19.9 C
Alger
jeudi, avril 18, 2024

Exclusif. Malaise et interrogations au sein des forces aériennes algériennes après le départ brutal du général-major Hamid Boumaiza

A la surprise générale, le 28 mai dernier, le général-major Hamid Boumaiza, le commandant des forces aériennes algériennes a été éjecté de son poste et démis de ses fonctions dans des conditions qui demeurent troublantes. Généralement, le remplacement des commandants des principaux corps de l’armée algérienne, comme les forces terrestres, aériennes ou navales, se réalise chaque 5 juillet, à l’occasion des cérémonies de promotions et désignations de nouveaux généraux-majors. Or, cette fois-ci, la décision est tombée comme un couperet et résonne comme une lourde sanction prise à l’encontre d’un général-major ayant commis de graves dérapages. 
Aujourd’hui, c’est le Chef d’Etat-Major des forces aériennes de l’armée algérienne qui assure l’intérim en attendant la désignation officielle d’un nouveau commandant à la place de Hamid Boumaiza. Ceci dit, ce limogeage inattendu et brusque a suscité un malaise général au sein des forces aériennes et a soulevé de nombreuses interrogations. Et pour cause, le Général-major Hamid Boumaiza vient d’être limogé et mis à la retraite alors qu’il est l’un des plus jeune commandants de force au sein de l’Etat-Major de l’Armée algérienne. Il est né le 03 juin 1957 à Tamda wilaya de Tizi Ouzou, a rejoint l’Armée Nationale Populaire à l’âge de 20 ans, le 20 août 1977. Il est âgé aujourd’hui de 63 ans. Au sommet de la hiérarchie militaire, il y a des officiers et des généraux qui sont nettement plus âgés que lui comme le général de corps d’armée Benali Benali, chef de la Garde Républicaine, dont l’âge dépasse les..80 ans.
Nous avons découvert au cours de nos investigations que le général-major Hamid Boumaiza était très apprécié par ses collaborateurs et ses soldats. Au commandement des forces aériennes (CFA), il est considéré comme le général-major « le plus travailleur », certifient des sources militaires contactées par Algérie Part. « Il suffit de demander aux personnels qu’il a dirigé au cours de sa longue carrière au service de l’armée et du pays », assure une source. Il est à rappeler que le général-major Hamid Boumaiza a été lui-même décoré à maintes reprises par le ministère de la Défense Nationale.   Le Général Major Hamid BOUMAIZA a été décoré de la médaille de l’Armée Nationale Populaire du 1er Chevron, 2ème Chevron et 3ème Chevron, de la médaille du mérite militaire et de la médaille d’honneur. C’est dire que ses supérieurs hiérarchiques comme le défunt Ahmed Gaid Salah, l’ex-Chef d’Etat-Major de l’ANP depuis août 2004 jusqu’à décembre 2019, reconnaissaient ses mérites.
Que s’est-il donc passé pour le pousser aussi précipitamment à la porte de la sortie ? Les raisons liées à ce limogeage s’expliquent, en réalité, d’après nos investigations, par des considérations politiques et financières. Explications.
Après son arrivée le 17 septembre 2018 au commandement des forces aériennes, Hamid Boumaiza a entrepris rapidement de grands changements et un assainissement des finances du commandement. Hamid Boumaiza a entamé son commandement par réduire le train de vie de la direction en commençant par montrer l’exemple et cela en supprimant les avantages qui lui sont accordés : suppression budget alimentation du foyer personnel du commandant, arrêt de l’utilisation des budgets de fonctionnement à des fins personnelle, etc.  Après six mois, le général-major Hamid Boumaiza avait fait plus de 200 millions de dollars d’économie au commandement et près de 800 millions de dollars jusqu’à la date de son limogeage, à savoir la fin du mois de mai 2020.
De nombreuses sources militaires très bien informées et bien introduites au sein du sérail algérien ont confié à Algérie Part que la gestion sérieuse et rigoureuse des budgets du commandement des forces aériennes par le général-Hamid Boumaiza faisait l’unanimité jusqu’au plus haut sommet du ministère de la Défense nationale. Cette gestion rigoureuse n’a pas porté préjudice sur la qualité de vie et la sécurité de l’ensemble des bases et des troupes des forces aériennes algériennes, attestent encore nos sources.

 

Ce n’était pas la première fois que le général-major Hamid Boumaiza se distingue par sa gestion pragmatique et efficace. En 2006, il a pu transformer la base aérienne de Oum el Bouaghi d’une simple piste d’atterrissage en une véritable base régionale. Son passage à l’école supérieure de l’Air de Tafraoui à Oran a laissé une marque indélébile car il a pu obtenir la reconnaissance du diplôme d’ingénieur d’Etat des élèves officiers, la construction d’une nouvelle piste, etc.

 

Depuis son arrivée le 17 septembre 2017 au CFA, il a voulu remettre l’armée en général et l’aviation en particulier sur les bons rails en procédant à une rationalisation des dépenses et mettant fin aux privilèges financiers injustifiés. Mais cette politique a suscité de vives  critiques au sein du haut commandement de l’Armée algérienne car certains généraux-majors étaient rétifs et allergiques à l’idée d’une rationalisation des dépenses financières alors que le pays traverse depuis 2018 une crise financière sans précédent dans son histoire contemporaine.

Le général-Major Hamid Boumaiza a commencé donc à déranger certains rigoristes attachés au sacro-saint principe  : l’armée dépense sans compter et ne doit rendre de comptes personne. Des voix s’élèvent pour étriller Hamid Boumaiza et certains généraux tentent de manipuler le défunt Ahmed Gaid Salah pour le « retourner » contre son commandant des forces aériennes. Mais après plusieurs enquêtes sur Hamid Boumaiza et sa famille par l’entourage de Ahmed Gaid Salah, rien n’a été trouvé car ni le premier patron du CFA ni sa famille n’ont jamais baigné dans les milieux de l’argent encore moins celui de l’argent sale comme nous l’assurent plusieurs sources militaires concordantes.

Sur le plan politique, Hamid Boumaiza s’est distingué de la ligne politique austère et dure adoptée par Ahmed Gaid Salah. Et pour cause, il a très vite exprimé son refus face à l’implication de l’armée dans la politique durant la période du Hirak. Il a exprimé son refus des arrestations mais aussi l’interdiction de l’emblème amazigh et les arrestations intempestives de militants et journalistes. A cause de ces positions, Hamid Boumaiza a été taxé de « régionaliste » et ses détracteurs ne vont pas hésiter à instrumentaliser ses origines Kabyles pour le discréditer et remonter Ahmed Gaid Salah contre lui.

A cause de ce lobbying nocif, Hamid Boumaiza n’était plus invité aux réunions politiques tenues au ministère de la Défense Nationale durant une période allant de Mai à  Juin 2019. C’est à ce moment-là que de nombreuses rumeurs ont été propagées sur sa mise forcée à la retraite. Mais Ahmed Gaid Salah a voulu le garder pour sa compétence et après quelque temps, il l’a rappelé à la table pour avoir son avis.

Malheureusement, Ahmed Gaid Salah était sourd à toute autre voix qui lui apportait de la contradiction et divergeait avec lui sur la conduite politique du pays. Ahmed Gaid Salah était très méfiant et lorsqu’une personne s’oppose à sa vision, il a la soupçonne directement de fomenter « un complot » contre lui. Une situation totalement absurde qui a contraint Hamid Boumaiza à taire ses opinions favorables au Hirak. A partir de septembre 2019, Ahmed Gaid Salah a fait le vide autour de lui.  Hamid Boumaiza a même pensé à démissionner pour se laver les mains de cette situation chaotique. Mais, assurent nos sources, le général-major a refusé finalement de quitter le navire par peur pour l’avenir du pays et il s’était promis d’agir encore subtilement au sein de l’Etat-Major pour réduire la puissance de la répression à l’encontre du Hirak.

Aujourd’hui, plusieurs mois après la mort de Gaid Salah, Hamid Boumaiza ne pensait pas qu’il sera limogé de la sorte alors qu’il croyait avoir contribué à empêcher un choc brutal et violent entre l’armée et les manifestants du Hirak. Au Commandement des Forces Aériennes (CFA), son éviction est vécue comme une preuve de plus de la stigmatisation des officiers supérieurs instruits, conscients et engagés en faveur de l’intérêt général en Algérie…

dernières nouvelles
Actualités