L’écrivain algérien Kamel Daoud a adressé ce jeudi une longue lettre à Abdelmadjid Tebboune pour lui demander de libérer les détenus politiques et d’opinion à la veille de la célébration de l’anniversaire du 1er Novembre, date de déclenchement de la Glorieuse Révolution pour l’Indépendance du pays.
« Je vous demande de gracier, à l’occasion du 1er novembre, Yacine Mebarki, Khaled Drareni, Rachid Nekkaz et d’autres encore : citoyens, étudiants, militants…etc, des enfants de l’Algérie, porteurs, chacun à sa façon d’un rêve, différemment décliné. Celui qui, un jour, nous fera nous accepter les uns les autres », écrit à ce propos Kamel Daoud dans une lettre publiée dans les colonnes du quotidien Liberté et adressée au Chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune.
« Notre pays est vaste, plus vaste que nos vanités. Il ne se réduit ni à deux boulevards, ni à une capitale, ni à un Palais. Son histoire est douloureuse. Son présent nous est parfois illisible. Son futur nous inquiète et nous engage. A chacun d’entre nous cependant d’en assumer le poids et de connaitre le véritable sien propre : un enfant de l’Algérie, pas son propriétaire. Ce pays est vaste et ses enfants sont nombreux. Le malheur nous viendra, encore et encore, lorsque chacun croira en être l’enfant unique », explique Kamel Daoud dans sa lettre ouverte où il explique les tenants et aboutissants de sa démarche consistant à saisir le Président Abdelmadjid Tebboune.
« Le malheur nous vient aussi de notre méfiance : ceux qui gouvernent finissent par vivre leur responsabilité dans la méfiance envers la différence. Et ceux qui s’opposent finissent par croire que détruire, refuser, tourner le dos, c’est construire et que tout ce qui vient de l’autre est un mensonge. Nous avons les droits et les maladies des héritiers. Chacun a l’excuse de blessures et des morts dont il se revendique. Et chacun a raison », écrit encore Kamel Daoud d’après lequel « l’Algérie a besoin d’un apaisement qui puisse permettre la reconstruction ».
« Si vous ne le trouvez pas dans ce que disent et font vos adversaires, j’espère que vous en retrouvez la volonté en vous-même. Votre responsabilité est plus grande que celle de ceux qui vous disent « non » dans la facilité. L’Algérie a besoin d’éviter les oppositions stériles, calculées ou trop enthousiastes, et d’encourager celles qui construisent. L’Algérie n’a pas besoin d’en nourrir les premières, ni d’en réprimer les secondes. Notre pays a besoin d’imaginer l’avenir et pas seulement de le promettre par l’effondrement ou le verbe, le chaos ou le discours. Mais aussi de continuer son histoire au lieu de s’y enfermer », a encore suggéré Kamel Daoud qui fait preuve d’une position très modérée et sage se démarquant ainsi de la radicalité caractérisant ainsi de nombreux activistes politiques du Hirak ou des hauts responsables du régime actuel.
C’est une magnifique lettre qu’a écrit Mr Daoud et j’invite chacune et chacun à la lire car il y a tellement de bon sens, de vérité et d’humilité dans ce texte. A vrai dire même si vous n’êtes pas d’accord avec le fond de cette lettre, vous conviendrez que le niveau de cette lettre contraste avec ce que nous avons pu voir ces derniers jours et vous rendra fier d’avoir des algériens avec une si belle plume.
Jai moi meme ecrit une tres belle lettre au président Teboune il y a six ou huit moi, je l’ai envoyée a l’adresse de la présidence, autant dire qu’elle finira aux poubelles. Mais j’avais demandé a abdou semmar de la publier a deux reprise, abdou ne l’a pas publiée et ne même pas repondu. Je crois qu’il croule sous les mails et c’est passé inaperçus.