Le Président par Intérim, Bensalah a procédé, le 14 Novembre courant, à la nomination de Aïmene Benabderrahmane comme nouveau gouverneur de la Banque d’Algérie (BA) en remplacement de Amar Hiouani, qui occupait le poste par intérim depuis le 20 Avril 2019.
Selon plusieurs sources, Hiouani aurait fait les frais de la note de la BA du 27 Octobre 2019 et signée par le Directeur Général des Changes Mr Mohamed Assas, concernant “l’obligation de justifier l’origine des dépôts bancaires en devises à partir d’un montant de 1000 euros ” que nous avons évoqué dans les colonnes de notre média.
Aïmene Benabderrahmane était auparavant sous-directeur des travaux publics, de la construction et de l’hydraulique de l’Inspection Générale des Finances (IGF).
Il faut savoir que le contrôle des finances publiques en Algérie est assuré par le contrôle de l’Assemblée Populaire Nationale (A.P.N) et le Conseil de la Nation, le contrôle juridictionnel exercé par la Cour des Comptes et le contrôle administratif exercé par l’IGF
Le contrôle exercé par l’IGF, s’effectue par les inspecteurs des finances qui veillent au respect des procédures par les gestionnaires et détectent toute forme de dilapidation, gaspillage et détournement des fonds publics.
Aïmene avait-il remarqué les gros dossiers de corruption, de surfacturation et de transferts illégaux de devises qui ont mené plusieurs oligarques opérant dans des travaux publics, de la construction et de l’hydraulique ? Une question que nous aurions aimé lui poser.
En Mars 2010, Aïmane Benabderrahmane a été nommé censeur au sein de la BA, par un décret signé par l’ex Président Abdelaziz Bouteflika le 01 Mars 2010.
Selon le Chapitre trois relatif à la surveillance et au contrôle de l’ordonnance N° 03 11 du 26 Aout 2003 relative à la Monnaie et au Crédit, deux censeurs assurent la surveillance de la Banque d’Algérie.
Ainsi à l’article 27 de ladite ordonnance, les censeurs exercent une surveillance générale sur tous les services et toutes les opérations de la BA, tout comme ils exercent une surveillance particulière sur la centrale des risques et la centrale des impayés ainsi que sur l’organisation et le fonctionnement du marché monétaire.
Les censeurs sont tenus d’être en liaison avec le Ministre des finances, actuellement Mr Mohamed Loukal qui avait également été à la tête de la Banque d’Algérie, pour l’informer et lui adresser, à sa demande, des rapports relevant de leurs compétences et connaissances notamment en matières financières et de comptabilité.
Aïmene Benabderrahmane connait bien Mohamed Loukal puisqu’il assistait aux sessions du conseil d’administration de la Banque d’Algérie avec voix consultative, et remettait à Mohamed Loukal, Président du conseil d’administration de la BA entre 2016 et 2019, les rapports et résultats des contrôles financiers de la première institution bancaire d’Algérie.
De source interne, on nous affirme qu’Aïmene serait proche des fondateurs d’un cabinet spécialiste du droit des affaires et droit fiscal de l’Algérie.
Les mêmes sources s’offusquent que ce cabinet, dirigé par Messieurs Benabderrahmane, affirme qu’il entretient d’excellentes relations avec …la Banque Centrale Algérienne et le Ministère des finances.
Capture d’écran reçue par des cadres internes à la BA
Aïmene est-il réellement apparenté aux fondateurs du cabinet Ben Abderrahmane & partners ? Une autre question qu’on aurait aimé lui poser.
Il serait surprenant toutefois que cela soit le cas et que Mohamed Loukal, alors qu’il était à la BA ou a son poste actuel de Ministre des finances, n’ait pas vu ce qui pourrait s’apparenter à un inacceptable conflit d’intérêt.
Nous avions publié plusieurs articles sur Mohamed Loukal, véritable trésorier du régime, placé PDG de la BEA juste après l’arrivée de l’ex président algérien à la tête de l’Etat.
Il avait été convoqué en Avril 2019 par la justice dans le cadre d’une enquête sur des affaires de dilapidation de biens publics et d’octroi d’avantages illégaux.
Si la loi oblige les membres du conseil d’administration de la BA à s’en tenir au secret bancaire pour tous faits ou renseignements dont ils ont connaissance dans le cadre de leur mandat, elle les oblige toutefois à s’en défaire et à témoigner devant la justice en matière pénale.
Selon nos sources, le Ministre des finances Mohamed Loukal qui jouit d’une certaine bienveillance de la part des membres de l’Etat-Major de l’Armée, ne sera pas inculpé pour les faits qui lui étaient reprochés.
Protégé et écouté, il serait même à l’origine de toutes les nominations au sein de l’institution financière.
Nos sources nous assurent que c’est lui qui aurait suggéré la récente nomination par décret présidentiel du 28 octobre 2019, de M. Sid Ahmed Saidi en qualité de Président de la cellule de traitement du renseignement financier (CTRF), pour un mandat de quatre (4) années. Sid Ahmed Saidi état Directeur…au Ministère des Finances.
En 2009 Sid Ahmed Saidi avait participé au comité chargé de l’élaboration d’un manuel de procédures comme l’atteste le document interne à l’IGF ci-après.
Auparavant, il exerçait à la sous-direction de la santé publique et de la sécurité sociale à l’inspection Générale des Finances au Ministère des Finances. La santé, cet autre domaine délaissé par les pouvoirs publics et miné par la corruption.
En Mars 2010, tout comme Aïmene Benabederrahmane, Sid Ahmed Saidi avait été nommé Directeur de Mission à l’Inspection Générale des Finances au Ministère des Finances par décret présidentiel signé par Bouteflika.
Triste constat de voir le paysage financier algérien se réorganiser autour d’hommes nommés par Abdelaziz Bouteflika, et confirmés à nouveau par l’Armée à travers un fantomatique Président par intérim.
La mobilisation nationale depuis le mois de Février 2019, visant à instaurer une Algérie capable, entre autres, de lutter définitivement contre les détournements, le blanchiment de capitaux, le flux de capitaux irréguliers alimentant le marché noir et le trafic de drogue, le financement du terrorisme, les infractions fiscales, la traite des êtres humains, peut-elle finalement être confiée aux personnes citées ci haut et qui ont servi ce régime honni ? Difficile à croire.