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samedi, avril 20, 2024

Exclusif. Algérie : Un important projet gazier annulé dans des conditions troublantes

La direction générale de Sonatrach a annulé dans des conditions troublantes un important projet sur le champ gazier de Tinhert, dans la wilaya d’Illizi, soulevant ainsi des interrogations légitimes sur les intentions du Top management de la compagnie nationale des hydrocarbures. Le projet Tinhert Gas est l’un des plus prometteurs projets gaziers  sur lequel a tablé Sonatrach depuis 2014 pour augmenter les volumes de la production nationale du gaz naturel renforçant ainsi les capacités d’exportation de notre pays. 

Au début de cette semaine, la direction générale de Sonatrach a décidé d’annuler brusquement la réalisation et l’attribution du marché concerné par la Consultation Sélective Numéro AP-EPC/002/SH-EPM/EP-G/2019. Ce marché concerne la réalisation des usines de séparation, décarbonatation et réseau de collecte permettant le développement des champs gaziers de Tinhert vers Alrar dans la wilaya d’Illizi. Au moins 5 soumissionnaires étrangers étaient en course pour réaliser ces infrastructures qui revêtent un intérêt stratégique pour le pays étant donné que la production algérienne du gaz naturel est en net recul depuis des années  marquant ainsi une baisse importante des exportations qui procurent des précieuses recettes en devises pour l’Etat algérien.

Officiellement, l’Algérie a produit 8% moins de pétrole et de gaz que les 143 millions de tonnes d’équivalent pétrole signalés en 2019.

Algérie Part avait révélé récemment que toute la production du gaz naturel en 2020 a atteint un niveau de 122 milliards de M3. Un niveau très bas car la production habituelle du gaz naturel dépassait pendant les dernières années les 132 milliards M3 par an. Au lieu de renforcer la production du gaz pour compenser la réduction de la production du pétrole de 23% conformément à l’accord de l’OPEP+ entré en vigueur depuis le 12 avril 2020, la très mauvaise gestion de Sonatrach, les très mauvaises décisions de ses managers ainsi que les divers incidents industriels ou les arrêts prolongés des installations de production faute d’une rigoureuse et efficace maintenance, ont fini par porter un énorme préjudice financier au secteur des hydrocarbures du pays.

Nos investigations avaient démontré que la Sonatrach aurait pu compter sur les exportations du gaz naturel pour gagner jusqu’à 25 milliards de dollars en 2020. Au lieu de cela, la Sonatrach a terminé l’année 2020 avec des exportations avoisinant à peine les 20 milliards de dollars. La très mauvaise gestion actuelle de Sonatrach a causé une perte pour l’Algérie de l’ordre de 4 milliards $ à 5 milliards de dollars ce qui représente tout de même une perte avoisinant les 20 % des revenus potentiels en devises de l’Algérie pour l’année 2020.

Algérie Part avait également révélé que l’année 2020 fut une année sinistre pour le gaz algérien. Les ventes et exportations du gaz naturel à l’étranger n’ont rapporté que 4,5 milliards de dollars à l’Algérie, a appris Algérie Part au cours de ses investigations. Des recettes en devises en baisse de 33 % par rapport à 2019 une année durant laquelle les recettes du gaz naturel algérien ont atteint les 6,7 milliards de dollars.

Après un tel bilan catastrophique en 2020, il était vital pour l’Algérie de se relancer en 2021. Mais avec une production faible et une capacité d’exportation inchangée, l’Algérie ne va profiter de l’améliorer des prix sur les marchés internationaux. Les anciens dirigeants de Sonatrach étaient conscients par le passé des enjeux de l’importance de la production nationale du gaz naturel. Des enjeux majeurs car la consommation nationale et intérieure du gaz naturel en Algérie augmente sans cesse allant jusqu’à réduire significativement les quantités que l’on peut exporter. En 2018, des chiffres officiels confirmés par le ministère de l’Energie ont indiqué que la couverture de la demande nationale est passée de 32% en 2000 à 62% aujourd’hui, dont 40% en propane, alors que le taux de couverture en électricité, dont la production dépend du gaz, a atteint 99%.L’Algérien consomme 700 000 m3/an de gaz et avec l’augmentation du nombre de la population en 2030 à 50 millions d’individus, l’Algérie risque de ne plus pouvoir exporter son gaz naturel à l’étranger !

C »est pour cette raison que le projet gazier de Tinhert était stratégique. En 2017, la Sonatrach avait investi pas moins de 250 millions de dollars pour le raccordement de 50 puits producteurs de gaz sur le champ de Tinhert à travers un réseau de collecte d’une longueur cumulée de 330 km pour un délai fixé a 20 mois. Ce raccordement avait pour objectif de permettr une augmentation de la production de 10 millions de M3/j (3,5 milliards M3/an ) à la fin 2019. Ces quantités seront traitées au niveau des installations existantes d’Ohanet. En 2025, il était prévu que le plateau de production atteindra 27 millions de M3/j, soit 10 milliards de M3/an; des volumes traités aussi bien au niveau des installations existantes d’Ohanet (13 millions M3/j) que celles d’Alrar (14 millions de M3/j).

Le projet de développement de Tinhert concerne 28 gisements d’hydrocarbures situés dans les périmetres de Tinhert, d’ln Amenas et d’Alrar Sud, détenus à 1OO% par SONATRACH. Ce projet devait permettre de rallonger la durée de vie des complexes de gaz d’Ohanet et d’Alrar au-delà de 2040. Pour atteindre cet objectif et garantir la bonne exploitation des 10 millions de M3 par jour, il était prévu d’investir près d’un milliard de dollars pour la réalisation des usines de séparation, décarbonatation et réseau de collecte permettant le développement des champs gaziers de Tinhert vers Alrar. Au nom de la rigueur budgétaire imposé par le Président Abdelmadjid Tebboune, la direction générale de Sonatrach a suspendu ce projet abandonnant ainsi le plan initial visant à renforcer la production nationale du gaz naturel. Un milliard de dollars économisé oui, mais plusieurs milliards de dollars seront perdus car dans un avenir proche, la capacité d’exporter du gaz naturel du pays sera en chute libre faute de nouvelles capacités de production. Un triste sabotage qui va coûter cher au développement économique du pays.

 

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3 تعليقات

  1. Ce sont les mêmes clowns de la gestion calamiteuse de Sonatrac qui ont voulu convaincre le Nigeria de créer un pipeline entre ce pays et bled Mickey. Ils ont été éconduits au profit du projet marocain mieux ficelé et financé.
    Comment un pouvoir algérien qui n’est même pas capable d’exploiter et sécuriser ( In Amenas )correctement ses propres gisements peut-il espérer convaincre le Nigeria de le suivre dans une galère gazière internationale?
    Le pouvoir algérien se sabote tout seul et adore accuser les autres de ses déboires.