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mardi, juin 6, 2023

Exclusif. Des milliards sont en jeu : au coeur de la gestion opaque de l’importation du blé en Algérie par l’OAIC

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L’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), voici un organisme qui n’a jamais attiré l’attention des Algériens alors qu’il revêt, pourtant, une importance stratégique puisqu’il est celui qui doit fournir à tout le pays de quoi manger en blé et en orge. Depuis le mois de juillet dernier, l’OAIC fait l’objet d’un scandale étouffé en silence car son ancien directeur, Mohamed Belabdi, a été limogé, et 45 minoteries ont été fermées pour violation de la réglementation en vigueur à savoir surfacturation et fausses déclarations. 

A la suite d’une enquête diligentée par les services de sécurité, le gouvernement a découvert de que grosses quantités de blé subventionné par l’Etat ont été détournées par ces 45 minoteries privées. Selon nos investigations, ces minoteries privées achetaient auprès de l’OAIC du blé subventionné par l’Etat ou directement auprès des agriculteurs algériens du blé à un taux bonifié. Mais, par la suite, de bonnes parties de ces quantités de blé ont été détournés vers les réseaux de la contrebande frontalière pour que le blé algérien soit écoulé en Tunisie où cette matière privée n’est pas subventionnée par les pouvoirs publics.

Pis encore, les enquêtes des services de sécurité ont découvert que certaines quantités de blé produit en Algérie et vendu à un taux bonifié acquises par les minoteries privées était revendu encore, par la suite, à l’OAIC comme étant une nouvelle récolte ! Le trafic a causé un énorme préjudice financier au Trésor Public et les montants de ces préjudices n’ont pas encore été évalués de façon très précise.

Mais le limogeage de l’ancien patron de l’OAIC n’a pas, pour autant, résolu ls problèmes structurels qui provoquent les malversations financières au sein de cet organisme étatique chargé de gérer pas moins de 3,1 milliards de dollars pour l’achat des céréales à l’étranger. Le blé est un enjeu majeur pour l’Algérie dont la consommation nationale atteint 10 millions de tonnes.

Le poste de directeur général de l’OAIC est donc un poste très stratégique nettement plus important que celui de certains portefeuilles ministériels au gouvernement. Ainsi, depuis le 16 septembre, l’arrivée d’un nouveau directeur général, à savoir Abderrahmane Bouchahda, nommé par la Présidence de la République, s’est accompagné par un nouveau lot de pratiques occultes. 

1 jour après son installation à la tête de l’OAIC, ce nouveau directeur général commande pas moins de 600 mille tonnes de blé pour à peu près 130 millions de dollars. Une décision controversée et incompréhensible car le gouvernement avait annoncé auparavant que l’Algérie a réalisé une récolte record de 3,9 millions de tonnes (Mt) sur la campagne 2018/2019, soit une hausse de 61% de la production, dont 3,15 Mt de blé dur. Le pas vers une autosuffisance en blé dur est presque franchi. 

Selon plusieurs sources concordantes, ces chiffres communiquées par le gouvernement sont tronqués car l’Algérie s’apprête à acheter à l’étranger pas moins de 7,2 millions de blé d’ici la fin du mois de juin 2020 en raison de la faiblesse de la production nationale et locale qui ne dépassera pas les 4 millions de tonnes. La France demeure le principal fournisseur de notre pays au moment où plusieurs pays, comme la Russie, ne cessent de convoiter le marché algérien.

C’est dire que les enjeux sont énormes. Mais la transparence demeure totalement absente à l’OAIC. Et la nomination d’Abderrahmane Bouchahda n’est pas rassurante car cet ancien directeur régional de la coopérative des céréales et des légumes secs d’Annaba est très proche des enfants du chef d’Etat-Major de l’ANP, Ahmed Gaid Salah. Le patron de l’OAIC serait, effectivement, le neveu de la femme du puissant chef d’Etat-Major. Et l’un de ses fils active dans le secteur agro-alimentaire à travers des unités de stockage de céréales et de minoterie. N’est-ce pas un conflit d’intérêt dangereux ?

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