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jeudi, avril 25, 2024

Exploitation du gaz de schiste en Algérie : lettre ouverte à Abdelmadjid Tebboune

Le mercredi 22 janvier, vous avez organisé au siège de la présidence une entrevue avec des responsables de certains medias publics et privés. Vous avez notamment déclaré que le recours à l’exploitation du gaz de schiste est une nécessité pour élever le niveau de vie des algériens et qu’il serait nécessaire d’en débattre avec les experts et les spécialistes.

Aussi, vous ne comprenez pas pourquoi certains refusent l’exploitation du gaz de schiste… Monsieur le Président de la République, Sachez que nous faisons partie de ceux qui refusent, non pas le gaz de schiste en tant que tel, mais simplement la méthode utilisée pour l’exploitation de ce type de gaz, à savoir la fracturation hydraulique, une technique à haut risque qui peut avoir un impact dévastateur sur la santé et l’environnement local. Au-delà des importantes émissions de gaz à effet de serre que l’extraction de gaz de schiste génère notamment via les fuites de méthane, nous sommes très inquiets des risques de contamination des sols et eaux souterraines ainsi que de l’appauvrissement des ressources en eau que cette technique d’extraction engendre.

Vous citez l’exemple des Etats Unis d’Amérique, effectivement grâce à l’exploitation des roches de schiste, la production de gaz et de pétrole américaine explose mais cause surtout des dégâts environnementaux sans précèdent : destruction de paysages (le paysage de plusieurs états américains ont étés défigurés par les forages), émission de gaz à effet de serre, pollution des eaux, séismes locaux, voie migratoire des oiseaux chamboulée, émission de méthane, etc. Cette révolution des gaz de schiste aux Etats Unis a déclenché un intérêt majeur dans certains pays européens, la Grande Bretagne, la Pologne et la Roumanie pour ne citer qu’eux.

L’union européenne reconnaît elle-même dans ses études, la forte empreinte environnementale que l’extraction de gaz de schiste entraîne. Les fuites, les déversements, les équipements défectueux et les erreurs humaines ne font que s’ajouter aux risques de contamination des réserves d’eau douce. Voulons-nous réellement risquer notre santé pour prolonger une dépendance à une énième énergie fossile polluante ? Le gaz de schiste n’est clairement pas une solution pour notre avenir énergétique.

Au lieu de cela pensons aux énergies renouvelables. Nous ne pouvons pas admettre que l’Algérie se tourne encore une fois vers les énergies fossiles pour élever le niveau de vie des algériens au détriment de l’environnement dont les conséquences seront réelles et impacteront sur la santé de nos enfants et les générations futures. Serait-il plus opportun de laisser ce don de Dieu aux générations futures ? Peut-être que d’ici là, les techniques d’exploitation auront évoluées sans risque sur la santé et l’environnement.

Monsieur le Président de la république, Nous sommes inquiets de voir l’Algérie se focaliser sur le développement des énergies fossiles, alors que le potentiel économique peut être généré par d’autres axes de développement tels que les énergies renouvelables, l’agriculture, le tourisme, l’industrie écoresponsable et bien d’autres richesses que notre pays possède. Notre plus belle et réelle richesse sont nos enfants, c’est à eux que nous confierons demain cette Algérie qui comme vous, ils sauront l’aimer et choisir pour elle le meilleur.

Dans l’espoir de trouver ensemble des solutions au nécessaire abandon temporaire ou définitif de l’exploitation du gaz de schiste, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre très haute considération.

Par Ryad CHABOUNI Président Association pour la protection de l’environnement – Biapie www.biapie.com Les organisations adhérentes Observatoire Algérien de la Femme Observatoire National de la Citoyenneté

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