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vendredi, mars 29, 2024

Enquête exclusive. L’histoire secrète de la résidence de l’ambassadeur d’Algérie à Washington et… ses dépenses colossales

Somptueuse Maison du Nord Ouest (NW)  de Washington  DC à la limite de Spring Valley, peu d’Algériens connaissent l’histoire de la résidence de  l’ambassadeur d’Algérie à Washington. C’était  en vérité une propriété  du sénateur du Texas Lyndon Johnson,  devenu président des États Unis, juste après l’assassinat en 1963 de John Kennedy. Cette bâtisse chauffée à l’air propulsé est posée sur un terrain de   7300 m2 ; plus grand que le stade  Santiago  Barnabeu du Réal de Madrid. Elle a  une surface  bâtie de 879 m2 et  se compose  de 23 pièces  dont 10 chambres à coucher et 9 salles de bain.

Il est utile de mentionner  que   sa  prise en charge   coûte   très  cher à l’État Algérien. Les montants  versés annuellement à la ville de Washington DC dans le cadre des charges foncières et des services    montrent clairement  que la base de  taxation municipale   est indexée  sur une valeur marchande  comprise entre 6 335 000  et  8 571 OOO  dollars USD. Pour donner une comparaison, la résidence de l’ambassadeur d’Égypte  coûte 1 210 000 USD. Selon l’Office of Tax and Revenue du District of Columbia, l’Algérie a payé en 2012  une somme de 46 230 dollars; cela  sans parler des taxes relatives au siège de l’ambassade et la résidence de l’attaché militaire.

En réalité, l’Algérie paie presque 95 000 dollars  en taxes municipales soit dix fois  ce que débourse un pays comme la Suisse. « L’ambassadeur suisse, est un homme modeste, il n’est pas venu à Washington prendre des vacances ou se permettre un standard de vie royal », répond-on, poliment dans les soirées mondaines quand nos diplomates ou leurs collègues du Golfe, en mal de visibilité, exposent leurs dépenses onéreuses.

Comme son homologue Chinois, le représentant suisse habite au niveau du siège de  sa représentation qui paie au même Disctrict Of Columbia  exactement 8292 dollars par année. Faites la différence avec le train de vie de nos chers diplomates algériens.

Mais  L’Algérie est une vache à lait. Les charges  énergétiques de la résidence de l’ambassadeur, sa nourriture et dépenses annexes équivalent  presque à l’éclairage public d’une ville 6000 habitants en Algérie,  comme le démontrent les consommations d’électricité à l’ère de Monsieur Driss al Jazairi, personnage fantasque pour qui éteindre les lumières est un acte quelque peu dégénéré. Les factures énergétiques de la résidence de l’ambassadeur  totalisent  4 fois ce que paie l’ambassadeur d’Allemagne  et  3 fois ce que règle l’ambassadeur du Royaume de Suède à son fournisseur en électricité : Potomac Electric Power. D’ailleurs, pour amortir davantage ses dépenses, la Suède compte louer les deux étages supérieurs de son ambassade.

A travers ces charges, on découvre le coût exorbitant   assuré par l’Etat algérien  pour le compte d’une seule personne : son ambassadeur à Washington qui, à l’image de ses prédécesseurs d’ailleurs, n’a pas capté un seul vrai projet utile à notre pays.

Pour mettre au clair l’insondable  extravagance de cette gabegie, un petit calcul annuel fait à partir du salaire de l’ambassadeur, du bonus versé à son épouse et  des primes mises à sa disposition pour des opérations exclusives, additionnés au  coût de la résidence et les charges couvrant le personnel domestique affecté à ses besoins, démontre que nos sommes au-delà du million de dollars. L’attaché militaire, quant à lui,  n’est pas en reste.

Il revient à plus de 700 000 dollars par an à l’Etat algérien bien qu’il soit difficile  d’avoir le coût supplémentaire de certaines opérations vu le caractère presque clandestin de ces transactions.  La comptabilité du Bureau militaire  au niveau de notre ambassade  de Washington est une affaire de famille. A une certaine époque, il fallait être  proche de l’ex Général Chaabane Ghodbane de Soug Naamane, 45 km du Général Bectchine (Oued Seggane),  pour s’occuper des finances du bureau militaire ou encore un protégé du Général Lamari pour qu’on  vous réserve  le poste d’attaché des forces aériennes à Washington DC.

Il  n’est pas nécessaire  d’aller bien loin pour découvrir la nature d’un fonctionnement de reclassement clanique. En observant le ministère des affaires étrangères, on vérifie mieux que dans d’autres secteurs à quel point  le peuple algérien fait face à des gens dont le patriotisme se résume au poste, au salaire, à l’avenir de leurs enfants et à un train de vie de standing princier. En 1806, Thomas Jefferson avait déjà bien analysé cette engeance quand il recevait l’envoyé du Bey de Tunis au Yard maritime de la rivière Anacostia, Washington. L’analphabète de Tunis, en l’occurrence  Sidi M’hamed Lemlimli,  portait des habits en  soie garnis de diamants et d’or. Jefferson avait enfilé des pantoufles trouées d’où sortaient  ses  orteils en plein  novembre. Une façon  de  dire au diplomate inculte : à Washington on travaille, on ne vole pas…

Mais ce qui est encore plus choquant  dans la résidence de l’ambassade d’Algérie à Washington, auparavant, rappelons le, demeure du président Lyndon Johnson, c’est le dépouillement de tout ce qu’elle contenait d’original et d’authentique. Lors de l’achat de la propriété parHouari Boumédiène, vraisemblablement orienté par l’influent et discret lobbyiste Messaoud Zeggar, la résidence était garnie de tapis, de très jolis vases, de bibelots, de tableaux, de chandeliers,  de quelques meubles anciens, de bahuts de style,  de vaisseliers  et de  beaux pots pour les fleurs et les roses.

Plus rien ne subsiste aujourd’hui : une spoliation graduelle a fait de cette riche propriété un  désert des Tartares.  Des fonctionnaires corrompus sont allés jusqu’à prendre même les poignées originales des portes et mettre à leur place  une quincaillerie lugubre achetée au marché aux puces de l’armée du Salut (Salvation Army Stores). Lyndon Johnson (1908-1973) aurait, peut-être, réfléchi à deux reprises avant de céder une demeure meublée et achalandée avec goût   s’il avait su que  ses vases de  décoration allaient quitter The Elms pour se trouver du côté de Frenda (Tiaret)  ou de Mascara… C’est tout simplement scandaleux.

Par Larbi Zouaimia, universitaire et blogueur  

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