Le problème des masques de protection se pose à nouveau en Algérie. En pleine hausse vertigineuse des nouveaux cas contaminés de COVID-19, la Pharmacie Centrale des Hôpitaux (PCH), l’institution chargée par le ministère de la Santé de distribuer à tous les hôpitaux algériens les masques de protection notamment les masques chirurgicaux, peine énormément à se doter d’un stock sécurisant. En effet, jusqu’à jeudi dernier, les stocks de la PCH en masques chirurgicaux, très demandé par le personnel soignant algérien, ne dépassait pas les 7 millions de masques.
Un chiffre étonnamment bas qui nous permet pas à la PCH de veiller en toute sécurité sur l’approvisionnement des hôpitaux ou établissements de santé répartis à travers le pays. Selon nos investigations, les stocks de la PCH étaient composés de 6 millions de masques chirurgicaux offerts par divers donateurs chinois. La PCH ne reçoit, en revanche, que près de 100 masques de protection fabriqués localement en Algérie. Or, ces livraisons ne sont guère suffisantes et les 6 opérateurs locaux algériens qui fabriquent des masques chirurgicaux ne sont pas du tout à la hauteur des attentes de la PCH.
Et pour cause, le ministère de la Santé a instruit la PCH de se doter d’un stock de sécurité de 40 millions de masques chirurgicaux afin de parer à toutes les situations alarmantes en cette période où la pandémie du COVID-19 se propage très rapidement à travers tout le territoire national.
La PCH a procédé à la commande de près d’un million de masques chirurgicaux par jour auprès des fabricants locaux algériens. Malheureusement, ces derniers n’ont pas du tout la logistique nécessaire ni les outils de production conformes aux exigences de la situation sanitaire du pays. Dans ce contexte, ils ne peuvent pas livrer au-delà de 100 mille masques par jour à la PCH.
Et pourtant, le 14 juillet, le ministère de l’Industrie pharmaceutique avait assuré que les capacités de production nationale en masques chirurgicaux (masques trois plis à usage médical) oscillent entre 400.000 à 490.000 masques par jour. Le même ministère a promis que cette production va dépasser les 500.000 masques par jour d’ici la fin de ce mois de juillet. Des promesses totalement théoriques et les fameuses capacités de production dont parle le ministère algérien dirigé par Lotfi Benbahmed n’ont d’existence que sur le papier.
En effet, plusieurs sources médicales ont confirmé à Algérie Part que les producteurs locaux algériens n’ont jamais atteint les fameux 9 millions de masques fabriqués chaque mois. En pratique, ces fabricants arrivent à peine à concevoir 4 millions de masques par mois. Ce qui provoque une forte tension sur le marché national. Face à ces carences archaïques de la production nationale, la PCH a décidé de revenir à l’importation des moyens de protection comme les masques. Mais depuis le 31 mai, aucun appel d’offres national ou international n’a été lancé par la PCH pour acquérir des masques ou autres moyens de protection.
Pourquoi ? Parce que la commission interne des marchés de la PCH est totalement paralysée depuis plusieurs jours. Ces blocages qui remontent jusqu’au scandale ayant ébranlé la PCH le 16 mai dernier. Un scandale qui a commencé par l’emprisonnement, décidé par le tribunal de Dar El-Beida, de l’ex-DG de la PCH, Tarek Djaboub pour passation de marchés en violation de la législation, la justice algérienne avait ordonné aussi le placement en détention provisoire pour le même chef d’accusation du directeur des achats Kamel Slimani et du sous-directeur en charge des équipements médicaux, Abdellatif Tali et le placement sous contrôle judiciaire du directeur de la finance et de la comptabilité, Farid Chibane. Depuis ce scandale, toute la PCH fonctionne au ralenti et la commission interne des marchés subit d’étranges blocages. Certaines sources évoquent la peur des cadres de l PCH et leur refus de signer des marchés d’importation qui peuvent leur faire valoir des poursuites judiciaires arbitraires. D’autres sources évoquent, au contraire, des manoeuvres de sabotage exercées par un lobby affairiste affilié aux anciens hauts responsables sur lesquels enquête la justice algérienne. Nous y reviendrons dans nos prochaines révélations.