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lundi, juin 5, 2023

Enquête Exclusive – Le Business florissant et hors la loi de l’opération de la cataracte en Algérie

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La cataracte est l’opacification du cristallin, qui est responsable d’une baisse progressive de la vue. Elle s’accompagne souvent par des éblouissements, la perte d’éclat des couleurs et l’impression d’avoir « un voile devant l’œil ». Elle concerne en général les deux yeux avec un décalage de quelques années.

La cataracte est généralement liée au vieillissement, elle concerne une personne sur cinq à partir de 65 ans et plus d’une sur deux après 85 ans, mais elle peut tout aussi bien toucher des personnes plus jeunes, comme elle peut être congénitale.

La chirurgie de la cataracte consiste à prélever le cristallin opacifié pour le remplacer par un implant, qui est une lentille synthétique, afin de rendre aux patients une qualité de vision de loin comparable à celle qu’ils avaient avant.

Il faut savoir que l’opération de la cataracte est l’opération des yeux la plus pratiquée au monde, le remplacement du cristallin est devenu l’acte chirurgical le plus pratiqué en ambulatoire et dure rarement plus de 20 minutes.

Plus de 700 000 interventions par an sont pratiquées en France, soit environ 350 000 patients opérés en 2013.

En Algérie, ce sont entre 150.000 à 200.000 patients qui se font opérer annuellement depuis le développement et la maitrise des techniques de chirurgie-ophtalmiques suite aux différents programmes de mise à niveau, qui ont permis à nos hôpitaux de s’équiper en matériel moderne.

«Ces deux dernières années, beaucoup d’hôpitaux ont été pourvus de toutes sortes de machines pouvant prendre en charge ces maladies oculaires. Sans oublier la volonté de l’université de développer la qualité de la formation des médecins qui se sont perfectionnés. En plus des congrès organisés par la société algérienne d’ophtalmologie et les différentes associations activant dans le domaine» avait, déjà en 2009, indiqué le Dr MOHADEBINE, à la tête d’un service d’ophtalmologie dans le privé.

Il faut savoir qu’il existe plusieurs types d’implants : Les implants monofocaux, qui sont les plus répandus. Grâce à ces lentilles, les patients retrouvent une vision de loin nette mais ont, en revanche, besoin de lunettes pour voir de près et à des distances intermédiaires.

Les implants multifocaux, supposés pallier au problème de la vision de loin, mais avec des effets secondaires considérables tels l’éblouissement nocturne ou une mauvaise vision en lumière faible.

Les implants à champ de vision étendu, qui corrigent les aberrations visuelles observées avec les implants multifocaux, les patients retrouveraient la vision qu’ils avaient avant d’être presbytes, et bien d’autres encore…

L’équipe d’Algeriepart a mené des investigations sur les pratiques menées dans ce secteur.

Nous avons été surpris par le comportement de quelques praticiens qui salissent l’image de cette noble profession qu’est la médecine.

Nous vous laissons apprécier les premiers résultats de notre enquête.

 

Un acte chirurgical  »au noir »

 

Que cela soit dans les cliniques privées ou certains cabinets, les montants pour une opération de la cataracte varient entre 80.000 et 100.000 DA pour chaque opération, l’implant ne dépassant pas 10.000 DA.

L’opération se paie cash et sans qu’aucun des centres que nous avons contacté n’émette la moindre facture…

L’opération de la cataracte cristallise un montant de plusieurs Milliards de Dinars par an.

Il est étonnant que les services des Ministères du Commerce, des Finances ou de la Santé n’aient pas pris des mesures contre cette fraude généralisée ou ni la TVA n’est collectée pour le Trésor Public, ni une facture n’est émise et encore moins les agréments de ces centres de santé ne soient remis en cause.

Les médecins concernés ont créé un marché noir dans un secteur sensible, censé être hautement réglementé.

 

Une différence de prix dans l’opération de la cataracte ?

 

Algeriepart a pu, par ailleurs, vérifier par téléphone que certains chirurgiens pratiquaient des prix moins chers pour la cataracte, ces prix oscillent entre 30.000 et 40.000 DA par acte chirurgical !

Nos sources nous ont assuré que certains médecins, peu scrupuleux, utilisaient des implants de moindre qualité, malgré l’inscription de ces produits dans la nomenclature des matériaux médicaux du Ministère de la Santé.

Ils seraient même distribués au niveau des opticiens sans aucune vérification par les services concernés à priori, ni par les autorités médicales à posteriori.

 » Ces implants de mauvaise qualité sont acquis à l’étranger, ils sont souvent d’origine Indienne et coûtent moins de 10 dollars avec un faux marquage CE (Communauté Européenne)’’ nous a indiqué une autre source médicale.

Le Président de L’Association des Ophtalmologistes Privés Algériens (AOPA), le Docteur CHAHOUA, avait tiré la sonnette d’alarme il y a plus de deux années »il est aujourd’hui urgent de mettre en place des mesures rigoureuses de contrôle et de s’assurer de la qualité de ces matériaux qui, normalement, doivent répondre à des normes bien précises et à des critères bien définis’’

L’utilisation de ces implants peut avoir de très graves conséquences pour l’œil du patient, alors pourquoi les pouvoirs publics n’ont pas mis en place un véritable contrôle sur ces produits ?

L’ordre des médecins est-il au fait de ces faits gravissimes ? Nous n’en doutons pas.

Nous avons tenté de contacter le Service de Communication du Ministère de la Santé pour obtenir des réponses, sur les mesures mises en place pour contrôler la profession, sur les raisons de la non prise en charge de cette opération par la sécurité sociale, sur la normalisation, la traçabilité et le suivi des implants… Personne n’était disponible.

Il est clair que le fonctionnement d’une clinique ou d’un cabinet médical doivent répondre à des exigences économiques, le matériel acquis doit être amorti, les charges de fonctionnement doivent être équilibrées…

Cela n’est pas incompatible avec une réglementation et un contrôle clairement établis où l’argent ne devrait pas être la finalité face à des actes de santé.

Est-ce également l’avis des pouvoirs publics ?

 

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