Au delà de l’effondrement des prix du baril du pétrole provoqué par la pandémie du coronavirus COVID-19, l’Algérie doit faire face à une autre crise, celle liée à la chute des prix du gaz naturel et des revenus en devises qu’il procurait au pays. Et, malheureusement, les autorités algériennes ont manqué cruellement d’imagination pour anticiper cette crise afin de lui trouver dés maintenant des palliatifs.
Et pourtant, les dirigeants algériens savent très bien que les prix du gaz et du pétrole sont étroitement liés. Le baril du Brent est d’ailleurs considéré comme un driver du prix du gaz. La baisse du prix du pétrole affecte l’ensemble des produits énergétiques, notamment les prix du gaz, par l’intermédiaire des prix de gros : les fournisseurs de gaz s’approvisionnent historiquement auprès des producteurs selon des formules indexées sur le cours du pétrole et sur l’évolution des contrats à terme.
Dés le début du confinement et le ralentissement de l’industrie mondiale, la demande de gaz naturel s’est stoppée net. Qui plus est, la consommation électrique a baissé à tel point que les centrales d’appoint au gaz ne sont aujourd’hui pas nécessaires. Par conséquent, une offre de gaz, et notamment du gaz naturel liquéfié (GNL), abondante en Europe. En effet, la Chine a refusé de recevoir les cargaisons habituelles du fait du virus. Les bateaux de transport de GNL ont ainsi été déroutés vers le vieux continent, qui compte désormais des stocks au plus haut.
Dans ce contexte, le marché européen a connu ces dernières semaines une saturation au niveau de ses capacités de stockage en matière de gaz naturel et de GNL. Or, le marché européen est le principal débouché du gaz algérien. L’Algérie pèse officiellement près de 4,5 % des exportations mondiales du gaz. Elle exporte chaque année près de 53 milliards de M3 de gaz naturel.
L’Algérie fournit 11 % du gaz européen. Elle est le troisième fournisseur de gaz d’Europe, derrière la Russie et la Norvège. La concurrence de la Russie, dont les prix du gaz sont plus attractifs, explique en partie cette baisse des ventes. Mais ce n’est pas la seule raison.
Malheureusement, l’Algérie a commencé à perdre d’importantes parts de marché en Europe bien avant la crise économique provoquée par la pandémie du Covid-19. Et pour cause, par manque de stratégie, d’anticipation et à défaut d’une bonne gouvernance, l’Algérie ne s’est pas adaptée aux nouvelles données du marché mondial du gaz avec l’entrée de nouveaux concurrents comme le Qatar, l’Australie, le Nigeria, l’Indonésie et la Malaisie.
En plus, dés janvier 2020, le marché du gaz en Europe a été totalement modifié. L’Europe est entrée en 2020 avec de grosses capacités de stockage de gaz naturel nettement beaucoup plus développées et renforcées par rapport aux années précédentes. Bien avant, la pandémie du COVID-19, l’Europe avait un surplus de gaz disponible, tant par gazoducs que sous forme liquéfiée. Sur le Vieux Continent, les stockages souterrains étaient remplis à hauteur de 74 %, un niveau exceptionnel depuis le mois de janvier 2020.
Dés le 13 janvier 2020, Wood Mackenzie, un groupe mondial de recherche et de conseil dans les domaines de l’énergie, des produits chimiques, des énergies renouvelables, a prévenu les pays producteurs de gaz dans une note publiée le 13 janvier contre les conséquences de ces nouveaux changements au niveau du marché gazier européen.
Les consultants spécialisés dans l’énergie ont anticipé des stocks résiduels de 45 milliards de mètres cubes fin mars 2020, soit 5 milliards de mètres cubes de plus que la moyenne quinquennale. L’Algérie a fait les frais de cette nouvelle situation et ses exportations du gaz vers l’Europe ont énormément baissé. Ce qui a aggravé une situation très dangereuse depuis plus de deux ans car les volumes expédiés depuis l’Algérie par gazoducs vers l’Italie et l’Espagne ont chuté de près de 40% entre 2018 et 2019, a affirmé l’étude de WoodMac. Cette étude prévoyait en janvier 2020 que les exportations de l’Algérie vers l’Europe devraient rester stables en 2020, à 21 milliards de mètres cubes avec des exportations de GNL ont crû de 20% en 2019. Il faut savoir que le GNL est acheminé par navires qu’on appelle méthaniers.
Mais ces prévisions n’avaient pas envisagé la pandémie du COVID-19. Et les autorités algériennes n’ont pas pris leurs précautions pour limiter les pertes financières d’autant plus que la consommation domestique est elle aussi en hausse régulière d’une année à une autre. Elle représente des quantités supplémentaires de gaz que Sonatrach ne peut pas exporter.
L’Algérie a commis donc une erreur car elle aurait du faire comme la Norvège, un autre grand pays gazier et deuxième fournisseur traditionnel du gaz à l’Europe. Prenant conscience de l’existence d’un surplus sur le marché européen, la Norvège a réduit sa production du gaz. En effet, la Norvège a réduit volontairement sa production, notamment sur les puits d’Equinor Troll et Oseberg en mer du Nord. D’autres acteurs, comme Total, pourraient suivre. La Norvège s’est fixée dés le début du mois de janvier 2020 l’objectif de réduire de 4 milliards de mètres cubes sa production sur les puits les plus flexibles. La Norvège a préféré anticiper en privilégiant la valeur aux volumes avec une stratégie de réduction de ses ventes pendant toute la période de prix bas.
L’Algérie, au contraire, elle s’accroche à son gaz et poursuit sa production et cherche des débouchés à ses exportations parce qu’elle n’a pas d’économie diversifiée et elle a besoin des devises des hydrocarbures pour survire. Cette dépendance entraîne un manque de lucidité chez les dirigeants algériens.
L’Algérie ne s’est pas également préparée à la concurrence du gaz de schiste américain qui a bouleversé ses dernières années le marché mondial du gaz. Les Etats-Unis sont le premier producteur mondial de gaz depuis quelques années. En 2019, la production nationale a encore augmenté de 10 %, battant un nouveau record. La demande intérieure ne suffit plus à consommer de tels volumes et le pays est devenu exportateur net, par gazoduc vers le Mexique et surtout par navire sous forme liquide. Des unités de liquéfaction géantes ont été construites au Texas et en Louisiane pour exporter du gaz naturel liquéfié (GNL) vers l’Asie et l’Europe.
Dés le début du mois de janvier 2020, les cotations sur le Henry Hub, le marché de référence américain, sont tombées sous la barre des 2 dollars par million de btu. Du jamais vu depuis trente ans. Les prix ont chuté des deux tiers en dix ans à cause du gaz de schiste américain.
Malgré toutes ces données disponibles et publiées par de nombreux organismes internationaux, l’Algérie a continué à surexploiter ses gisements de gaz et de signer des contrats à long terme s’exposant ainsi au risque de devoir vendre son gaz à des prix sans cesse en baisse. Un choix irréfléchi et suicidaire.
Oui l’Algérie n’est pas prête pour certains mais pas pour autres, puisque les voyous ont placé des comptes bien remplis en Europe et ailleurs ,ils ne s’inquiètent de rien et tant pis pour les moutons qui sont dressés a claqué les mains leur restera toujours du sable