En à peine un mois et demi, Sonatrach, la principale source de devises pour toute l’Algérie, a subi trois énormes incidents provoquant des pertes matérielles et financières importantes. Le 3 septembre dernier, deux incidents ont provoqué d’importantes fuites de grosses quantités de pétrole dans la région d’El-Oud au niveau du tube Ok1 reliant le bassin rouge (Hassi Messaoud) et Skikda. Le jeudi 15 octobre dernier, un autre pipeline a éclaté dans la région de Touggourt provoquant le déversement et les fuites dans la nature d’une quantité considérable de pétrole. Et hier mercredi 21 octobre, c’est un centre de production et de traitement des hydrocarbures d’El Merk dans le bassin de Berkine qui a été secoué par une forte explosion ayant endommagé totalement son four et soulevant ainsi une énorme vague de frayeur au sein des travailleurs de Sonatrach.
Le troisième incident est le plus grave car il touche au coeur de la production des hydrocarbures du projet El Merk dont la capacité de production actuelle tourne autour de 100 mille barils par jour. Le gisement El Merk est le deuxième plus grand gisement de pétrole d’Algérie après celui de Hassi Messaoud. En 2013, Sonatrach et son partenaire la compagnie américaine Anadarko ont investi pas moins de 3,5 milliards de dollars pour exploiter les potentiels prometteurs de ce gisement.
Sonatrach ambitionnait de permettre à ce gisement de produire à terme, 127 000 barils/jour de pétrole et de condensat et 30 000 b/j de GPL. Le gisement El-Merk est situé à 350 km de Hassi-Messaoud. Sonatrach et Andarko ont prévu que le projet porte sur le forage de 141 puits alors qu’ils ont débuté par 96, mais seul 53 puits ont alimenté au départ en 2013 les deux trains d’huile déjà en service. La forte explosion d’hier mercredi soir a retenti au niveau d’un four de l’usine de traitement (CPF) construit par le britannique PETROFAC pour 2,3 milliards de dollars. Ce complexe de production est destiné à la production de pétrole et de gaz de pétrole liquéfié (GPL) avec un train de GNL d’une capacité nominale de 600 millions de pieds cubes standards par jour.
Il comprend plusieurs installations hyper-sensibles comme les deux trains pétroliers, les compresseurs à gaz associés et les unités d’injection de gaz. Ce complexe de production a été développé pour construire les installations de surface nécessaires à l’exploitation des réserves liquides d’hydrocarbures des réservoirs des blocs 208 et 405a du bassin de Hassi Berkine exploité par Sonatrach et Anadarko. Lors de la construction de ce site, plus de 1 000 km de câbles électriques ont été posés, ainsi que 1 200 km de câbles d’instruments et 225 km de câbles télécoms. 8 000 ouvriers ont travaillé sur le chantier de ce complexe de production de 2009 jusqu’à 2017, date sa réception définitive.
Aujourd’hui, Sonatrach devra sortir le chéquier pour financer la réparation des dégâts causés par une explosion brutale et violente inattendue. Les réparations coûteront plus de 500 millions de dollars à cause de l’immobilisation du complexe de production qui risque de s’étaler jusqu’à 6 mois, selon nos sources. Des pertes qui se rajoutent à celles encaissées déjà en 45 jours à Touggourt et El-Oued après les explosions des deux pipelines de Sonatrach. C’est une véritable saignée financière pour la compagnie nationale des hydrocarbures qui a d’ores et déjà perdu plus de 10 milliards de dollars à cause du recul de ses recettes d’exportations des hydrocarbures depuis le début de la crise sanitaire du coronavirus COVID-19.
Derrière ces incidents, nous retrouvons à chaque fois des fautes de négligence, des défauts de maintenance ou des défaillances criantes au niveau du management de Sonatrach. Comme à chaque fois, les hauts responsables de l’actuelle direction générale de Sonatrach versent dans la fuite en avant et refusent d’assumer leurs fautes. Le gouvernement algérien assiste les bras croisés à la destruction progressive du joyau de l’économie nationale, voire son seul poumon : Sonatrach. Le PDG de la compagnie Toufik Hakkar est incapable de diriger un groupe de cette envergure et ses erreurs de management coûtent de plus en plus cher à Sonatrach. Aucun autre manager ayant occupé par le passé ce poste n’a généré autant de dégâts et de contre-performances.
A l’amont, production et exploration, comme dans le Transport par Canalisations (TRC) ou dans la direction commerciale, Toufik Hakkar a imposé des dirigeants aux compétences très limitées manquant cruellement d’expérience professionnelle pour relever les défis de l’actuelle conjoncture. A ce rythme, Sonatrach se dirige vers l’abîme à cause de cet amateurisme qui prévaut au plus haut niveau de la pyramide de son management. Le Premier-ministre, Abdelaziz Djerad, laisse faire ce « massacre » et refuse d’agir. Le Président Abdelmadjid Tebboune laisse faire également cette mascarade qui se transforme en un énorme gâchis financier pour l’Algérie. Ils sont tous complices d’une profonde crise de régression que l’Algérie regrettera dans un futur proche, très proche.
Vous vous demandez ou va la Sonatrach et bien entre le profit de la nomenklatera et les pertes par explosion ELLE VA A LA RUINE.