Devant les exigences du football moderne, chaque nation se doit de disposer de son propre dispositif de formation pour continuer de subsister sportivement et économiquement, ainsi, l’Algérie en retard dans le domaine, doit avoir le courage de faire ce pas immense pour le développement du football Algérien, et son passage à la modernité.
Par Badis Diab
Philippe Bloch a écrit : « Investir dans la Formation c’est conjuguer au présent mais aussi au futur le souci des hommes et le souci des résultats ».
Kherredine Zetchi le sait, lui le président du Paradou Athletic Club et instigateur du mouvement de Jean-Marc Guillou en Algérie, la formation des jeunes est la condition sine qua non du passage à la modernité, et du développement du football et de son industrie à l’échelle nationale.
Aucune grande nation du football ne s’est construite sans sa formation, que ce soit la France, l’Espagne, l’Angleterre, l’Italie, le Brésil ou l’Argentine, en effet, le passage à la modernité nécessite la capacité de pouvoir former, de pouvoir vendre et ainsi de pouvoir attirer des capitaux étrangers.
Depuis une décennie, l’équipe nationale Algérienne dispose en grande majorité de joueurs issus des centres de formations Français, à l’image de l’état Algérien et son économie de rente pétrolière, la fédération par l’intermédiaire de son ancien président, Mohamed Raouraoua, à mis en place une stratégie de rente, ne subsistant alors que grâce à la formation Française.
Ainsi, Mahrez, Goulham, Feghouli, Mandi ou encore Mbolhi sont autant de joueurs majeurs pour le football Algérien, que l’Algérie n’a jamais formé elle-même, et qui sans la France, n’aurait jamais connu, comme si développé une équipe nationale sans en développer le championnat local était possible, en effet, cela ne s’est jamais fait.
Le développement du championnat local est une condition à l’évolution réel de l’équipe nationale, que ce soit sur le plan de vue sportif que sur l’engouement populaire qu’elle peut susciter.
La France, premier pays formateur de joueurs en Europe est logiquement devenu le premier pays exportateur de joueurs en Europe, de ce fait, c’est une économie qui s’est construite sur ce mécanisme et qui à permis au football Français de pouvoir se développer considérablement ces 30 dernières années.
Ce mouvement de formation a permis une augmentation importante du nombre de licenciés, une évolution du mouvement liés aux sponsors, une présence encore plus forte et plus diversifiée de spectateurs dans les stades, des droits TV encore plus importants, une médiatisation autour du championnat Français encore plus dense, à l’échelle internationale.
C’est ainsi que la France à réussie une sorte de transition écologique de son football vers la modernité, en réussissant à s’imposer comme l’un des meilleurs championnats en Europe, et dans le monde.
Si le football Français est un modèle, il n’est pas une exception, nombreux sont les pays qui ont pris le même chemin : le Portugal, les Pays-Bas, la Turquie, etc..
La fin de l’ère Raouraoua doit être celle de la transition vers un système nationale de formation, la manne financière importante dont dispose la fédération Algérienne doit être investi en faveur de la formation, des écoles de football doivent voir le jour partout en Algérie, dans toutes les wilayas, je ne crois pas que l’Algérie manque de compétences, je crois qu’elle manque de stratégie de développement, tout simplement.
Elle doit pouvoir regarder plus loin, au delà des échéances qui arrivent, elle doit se projeter sur plusieurs décennies, imaginer l’évolution de son football sur le temps.
Ainsi, l’identité du nouvel entraineur national n’a aucune importance, tout comme l’identité des futures binationaux qui représenteront l’Algérie à l’avenir, tout cela n’est que de la poudre aux yeux balancer aux grand public pour faire croire que nous sommes ancrés dans la modernité, une manière habille de montrer à l’opinion publique que le football Algérien évolue, alors même qu’il est profondément en retard sur tous les plans liés au développement.
La stratégie Raouraoua était une stratégie de tapage médiatique, d’évènements spectaculaires, de signatures successive de joueurs issus des meilleurs centres de formation Français, comme si tout cela n’était en réalité qu’un leurre, destiné à divertir le public Algérien, pour un court temps.
Comme si finalement, la qualification pour un huitième de finale de coupe du monde pouvait résumer à lui seul l’état de ce sport au pays, comme si ces quelques prestations pouvaient à elles seules, cacher la réalité du football en Algérie.
Pour se développer, le football Algérien doit s’émanciper totalement du football Français, il doit construire sa propre identité, son propre caractère, c’est à Alger que doit se décider l’avenir du football Algérien, non pas à Paris, ni à Clairefontaine.
La France ne doit plus représenter pour l’Algérie un laboratoire de formation, cette stratégie n’a aucune logique, elle permet certes, à l’équipe nationale de disposer pour un temps de joueurs qualifiés au plus haut niveau, mais elle ne permet pas une cohésion nationale nécéssaire entre la nation et ses joueurs, tout comme elle ne permet pas au championnat local de se développer.
L’évolution du football Algérien, c’est avant tout l’évolution d’une économie, de nouvelles compétences, de nouveaux emplois, d’un nouvel engouement populaire, mais aussi d’une confiance entre les élites et la nation.
Au moment où un vrai système de formation verra le jour, la fédération devra parallèlement permettre aux femmes ainsi qu’aux familles en général de pouvoir accéder au stades dans tout le pays, la modernité passe par la mixité des spectateurs présent dans les stades et autour des stades, je vous invite à regarder un match du championnat Turc pour observer l’extraordinaire engouement populaire qu’il suscite, et s’apercevoir à quel point le football à pu intégrer toutes les couches sociales de la société.
L’avenir s’écrit avec la jeunesse, ceci est une règle universelle, la fédération actuelle doit faire confiance à sa jeunesse, investir pour elle, c’est à l’intérieur de ses frontières qu’elle y trouvera ses ressources, ses talents et son évolution, non pas à l’extérieur.
L’Algérie ne doit pas devenir un mini-Qatar limité par les moyens, elle doit devenir l’Espagne ou le Portugal, former en masse ses jeunes, devenir un marché immense de formation, et devenir avec le temps, le premier pays formateurs et exportateur de joueurs en Afrique.
Parce que la formation permettra de meilleurs résultats, aussi bien pour l’équipe nationale que pour les clubs locaux sur la scène continentale, parce qu’elle permettra à des milliers de jeunes Algériens de pouvoir évoluer dans ce sport si populaire à travers le monde, parce qu’elle permettra enfin à sa jeunesse de faire de ce rêve de devenir footballeur, une réalité concrète et réalisable.
Ainsi, de la formation à la modernité, il n’y qu’un pas, un pas que Kherredine Zetchi, nouveau maître du football Algérien, doit franchir avec courage, pour la jeunesse, pour l’Algérie.