Il s’agit des fameux LPC. Or, concernant les migrants clandestins algériens, l’un des principaux freins à leur éloignement du territoire français tient à la difficulté d’obtenir ces laissez-passer consulaires (LPC) de la part des autorités algériennes qui instrumentalisent clairement la question migratoire dans leur bras-de-fer avec les autorités françaises.

A cause de ces blocages dressés depuis 2020 par l’Algérie, le ratio entre les OQTF exécutées et celles prononcées s’établissait en France alors à 13,5 %, selon les données de la Direction centrale de la police aux frontières. Depuis, ce taux s’est dégradé, malgré l’engagement d’Emmanuel Macron en 2019. Il est passé de 12,4 % en 2018, à 12 % en 2019, puis 6,9 % en 2020, et enfin 5,6 % pour le premier semestre 2021 (dernière donnée dont on dispose), nous apprend enfin à ce sujet un éclairage publié sur le site internet du quotidien français Libération. C’est ce qui explique pourquoi il demeure très difficile pour la France de se « débarrasser » des migrants clandestins algériens. Et ces derniers profitent de cette situation rocambolesque pour se maintenir sur le territoire français.

 

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