Il ressort des résultats de notre enquête que c’est plutôt les nouvelles entreprises pour qui la corruption constitue un obstacle, plus l’entreprise est ancienne est moins la corruption a un effet néfaste sur le fonctionnement de l’entreprise (les anciennes entreprises s’adaptent à l’environnement au fils du temps).
Selon la taille, il ressort que la corruption constitue plus un obstacle pour les petites entreprises, plus la taille est importante moins est perçue la corruption comme obstacle.
Cela est problématique compte tenu du fait que le tissu économique en Algérie st constitué essentiellement de petites et moyennes entreprises.
Nous avons contrôlé aussi par secteur d’activité de l’entreprise, il ressort que celles qui considèrent que la corruption est un obstacle pour le fonctionnement et la croissance de l’entreprise sont les entreprises qui exercent dans les TIC, suivies par celles qui exercent dans le secteur de la confection.
En effet, la corruption constitue un obstacle 14 fois plus pour les entreprises qui exercent dans les TIC par rapport aux autres secteurs d’activité. Le rapport est de 4 fois plus pour celles exercent dans le secteur de la confection. Les entreprises les plus modernes qui possèdent de certificats de qualité sont 2 fois moins confrontées à l’obstacle de la corruption par rapport à celles qui ne possèdent pas un certificat. Nous trouvons un résultat similaire pour les entreprises exportatrices.
Les entreprises exportatrices sont 1,4 fois moins confrontées par rapport aux entreprises qui
n’exportent pas. Les résultats de l’estimation concernant la question posée sur le fait que l’adhésion à une association (quel que soit le type d’association) soit une protection des
effets négatifs de la corruption montre que les entreprises qui ne sont affiliées à aucune association (Association professionnelle, Association patronale, Chambre de commerce, Club d’entreprises, Chambre d’artisanat et des métiers,..) sont plus confrontées (2,47 fois plus) à la corruption comparativement aux entreprises qui adhèrent à une association.
Concernant l’effet de l’informalité sur le fonctionnement de l’entreprise, il ressort que les entreprises qui sont le plus concurrencées par le secteur informel sont les plus confrontées
à l’obstacle de la corruption. Selon la région d’implantation de l’entreprise, il ressort que la corruption constitue plus un obstacle dans les régions du Nord pays.
L’exploitation de l’enquête de la Banque Mondiale sur le climat d’investissement et la compétitivité des entreprises, nous permet de constater qu’à l’instar des autres pays (même les plus puissantes économies), l’accès au financement, notamment à moyen et à long terme, est le principal obstacle qui bloque le développement de l’entreprenariat. La concurrence déloyale du secteur informel et la corruption constituent des contraintes importantes en
Algérie.
Par ailleurs, en utilisant la même enquête, nous avons essayé dans ce travail de capter les caractéristiques des entreprises algériennes qui sont le plus confrontées à l’obstacle de « la corruption ».Il en ressort des analyses que les entreprises pour lesquelles la corruption constitue un obstacle sont : des entreprises récemment crées, des entreprises de petites tailles, des entreprises qui exercent dans les TIC, des entreprises non exportatrices, qui ne possèdent pas des certificats de qualité, qui n’adhèrent à aucune association, celles qui sont les plus concurrencées par le secteur informel et les entreprises localisées dans la région du
Nord du pays.
Depuis quelques années, l’Etat Algérien déploie de plus en plus d’efforts pour soutenir la création d’entreprise et met en place de nombreux programmes de soutien et de mise à niveau pour améliorer la compétitivité des entreprises et promouvoir le produit national. Accroître l’efficacité des institutions et limiter la corruption figurent aujourd’hui parmi les priorités de l’Etat Algérien.
Malgré ces efforts, les contraintes institutionnelles restent relativement importantes, l’Algérie doit créer un environnement institutionnel plus propice à la création et au développement de l’entreprise en réduisant les contraintes actuelles notamment celles liées à la création d’entreprise et à leur pérennisation visant ainsi à promouvoir le développement économique.
Ce texte a été tiré de l’enquête réalisée par SAMI Lylia et LASSASSI Moundir, enseignants à l’Ecole préparatoire en sciences économiques commerciales et sciences de gestion (DRARIA, Alger) et au Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (CREAD)