Elle s’appelle Dounia Zed. Elle a étudié en Indonésie, en Turquie et en Ecosse. Elle a travaillé pour une grande compagnie énergétique indonésienne, Pertamina, la société pétrolière d’État de l’Indonésie, et aujourd’hui elle est revenue dans son pays natal pour s’épanouir en tant que citoyenne libre, consciente de ses droits et de ses devoirs.
Totalement méconnue jusque-là, Dounia Zed vient de susciter un énorme buzz sur les réseaux sociaux en décident de porter plainte pour incitation au crime à la suite de la diffusion sur internet des appels à des attaques à l’acide contre les femmes algériennes portant soi-disant des tenues jugées « indécentes ».
« Je ne peux pas me taire face à ces appels au meurtre ! Nous savons tous qu’en Algérie, les réseaux sociaux et Facebook ont une influence particulièrement intense sur l’esprit de nos jeunes. Imaginez ce que peut faire un adolescent de 13 ou 14 ans qui est manipulé par ces propagandes haineuses », confie d’emblée Dounia dans une déclaration à Algérie Part. Effrayée, bouleversée par cette « barbarie virtuelle », cette concitoyenne décide rapidement de se rendre ce mardi au commissariat de police d’Ain Naâdja, la localité algéroise où elle réside.
« Je me suis longtemps entretenu avec un policier qui n’a pas compris au début le bien-fondé de ma démarche. J’ai pris tout le temps nécessaire pour lui expliquer la gravité de ces publications sur Internet et ce qu’elles peuvent provoquer comme drame. Il a fini par se montrer sensible à mes arguments. Mais il m’a orienté finalement vers la brigade de lutte contre la cybercriminalité relevant de la police judiciaire située au niveau du Commissariat de la Police judiciaire de Bab Ezzouar », nous raconte Dounia. Déterminée à poursuivre cette action jusqu’au bout, elle assure qu’elle ne renoncera à poursuivre les auteurs de ces appels au meurtre.
« Je connais la population de mon pays. Ces appels peuvent causer des dégâts irréparables. J’ai un frère qui est jeune. Il peut être séduit par les arguments fallacieux de cette campagne criminelle. Il ne faut pas banaliser ou sous-estimer le danger de ces appels à la violence », avertit encore Dounia qui tient, tout de même, à mettre exergue certaines nuances qui lui paraissent essentielles.
« Je ne suis pas féministe. Je ne crois pas à la particularité du combat pour les droits des femmes. Je crois à la parité entre homme et femme. Si ces appels ont visé des hommes, je serai parti également déposer plainte », affirme notre interlocutrice qui ne se retient pas pour pousser enfin un sérieux coup de gueule : « Si aujourd’hui une Algérienne ne peut pas courir dans son pays en toute liberté, cela signifie tout simplement que nous n’avons plus le droit à la vie. Et cet arbitraire est inacceptable », s’écrit-elle.