L’Algérie est en train de reculer de façon inquiétante sur le plan économique et industriel. Et ce recul se creuse depuis les années 90. L’aisance financière gagnée par l’Algérie au début des années 2000 ne lui a pas pas permis de maîtriser des technologies, acquérir des savoirs-faire ou d’améliorer sa compétitivité économique. Et pour comprendre cette réalité amère, un indice s’impose : l’indicateur de la complexité économique.
D’abord, de quoi s’agit-il ? Il s’agit d’un indice qui étudie la diversité économique et l’ubiquité économique d’un pays. En clair, la diversité économique désigne le nombre de produits produits par une nation. Au contraire, l’ubiquité économique détermine quels autres pays produisent les biens et services produits par une autre nation. De façon plus simple, la complexité économique représente ainsi le niveau de savoir et du progrès technologique d’un pays de la phase de fabrication à celle de l’exportation. Un pays
qui a un avantage en termes d’innovation et d’exportation des produits de haute technologie occupe le haut de classement de l’indice de complexité économique. Cependant, le pays qui dépend de l’exportation des produits agricoles qui se base généralement sur une production à forte intensité en main d’œuvre se classe dans un faible niveau de la valeur de l’indice.
Cet indice est réalisé et confectionné chaque année par l’Atlas de la complexité économique est un outil qui permet aux gens d’explorer les flux commerciaux mondiaux à travers les marchés, également dans le temps, et les opportunités de croissance. L’Atlas de la complexité économique (Atlas of Economic Complexity) place les capacités industrielles et le savoir-faire d’un pays au cœur de son analyse. Développé au Growth Lab de Harvard, au sein du Center for International Development de la Harvard Kennedy School, l’Atlas combine des données commerciales avec des aperçus synthétisés de la recherche du Growth Lab d’une manière accessible et interactive. Aujourd’hui, l’Atlas est utilisé dans le monde entier par les décideurs, les investisseurs, les entrepreneurs, les universitaires et le grand public comme une ressource importante pour comprendre la structure économique d’un pays.
Que nous apprend sur l’Algérie cet Atlas ? L’Algérie est classée malheureusement parmi les pays les moins diversifiés économiquement dans le monde. Depuis 2018, l’Algérie arrive au 122e rang sur 133 pays dans le monde. Cela signifie que l’Algérie fait partie des 10 pays qui l’indice de complexité économique le plus faible sur la planète !
L’Algérie arrive en dernière place dans la région de l’Afrique du Nord. En effet, la Tunisie affichele plus haut niveau de complexité économique, se classant au 44e rang mondial, et l’Algérie ferme la marche, se classant au 122e rang mondial. Pourquoi un tel constat amer ?
Parce qu’en Algérie, il n’y a pas suffisamment de création d’emplois dans l’industrie manufacturière haut de gamme, dans certains segments du secteur des services et dans les chaînes de valeur du secteur agricole. L’Algérie a échoué à intégrer progressivement les chaînes de valeur mondiales dans la production de pièces automobiles, de machines, de produits chimiques, de plastiques, d’électronique et d’appareils alors que l’industrie manufacturière et, par association, les transports, la logistique et les communications ont été une source importante d’emplois en Égypte et en Tunisie.
En langage simple, l’Algérie n’est pas un pays qui s’est industrialisé à un rythme suffisant et raisonnable ratant ainsi l’opportunité de développer sa maîtrise des diverses nouvelles technologies qui peuvent apporter de la croissance économique.
Le plus est étonnant est que l’Algérie avait une économie nettement plus diversifiée et sophistiquée durant les années en pleine guerre civile de la décennie noire ! En effet, l’indice de la complexité économique de l’Atlas of Economic Complexity nous apprend que l’Algérie était classée au 100e rang mondial en termes d’indice de complexité économique en 1995. L’Algérie a perdu ainsi pas moins de 22 places entre 1995 et 2018. Une régression totalement alarmante qu’elle avait tous les moyens financiers et atouts stratégiques pour progresser économiquement et entamer un véritable processus de développement industriel ou technologique. L’Algérie a reculé terriblement alors qu’elle avait des réserves en plusieurs milliards de dollars entre ses mains pour financer son développement. Et aujourd’hui, en proie à l’instabilité politique et aux difficultés économiques, l’Algérie est plus que jamais menacée par une régression qui peut mettre en péril sa survie.