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vendredi, avril 19, 2024

Exclusif. Sonatrach, les vacances troublantes de son PDG à Antalya et les soucis judiciaires de son EPM

Un important département stratégique de Sonatrach est dirigé en ce moment par un haut cadre dirigeant…placé sous contrôle judiciaire par la justice algérienne ! Non, vous ne rêvez pas et ça se passe en ce moment même au sein de la plus importante institution économique du pays. 

Le 11 juin dernier, le PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar, a nommé Aoudjhane Fredj, à la tête de la direction centrale de l’Engineering & Project Management (EPM). Il s’agit de la direction qui est chargée de superviser l’ensemble des projets de Sonatrach gérant ainsi des budgets colossaux qui varient d’une année à une autre à plus de 5 milliards, voire 7 milliards de dollars.  La direction EPM a pour mission d’assurer le pilotage et l’exécution des grands projets industriels du Groupe Sonatrach.

Il s’agit donc d’une direction hyper-stratégique. Et Toufik Hakkar place à la tête de cette direction, Aoudjhane Fredj. Or, ce dernier est un cadre dirigeant de Sonatrach qui est mis en examen par le tribunal de Sidi M’hamed dans l’affaire du scandale de corruption lié à SNC-Lavalin, le géant canadien qui avait obtenu des contrats d’une valeur de près d’un milliard de dollars avec Sonatrach.  Le géant canadien pour obtenir ces contrats est soupçonné d’avoir procédé au versement de pots-de-vin «à plusieurs dirigeants et hauts responsables algériens». 6 contrats ont été attribués à la société canadienne par l’intermédiaire de Cadber Investments, un cabinet panaméen à l’initiative de l’Algéro-Canadien Farid Bedjaoui, notamment celui de l’usine de traitement des eaux de Taksebt. Doté d’une enveloppe de 750 millions de dollars, un trou de deux millions de dollars en fausses factures a été découvert, selon des médias canadiens.

Aoudjhane Fredj a été l’un des acteurs principaux de ce scandale sur lequel la justice algérienne n’a toujours pas fait la lumière. Placé sous contrôle judiciaire, le nouveau directeur par intérim choisi par Toufik Hakkar pour diriger l’EPM du groupe doit se rendre régulièrement au tribunal de Sidi M’hamed pour signer le registre des personnes placées sous contrôle judiciaire. Hakkar limoge ainsi des cadres respectueux et intègres pour les remplacer par des managers très douteux et controversés. Elle est belle la nouvelle Algérie.

Mais le drame ne s’arrête pas-là. Le « chacal » Toufik Hakkar a élaboré un plan diabolique. Aoudjhane Fredj est uniquement directeur intérimaire de l’EPM et le PDG de Sonatrach n’envisage pas de le « permaniser » dans ses fonctions. Il veut le remplacer dans les prochains jours par un certain Samir Salhi, l’homme qui l’avait envoyé en Turquie pour représenter Sonatrach auprès du groupe turc Rönesans Holding avec lequel la compagnie nationale des hydrocarbures s’est alliée en octobre 2018 pour la réalisation d’un complexe pétrochimique de transformation du propane en polypropylène qui sera basé dans la région de Cayhan, située dans la province d’Adana en Turquie, dans le but de satisfaire les besoins du marché turc en cette matière plastique.

Sonatrach est actionnaire dans ce projet avec 30% et fournira la charge qui est de 450.000 tonnes de propane pour l’unité. Ce méga-projet est géré dans une opacité totale par Sonatrach et son actuel PDG, Toufik Hakkar. Et pour cause, ce dernier entretient des liaisons troublantes avec le groupe turc Rönesans avec lequel il avait dirigé des négociations et les pourparlers au nom de Sonatrach d’août 2017 à l’été 2019. Des négociations qui ont permis à Toufik Hakkar de profiter de cette proximité avec les investisseurs trucs afin de tirer des avantages substantielles à son propre profit.

Toufik Hakkar et son épouse ont, en effet, été entièrement pris en charge au mois d’août 2019 à Antalya, la prestigieuse station-balnéaire de la côte d’Azur Turque. Le groupe Rönesans a financé entièrement les vacances dorées de Toufik Hakkar à Antalya en compagnie de son épouse, elle-même haut cadre à Sonatrach au niveau de la direction Associations de la compagnie nationale des hydrocarbures.

L’homme qui est devenu plus tard le PDG de Sonatrach a été donc nourri, logé et blanchi par une grande entreprise turque. Une pratique de corruption claire et précise qui porte gravement préjudice à la crédibilité de l’Etat algérien. Et lors de la nomination de Hakkar à la tête de Sonatrach en février 2020, ni les services secrets ni le cabinet présidentiel de Tebboune n’ont pesé les conséquences désastreuses de cette nomination en raison des liens affairistes entre le nouveau PDG de Sonatrach et les investisseurs turcs.

Les autorités algériennes n’ont, d’ailleurs, jamais voulu comprendre pourquoi Sonatrach avait accordé le marché de construction des installations du futur complexe pétrochimique de Cayhan au conglomérat sud-coréen GS. Ce marché a été accordé de gré à gré sans passer par la moindre procédure de mise en concurrence. Et qui avait suggéré aux partenaires turcs et à la direction générale de Sonatrach de confier de gré à gré aux sud-coréens ce marché stratégique ? Monsieur Toufik Hakkar. Pour le PDG de Sonatrach, les feuilletons turcs ne sont pas un simple divertissement. Mais un véritable business parallèle qui lui permet de s’enrichir au vu et au su des autorités algériennes complices de ces scandales successives.

Algérie Part poursuit ses investigations et publiera prochainement des révélations sur les combines utilisées en ce moment par la direction générale de Sonatrach afin de contraindre « verbalement » des cadres dirigeants à octroyer des marchés douteux et suspects à plusieurs grosses sociétés étrangères moyennant des commissions très onéreuses…

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