L’agence nationale d’intermédiation et de régulation foncière (ANIREF) est une institution économique stratégique méconnue de la majorité des Algériens. Et pourtant, c’est cette agence qui doit édifier et promouvoir les parcs industriels.
C’est une mission stratégique car le foncier industriel constitue l’un des problèmes majeurs de notre économie étant donné que des projets entiers sont encore bloqués faute d’assiettes foncières pour les accueillir.
Dans le but de soutenir l’investissement et la croissance économique en Algérie et lever la contrainte du foncier économique, les pouvoirs publics ont confié à l’Aniref, la réalisation du programme national des nouveaux parcs industriels. Ces parcs, répartis sur le territoire national, sont au nombre de 50 et totalisent une superficie globale de plus de 11 000 hectares. D’après les dires les plus récents du patron de l’ANIEREF, 39 parcs sont en phase de finalisation.
Or, ces projets ne cessent de connaître un retard impressionnant et le mode d’attribution des terrains dans ces futurs parcs industriels suscite aujourd’hui encore une vive polémique. Et pour cause, le premier responsable de l’ANIREF, Hacène Hammouche est connu notoirement pour être un proche de l’ancien ministre controversé de l’Industrie, Abdesselam Bouchouareb. Hacène Hammouche a été, l’été dernier, au coeur d’une véritable polémique aux relents de scandale car plusieurs industriels algériens avaient dénoncé publiquement l’octroi d’assiettes foncières uniquement à des “copains” et “amis” hommes d’affaires de l’ancien ministre de l’Industrie.
La polémique a tellement enflé que l’ANIREF s’est sentie obligée
de riposter par un communiqué qu’Algériepart avait publié le 23 mai dernier. « Les travaux de réalisation de ce programme ont enregistré un avancement appréciable, suite au lancement des appels d’offres nationaux pour la sélection des entreprises, dans le strict respect des principes édictés par le code des marchés publics à savoir, la transparence et l’équité de traitement des candidats. Malheureusement, nous avons eu à relever, suite à la publication des avis d’attributions provisoires des marchés, que certaines entreprises ayant participé à ces appels d’offres qui n’ont pas été retenues, ont manifesté leur mécontentement à travers des déclarations infondées, voir erronées, aux différents médias, induisant, par la même, l’opinion publique en erreur », s’était contentée d’expliquer l’ANIREF.
Ces explications et réponses n’ont pas du tout convaincu les opérateurs économiques algériens. Et de nombreuses voix se sont élevées pour réclamer des comptes à Hacène Hammouche maintenu à son poste en dépit du départ de Bouchouareb et de l’opération « assainissement » menée par son remplaçant, Bedda Mahdjoub. Dés son arrivée, ce dernier va liquider plusieurs cadres fidèles à Bouchouareb et dont le bilan prête à équivoque. Mais il ne touchera pas à la direction de l’ANIREF.
Yousef Yousfi, depuis son arrivée le 17 août dernier au ministère de l’Industrie, n’a pas entrepris des démarches pour étudier les bilans des activités de l’ANIREF. Hacène Hammouche demeure ainsi parmi les cadres intouchables du secteur de l’industrie. Et pourtant, le foncier industriel continue de subir une gestion des plus opaques dans notre pays.
Preuve en est, dans l’un de ses plus récents rapports sur le foncier industriel en Algérie, le Conseil National Economique & Social (CNES) note « les cadres de répartition actuels sont autant prédateurs que gaspilleurs ». « A titre indicatif, plus des deux tiers des superficies des zones industrielles et zones d’activités sont encore vacantes », dénonce cette institution chargée de faire des recommandations et propositions au gouvernement pour améliorer sa politique dans le domaine social et économique.
« C’est dire, de manière plus claire, que l’offre en la matière se pose plutôt en termes de gestion, de régulation et de prise en charge efficace de l’existant sur fond de rationalité au niveau des choix. La mise en place d’une vraie stratégie de gestion du foncier, dans ces conditions, demeure plus que nécessaire », souligne enfin le CNES. Une stratégie qui a plus que jamais besoin de cadres compétents et efficaces. Hacène Hammouche en fait-il partie ? Pas si sûr..