Elle ne sort presque jamais de sa réserve, mais quand elle s’exprime, Djamila Bouhired créé l’événement. La Moudjahida, une des héroïnes vivante de la bataille d’Alger s’en prend au pouvoir qui veut exploiter son image pour tourner un film sur sa personne sans la consulter.
« Dans un contexte de falsification décomplexée qui tente de tailler une histoire sur mesure à des usurpateurs et des faussaires, cette opération vise, une fois encore, à instrumentaliser la Guerre de libération nationale à des fins de légitimation de pouvoir », écrit la combattante dans un communiqué rendu public.
Les promoteurs du projet ne veulent rien lâcher. Pourtant, la Moudjahida s’est fermement opposée au projet. « Malgré mon opposition clairement formulée à la réalisation d’un film qui veut réduire la Révolution au rôle de faire-valoir d’un régime autoritaire, impopulaire et antinational, les commanditaires de ce film ont décidé de passer outre », affirme-t-elle. Avant d’ajouter : « Après avoir manipulé les Martyrs, ils revendiquent maintenant le droit d’instrumentaliser l’image des survivants dans des luttes d’arrière-garde ».
« Je dénonce avec force l’instrumentalisation de la Révolution, et de ses Martyrs à des fins de légitimation du pouvoir », a-t-elle écrit. « Il est temps d’en finir avec l’histoire officielle qui a marginalisé les véritables combattants pour mieux réhabiliter les canailles et les faussaires. Il est grand temps de mettre un terme à la profanation de la mémoire de nos Martyrs », estime encore celle qui avait marqué la révolution algérienne par son défi à la justice coloniale qui l’avait condamnée à mort.
Selon différentes sources, le réalisateur, Ahmed Rachedi ne compte pour autant pas renoncer au projet de faire un film sur Djamila Bouhired. Il s’agit pour lui de parler d’un personnage qui appartient à tous les Algériens. La controverse es donc lancée.
Saïd Sadia
