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jeudi, avril 25, 2024

Enquête. Crise politique et financière : pourquoi l’Algérie commence à ressembler dangereusement au Vénézuela

Crise politique de plus en plus aiguë avec un risque élevé de confrontation entre des manifestants pacifiques et un système policier, crise sociale avec des grèves successives et des protestations au sein de plusieurs secteurs professionnels, cherté excessive de la vie, inflation galopante, effondrement du pouvoir d’achat des consommateurs, chute permanente de la valeur de la monnaie nationale, panne de la production nationale, chômage massif des jeunes, risque élevé de faillites des entreprises privées et entreprises étatiques totalement déficitaires, l’Algérie de 2021 commence à ressembler étrangement au Vénézuela de 2017 et 2018 qui a fait totalement faillite et subit l’une des pires crises économiques mondiales. 

Les indicateurs économiques, sociaux et financiers ne trompent pas. L’Algérie est en train d’emprunter le même chemin que le Vénézuéla. Et le régime algérien fait exactement les mêmes erreurs que le pouvoir vénézuélien : commettre des bêtises irréparables dans le secteur pétrolier. En effet, tout comme le Vénézuela, l’Algérie est en train de s’effondrer économiquement et financièrement à cause de sa très mauvaise politique pétrolier. Explications.

Fin 2002, Petróleos de Venezuela SA (PDVSA), la Sonatrach du Vénézuela, qui pompe alors 3 millions de barils par jour, est secoué par une grève : le défunt président Hugo Chavez licencie des milliers d’employés qualifiés. Et, puisque « le pétrole appartient aux Vénézuéliens », il rompt en 2007 avec les majors (Total, BP, ExxonMobil…) exploitant le brut extra-lourd de l’Orénoque. La production tombe à 1,5 million de barils en 2018. Jusqu’à ce que Washington interdise à PDVSA d’utiliser le dollar et oblige sa riche filiale américaine Citgo à verser ses revenus sur un compte bloqué aux Etats-Unis. Prise à la gorge, la société ne peut entretenir ni puit ni raffinerie, et la production s’effondre à 620 000 barils à partir de 2019. A partir de 2020, la production pétrolière du Vénézuela s’effondre encore davantage à cause de la pandémie de la COVID-19 et son impact sur les marchés pétroliers mondiaux. La production quotidien du Vénézuela est d’à peine 578 mille barils de pétrole. Une véritable chute en enfer qui aggrave la situation financière catastrophique du Vénézuela largement dépendant des hydrocarbures. Tout comme l’Algérie, les exportations pétrolières de la compagnie d’État PDVSA assurent 95 % des exportations et plus de 90 % de ses recettes en devises.

La seule différence entre les deux est au niveau de l’état des réserves prouvées de pétrole. Les réserves de pétrole au Venezuela sont parmi les plus importantes du monde, mais le type de pétrole qu’on y trouve est plus cher à extraire que celui de l’Arabie Saoudite. L’Algérie dispose de réserves pétrolières totalement ridicules et dérisoires par rapport au Vénézuéla.

L’Algérie détient officiellement des réserves prouvées de 12,2 milliards de barils au début de l’année 2018, certifient les derniers rapports de l’EIA (Energy Information Administration). Ceci dit, l’exploitation de la plupart de ses réserves nécessitent des investissements colossaux d’autant plus qu’il s’agit en bonne partie de ressources importantes de pétrole et de gaz de schiste.

Mais si les réserves du Vénézuela sont si importantes, pourquoi le pays s’est effondré économiquement et financièrement ? Tout a commencé avec les difficultés financières croissantes de PDVSA. Elles remontent à 2003-2004 lorsque le président Hugo Chavez a décidé de transférer la majorité des recettes de PDVSA vers le budget de l’Etat afin de financer les missions sociales bolivariennes, plutôt que d’investir pour garantir la compétitivité de l’appareil productif de l’entreprise.

L’insuffisance d’investissements ne remettait pas en cause la viabilité financière à moyen terme de PDVSA tant que le prix du baril de pétrole était élevé, au-dessus de 100 USD. Le coût de production d’un baril au Venezuela, qui est parmi les plus importants au monde, autour de 23,50 USD contre environ 10 USD dans les pays de la péninsule arabique, était largement couvert. La baisse du prix du baril à partir de mi-2014 a entraîné une baisse de la production massive dans le pays et une réduction des marges de l’entreprise qui s’est répercutée directement sur la capacité d’intervention budgétaire de l’Etat.

Jusqu’à présent, PDVSA continue de payer rubis sur l’ongle ses détenteurs d’obligations, c’est pourquoi 80% d’entre eux en rachètent lorsqu’elles arrivent à échéance. D’ailleurs, la compagnie a confirmé cette semaine le paiement des intérêts pour les obligations arrivant à échéance en 2021, 2024, 2026 et 2035. L’entreprise continue d’entretenir l’illusion de sa bonne santé financière, mais c’est trompeur. Elle est à court de liquidités. Elle continue de rembourser les détenteurs d’obligations afin de ne pas couper le flux de financement de l’Etat vénézuélien mais est incapable de payer les entreprises prestataires étrangères auxquelles elle fait appel.

Pour repousser le problème à plus tard, depuis 2015, PDVSA a recours massivement à divers instruments financiers, notes de crédit et papier commercial, pour solder les factures en suspens avec les entreprises étrangères, comme General Electric. Ces instruments sont peu liquides et comportent deux avantages principaux. Pour PDVSA, ils offrent à l’entreprise un répit supplémentaire pour rembourser ses créanciers, pouvant aller jusqu’à six ans. Pour ses créanciers, ils peuvent faire valoir leurs droit en cas de non-paiement auprès d’une organisation internationale indépendante, la Chambre de commerce internationale, dont le secrétariat se trouve à Paris, et qui peut décider d’une saisie des biens de PDVSA.

Toutefois, une décote de ces titres parait inévitable à terme. Ils ont été émis à hauteur de 310 millions de dollars en 2015. Cette année, PDVSA prévoit de négocier avec des banques européennes pour émettre des notes de crédit pour un montant de 1,5 milliard USD à échéance trois à cinq ans. Le recours de plus en plus important à ces instruments financiers est le signe incontestable de la dégradation rapide de la santé financière de PDVSA. L’entreprise a en fait déjà fait défaut, au moins vis-à-vis de ses partenaires industriels. Si PDVSA chute, c’est le Venezuela qui s’effondre dans la minute. En phagocytant et en malmenant l’appareil productif de l’entreprise, l’Etat a détruit la seule industrie capable d’assurer l’avenir économique du Venezuela. Bien qu’il possède les premières réserves prouvées de pétrole au monde, le Vénézuéla s’est mis en défaut de paiement dés la fin de l’année 2016.

Ces erreurs catastrophiques, l’Algérie est en train de les produire sur son propre sol. En effet, le régime algérien empêtré dans ses crises politiques internes et son instabilité chronique, a lui aussi phagocyté la production nationale des hydrocarbures en sabotant la stabilité de Sonatrach et en empêchant la bonne gouvernance au niveau de son management.

Il faut savoir aujourd’hui que  la production pétrolière algérienne est devenue si faible et si dérisoire qu’elle ne peut permet nullement à notre pays d’exporter des quantités importantes de barils de pétrole pour encaisser des nouvelles recettes en devises. Comme il a été expliqué récemment par Algérie Part, la production pétrolière algérienne oscille entre 864 mille et 874 mille barils de pétrole par jour, un seuil historiquement bas, nous apprend aussi le bulletin de statistiques du mois de février 2021 du secrétariat général de l’OPEP. Avec le Congo et la Guinée Equatoriale, l’Algérie est devenue le 3e pays le plus faible de tous les membres de l’OPEP à l’exception du Vénézuela dont la production pétrolière a été totalement ébranlée par l’embargo américain.

Avec un tel niveau de production l’Algérie ne peut guère se permettre d’exporter une quantité appréciable de barils de pétrole. Et pour cause, la forte consommation intérieure et nationale qui s’approprie de presque la moitié de la production pétrolière. En effet, depuis 2019, plus de 447 mille de barils de pétrole par jour sont dédiés à la consommation intérieure, à savoir le raffinage en carburants et produits pétroliers consommés par le marché intérieur. De tous les 14 pays membres de l’OPEP, l’Algérie est l’un des pays qui dispose de la plus forte consommation intérieure du pétrole brut.

Il faut savoir que l’Algérie consomme autant de carburants et de produits pétroliers, comme le bitume ou le goudron qu’un grand pays comme le Nigeria, peuplé par plus de 196 millions d’habitants, qui consomme plus de 469 mille barils de pétrole par jour. L’Algérie consomme trois fois plus de pétrole brut que l’Angola, un pays pétrolier de 30 millions d’habitants, dont la consommation intérieure se contente de 122 mille barils de pétrole par jour.

La Libye, l’autre important producteur de pétrole sur le continent africain, consacre, quant à lui, à sa consommation nationale à peine 214 mille barils de pétrole par jour.

Avec une consommation nationale aussi importante, l’Algérie ne lui reste qu’une petite partie pour les exportations. En 2019, l’Algérie exportait en moyenne 506 mille barils de pétrole par jour. Or, 2020, cette moyenne a beaucoup baissé à cause des bouleversements provoqués par la pandémie de la COVID-19 et la réduction drastique de la production quotidienne de pétrole conformément aux dispositions de l’Accord OPEP+ du 12 avril 2020.

Avec une production moyenne de 840 mille barils par jour, l’Algérie peut à peine exporter 400 mille et quelques de barils pour conserver la moitié de sa production dans le but de satisfaire sa consommation nationale qui a repris avec la levée progressive des mesures du confinement sanitaire. Avec une telle quantité de barils exportés, l’Algérie gagnera peu, très peu de devises et ne profitera pas de cette embellie

Tout comme le Vénézuela, l’Algérie a négligé l’investissement production dans l’outil de production et du forage pétrolier. Elle a également abandonné l’investissement dans les efforts d’exploration et d’exploitation de nouveaux gisements pétroliers. Et comme les anciens gisements sont en train de se tarir et les réserves prouvées diminuent de plus en plus faute de découvertes de nouvelles importantes réserves, l’Algérie ne peut plus produire au delà d’un million de baril de pétrole par jour. Et cette production est en chute régulière d’une année à un autre. En 2019, à cause de l’instabilité politique, la Sonatrach n’a fait aucune avancée notable en matière de découvertes de nouveaux gisements et d’amélioration de la production des gisements en activité.

Et en 2020, la nouvelle direction générale de Sonatrach, a totalement saboté l’outil de production national en gelant totalement les investissements dans le forage et les travaux d’exploration ainsi que l’entretien des anciens gisements. Le résultat fut catastrophique puisque la production a encore chuté et elle peine à se redresser jusqu’à aujourd’hui encore en raison des multiples problèmes techniques rencontrés au niveau des plateformes pétrolières de Sonatrach dans les régions du sud du pays. Cette mauvaise politique et ses erreurs dramatiques dans la gouvernance du secteur le plus stratégique du pays a privé l’Algérie de profiter de cette inespérée embellie financière.

On le voit bien, le Vénézuéla et l’Algérie partage de nombreux points communs. Les deux régimes en place dans les deux pays ont produit les mêmes bêtises en sacrifiant la production nationale des hydrocarbures à leurs agendas politiques et en chassant les véritables compétences nationales qui peuvent assurer la rentabilité de ce secteur clé qui constitue plus de 90 % des recettes en devises pour les deux pays. Tout comme le Vénézuéla, l’Algérie vit une profonde crise politique depuis 2019 et le pouvoir en place est rejeté massivement par des pans entiers de la population. Et tout comme le Vénézuéla, le régime algérien refuse l’alternance au pouvoir et s’entête à bloquer les réformes démocratiques exigées par la population.

La seule différence entre l’Algérie et le Vénézuéla est l’exposition aux sanctions américaines décidées contre le pouvoir vénézuélien par l’administration de la Maison Blanche depuis 2017. Les États-Unis imposent des sanctions contre des personnes, des entreprises et des entités du monde pétrolier associées à l’ancien régime Maduro, à la fois à l’intérieur et à l’extérieur du Venezuela. Les sanctions américaines sont conçues de manière à empêcher Maduro et ses acolytes de profiter de l’exploitation minière, d’opérations pétrolières publiques et d’autres transactions commerciales qui faciliteraient les activités criminelles du régime ainsi que ses violations des droits de l’Homme.

Le régime algérien demeure, pour le moment, toléré et accepté par les puissances mondiales et ne fait l’objet d’aucune sanction économique ou politique. C’est la seule différence qui existe entre les deux pays. Autrement dit, si politiquement la situation est beaucoup plus grave au Vénézuela, économiquement et financièrement, l’Algérie se rapproche de jour en jour du terrible scénario vénézuélien..

 

 

 

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13 تعليقات

  1. Si les USA, les europeens et autres racistes et colonialistes sont vraiment actif pour detruire un peuple et pays comme le Venezuela, cala est une preuve que ca n’a rien a avoir avec l’Algerie des generaux genocidaires. Les generaux genocidaires sont soutenu par les USA, les europeens et toutes la faunes mondiale racistes et colonialistes.

  2. @Mouloud,

    Si les USA, les europeens et autres racistes et colonialistes sont vraiment actif pour detruire un peuple et pays comme le Venezuela, cala est une preuve que ca n’a rien a avoir avec l’Algerie des generaux genocidaires. Les generaux genocidaires sont soutenu par les USA, les europeens et toutes la faunes mondiale racistes et colonialistes.

  3. Low ji,

    Si les USA, les europeens et autres racistes et colonialistes sont vraiment actif pour detruire un peuple et pays comme le Venezuela, cala est une preuve que ca n’a rien a avoir avec l’Algerie des generaux genocidaires. Les generaux genocidaires sont soutenu par les USA, les europeens et toutes la faunes mondiale racistes et colonialistes.

  4. Le seul clivage qui importe pour l’Algérie est très simple, mais on prend un malsain plaisir à chercher l’oreille qu’on a sous la main à l’autre extrémité !
    Nous n’avons qu’une alternative :
    Soit on plébiscite la DICTATURE-ASKARIA-HOGGRA, on nomme un général président et basta !
    Ou bien, y’en a marre, on change pour la DEMOCRATIE-DROIT-JUSTICE, un mode de gouvernance civilisé.
    Mais de grâce, arrêtons de s’envoyer sur la figure de faux clivages stériles, tels arabité, amazighité, islam…
    Pour moi, l’amazighité et l’islam sont les deux faces de la même pièce de la personnalité algérienne, autrement dit,
    le physique et le moral. Nous avons tous des racines amazighes et partageons tous quasiment l’islam comme religion.
    Nous pouvons admettre qu »il y a parmi nous des arabisants et des francophones mais nous ne sommes pas arabes.
    Au final, notre problème c’est le choix du mode de gouvernance et basta !
    Dictature actuelle ou Démocratie avenir !
    Et arrêtons de perdre notre temps !

  5. @boussad.
    Tu décris un scénario idyllique sauf que tu te trompes de pays pour deux raisons:
    1/Nos démocrates pr0nent la démocratie dans les salons, ils sont totalement absents sur le terrain, les beaux quartiers d’Alger ne sont pas l’Algérie. Ils seront les premiers à demander l’intervention de l’armée après des elections libres (dixit 1992)
    2/Depuis 1971, l’École algerienne a fait des ravages, elle détruit tout esprit critique, on conditionne nos enfants , ils croient plus aux djins, bourourous qu’en la science . La majorité des produits de l’école algérienne sont incapables de tenir un discours cohérent, structuré. Je suis agé , à notre époque, on appelait l’école fondamentale « fawdha mentale »

  6. Soyons lucides, depuis 62 nous avons les mêmes personnes au pouvoir, ils étaient et ils sont dans l’incapacité de faire bouger le pays économiquement d’un iota. Pourquoi? Parce que un âne n’a jamais gagné le prix d’Amérique ni l’arc de triomphe, sinon ça saurait. La situation de l’Algérie est bien pire que celle du Venezuela, contrairement à eux , nous nous continuons à exporter le peu de pétrole et de gaz qui nous reste, alors qu’ils subissent l’embargo américain. Pauvre de nous et pauvre Algérie.

  7. C’est sûr que c’est le rêve suprême de tous les revanchards de votre espèce.
    Je n’ai jamais vu des gens qui veulent le mal pour leur pays comme cette race de sous-hommes.
    L’Algérie, quand tu la suçait jusqu’à la moelle avec ton parrain Tahkout, tu étais content et maintenant que tu a été éjecté de la vache à lait, tu souhaites qu’elle sombre dans le chaos. Vous utilisez à merveille le raisonnement : « Après moi c’est le déluge ».
    Ne vous en déplaise, l’Algérie restera toujours debout car elle est protégé par le sang des martyrs qui a coulait partout dans ces villes, villages et compagnes.