Le Président Abdelmadjid Tebboune avait promis des changements sur le plan économique visant à mettre fin à la dépendance aux hydrocarbures et à construire une nouvelle économie basée sur la création de richesses, la compétitivité et l’innovation. Le gouvernement a largement communiqué sur sa décision de booster l’activité agricole et l’exploitation des ressources minières.
Le Fonds Monétaire International, est une institution internationale regroupant 189 pays, dont le but est de « promouvoir la coopération monétaire internationale, garantir la stabilité financière, faciliter les échanges internationaux, contribuer à un niveau élevé d’emploi, à la stabilité économique et faire reculer la pauvreté.»
Le Programme d’évaluation du secteur financier (PESF) du Fonds Monétaire International (FMI), est une évaluation complète et approfondie du secteur financier d’un pays. Les PESF, obligatoires pour certaines juridictions ayant des secteurs financiers défaillants, apportent une contribution aux consultations et renforcent la surveillance du Fonds. Les principales conclusions d’un PASF sont résumées dans une évaluation de la stabilité du système financier (FSSA).
Dans un communiqué publié le 15 Octobre 2020 par le département de communication du FMI, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a déclaré avoir conclu, le vendredi 31 juillet 2020, sans réunion, l’évaluation de la stabilité du système financier (FSSA) avec l’Algérie.
Le Conseil exécutif a pris cette décision, ayant conclu que l’évaluation pouvait être examinée sans convoquer de discussions formelles, se basant sur les discussions menées avec les autorités algériennes en septembre 2019, se fondant sur les informations disponibles à cette période, et souligne que bon nombre de ses conclusions et recommandations de l’évaluation de la stabilité du système financier «restent pertinentes»
Le rapport du FMI sur la situation algérienne tient compte des effets du COVID-19 et inclut un scénario plus défavorable, partant du principe que l’épidémie durera plus longtemps que prévu.
L’évaluation de la stabilité du système financier de l’Algérie indique que, déjà avant la pandémie du coronavirus, la croissance du crédit en Algérie a été rapide et que la monétisation du déficit avait augmenté.
Les conclusions du FSSA mettent la lumière sur les risques macroéconomiques auxquels le Pays est confronté et confirment que les réserves internationales ont considérablement diminué.
Cette institution Financière mondiale fait part des interventions omniprésentes du gouvernement dans l’économie, que l’Etat finance par les revenus des hydrocarbures, rendant l’Algérie « très vulnérable aux chocs exogènes et lui laisse une marge de manœuvre limitée pour les absorber ».
Rappelons que la Banque d’Algérie (BA) a été contrainte de baisser le taux des réserves obligatoires de 12 % à 3%, pour mettre à la disposition des banques et des établissements financiers des moyens supplémentaires en faveur du financement de l’économie nationale et du soutien de l’activité économique, pour faire face aux importantes variations de liquidités.
Par ailleurs, les tests de résistance menés par l’institution de Bretton Woods ont démontré que le choc COVID-19 était susceptible de laisser certaines banques sous-capitalisées et, s’il se prolongeait, pourrait entraîner une sous-capitalisation à l’échelle du système !
Si le FMI note que le gouvernement algérien a apporté des améliorations majeures depuis le dernier PASF, l’Institution Financière Internationale déplore que les autorités de contrôle financier manquent d’indépendance, seul gage de l’amélioration de la gestion des risques dans son ensemble…
Si les règles de surveillance semblent adéquates, le FMI pointe du doigt l’important « stock de créances non performantes » potentiellement sous-approvisionné, et estime que la gestion des liquidités est sous-développée.
Aussi recommande-t-il la réforme des subventions administrées via le secteur financier et le développement de la finance inclusive et les paiements numériques.
Pour l’avenir, le FMI conseille les autorités de contrôle de se réunir régulièrement, demandant à la Commission bancaire de veiller à ce que toutes les banques respectent les règles prudentielles, en émettant des sanctions le cas échéant.
Mais surtout, que le cadre réglementaire devrait être renforcé, notamment en ce qui concerne les contrôles internes de la gouvernance bancaire et les personnes politiquement exposées (PPE) !
Le FMI évoque, aussi, la nécessité d’une meilleure gestion du risque de crédit s’appuyant sur un marché monétaire mieux développé et mieux cadré.
Enfin le communiqué conclue sur la nécessité d’une meilleure gouvernance d’entreprise et une réforme des programmes de subvention, ainsi qu’une meilleure surveillance du risque de crédit !
Une situation alarmante pour l’Algérie qui fait face à une crise multidimensionnelle venue aggraver la situation critique dans quasi tous les secteurs et qui demandent de profonds changements.
Dans ce sillage, Abdelmadjid Tebboune avait décidé lors de l’ouverture de la Conférence nationale des startups « Algeria Disrupt 2020 », le 03 Octobre 2020, du lancement du Fonds national pour le financement des start-up, en direction des jeunes porteurs de projets afin d’ « éviter les banques et la lenteur bureaucratique qui en découle, à travers cet outil qui se distinguera par la flexibilité dont ont besoin les start-up »…
Pourtant, et alors que le secteur des télécommunications en Algérie, indispensable au développement des start-up, est classé parmi les plus mauvais du monde, les autorités algériennes ont décidé de recourir à la Commission d’Organisation et de Surveillance des Opérations de Bourse (COSOB) pour la création prochaine d’un compartiment de financement dédié aux start-ups au sein de la Bourse d’Alger… La Bourse d’Alger, qui rappelons le, accueille les titres de 4 Entreprises algériennes et qui n’a pas atteint les 45 Milliards de Dinars en 2019.
C’est donc à travers des mesures bien éloignées des recommandations du FMI, recourant au trésor public et à une capitalisation boursière qui représente moins de 0,5% du Produit intérieur Brut en 2019, que la Présidence algérienne compte révolutionner le Pays… Voilà une redoutable contre-Khotta ! Pauvre Algérie…