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mercredi, avril 24, 2024

Exclusif. Un avion de diplomates européens atterrit sans aucune autorisation à Annaba : les services algériens ouvrent une enquête et procèdent à des arrestations

Le 22 juin dernier, un avion de diplomates européens a atterri sur la piste de l’aérodrome de la ville d’Annaba alors qu’il n’avait aucune autorisation de survoler le ciel algérien parce qu’il s’agit d’un vol privé qui n’est pas régulier et, de surcroît, qui n’a obtenu aucune autorisation délivrée par la Direction générale de l’aviation civile et de la météorologie (DACM), a appris Algérie Part au cours de ses investigations. Cet avion privé portait le numéro de vol C56X REG OEGUN. L’avion appartenait à Jet Aviation, une société de services d’aviation d’affaires basée à Bâle en Suisse. 

C’est un certain Nacer Belkerdide, cadre dirigeant du Centre de Contrôle Régional (CCR) d’Oued Smar appartenant à l’Établissement national de la navigation aérienne (ENNA), qui avait donné finalement la permission à cet avion d’atterrir sur une piste de l’aérodrome d’Annaba. C’est dans ce centre que les contrôleurs aériens de l’ENNA supervise le contrôle et la régulation du trafic aérien dans l’espace aérien algérien. L’avion privé transportant 8 personnes dont des anciens diplomates français et européens a pu ainsi atterrir le plus normalement du monde à Annaba sans avoir obtenu la moindre autorisation comme le prévoit la réglementation algérienne régissant l’aviation civile.

Cette autorisation d’atterrissage délivrée à la dernière minute et en toute illégalité par un cadre dirigeant de l’ENNA a suscité très rapidement un véritable scandale qui aurait pu porter préjudice aux relations diplomatiques de l’Algérie avec les pays de ces diplomates européens. Preuve en est, lorsqu’il devait quitter Annaba pour regagner l’Europe, cet avion privé a été cloué au sol par les autorités algériennes jusqu’à…minuit. Pendant de longues heures, une énorme panique a régné au sein de la DACM et même le ministère de la Défense nationale s’est saisi de cette « affaire d’Etat » alors que ces passagers européens étaient venus à Annaba pour assister aux funérailles d’un mystérieux « pied-noir » décédé dans des circonstances que nous n’avons pas encore pu déterminer. Minuit passé, les autorités algériennes donnent le feu vert à cet avion privé pour qu’il puisse quitter le territoire national et de regagner Nice, au sud de la France.

Mais le scandale ne s’est pas arrêté-là. Les services secrets algériens ouvrent très rapidement une enquête et les enquêteurs ont procédé à l’arrestation de Nacer Belkerdide sur son lieu de travail au CCR d’Oued Smar. Cet enquêteur a été interrogé et auditionné au niveau du centre opérationnel d’Antar à Ben Aknoun, à savoir la plus importante base opérationnelle et logistique de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), la plus importante branche des services secrets algériens, l’ex-DRS. Nacer Belkerdide a plaidé la bonne foi affirmant qu’il avait interprété malencontreusement une mesure juridique relative à la circulation aérienne en Algérie. Le contrôleur aérien de l’ENNA a juré qu’il n’était pas conscient de sa bêtise et qu’il avait uniquement pris une mauvaise décision à cause de la complexité de certaines situations qu’il rencontre dans son métier délicat.

Cependant, il s’avère que Nacer Belkerdide n’est pas un ordinaire contrôleur aérien. Il s’agit d’un responsable expérimenté et membre du Conseil d’Administration de l’ENNA. Ce qui confère à cette affaire une toute autre dimension. Mais à l’ENNA, la direction générale tente de banaliser cet incident étrange et intrigant en promettant seulement d’imposer des sanctions disciplinaires à Nacer Belkerdide. Ce dernier est, d’ailleurs, l’un des plus proches amis au secrétaire général du syndicat UGTA de l’Entreprise nationale de navigation aérienne (ENNA), Khelifi Abderrahmane, à savoir un haut responsable controversé et sulfureux au passé douteux pendant les années 90 en raison de son obédience islamiste. Cette affaire que l’ENNA veut étouffer dans un silence général ne manquera donc pas d’apporter  dans les jours à venir des révélations fracassantes sur le fonctionnement opaque de cet organisme public très sensible. Algérie Part poursuit ses investigations et reviendra bientôt sur ce dossier.

 

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