Entre 2011 et 2019, une mystérieuse société privée a obtenu de nombreux marchés publics auprès de NAFTAL, la filiale du groupe Sonatrach chargée de la distribution des carburants et produits pétroliers. Or, ces marchés publics qui sont chiffrés à plusieurs dizaines de milliards de centimes ont été excessivement surfacturés au profit de cette société privée qui est finalement dirigée par un prête-nom fictif utilisé par l’entourage de l’ex-DG de NAFTAL, Belkacem Harchaoui.
Algérie Part a obtenu au cours de ses investigations plusieurs documents exclusifs qui démontrent et prouvent ces pratiques immorales et illicites. Il faut savoir que cette société privée s’appelle ETHBP Benferhat Kheira et son fonctionnement est très opaque. Sa propriétaire est une certaine Benferhat Kheira âgée de plus de 60 ans qui n’a aucune relation avec le domaine du bâtiment et les travaux publics. Une personne âgée déconnectée des enjeux de la vie économique. Les mouvements sur ses comptes bancaires indiquent une activité très dérisoire. Mais elle appartient officiellement à la soeur d’un ami très proche de l’ex-DG de NAFTAL, Belkacem Harchaoui. Ce dernier était le DG de NAFTAL entre le 10 juin 2019 et le 4 février 2020. Auparavant, Belkacem Harchaoui dirigeait la compagnie aérienne Tassili Airlines et son bilan à la tête de cette compagnie aérienne, filiale du groupe Sonatrach, est totalement catastrophique. Entre le 26 novembre 2015 et le 10 juin 2019, Belkacem Harchaoui s’est distingué par une mauvaise gestion et des pratiques occultes qui ont plongé Tassili Airlines dans la médiocrité et les dysfonctionnements répétitifs provoquant ainsi la colère de ses passagers à maintes reprises.
Mais personne ne pouvait réclamer des comptes à Belkacem Harchaoui parce que ce dernier s’est offert une immunité en recrutant en 2018 le fils de Nourredine Bedoui, Réda Bedoui, comme pilote de ligne à Tassili Airlines alors que le fils de l’ex-ministre de l’Intérieur d’Abdelaziz Bouteflika a été recalé en 2017 de l’académie de formation CAE OXFORD, l’une des plus prestigieuses écoles de formation des pilotes dans le monde entier.
Ce favoritisme criant démontre que Nourredine Bedoui a largement profité de ses relations et de ses fonctions pour offrir à son fils une carrière qu’il n’aurait jamais pu rêver s’il était l’enfant d’un simple mortel algérien. Et en contrepartie de ce rêve réalisé, Belkacem Harchaoui s’était retrouvé propulsé PDG de l’une des plus importantes filiales stratégiques de Sonatrach. Mais auparavant, il était le directeur de Branche Carburants au sein de Naftal un poste qu’il avait occupé après avoir passé plus de 7 ans comme cadre dirigeant de NAFTAL.
Pendant toutes ces années, Harchaoui avait pris le soin d’introduire ses « connaissances » et « amis » au sein de NAFTAL. Et l’entreprise privée ETHBP Benferhat Kheira, basée à M’sila, a été largement utilisée par Belkacem Harchaoui et ses acolytes pour attribuer de nombreux marchés publics dans des conditions troublantes. Il s’agit notamment des marchés de rénovation et réhabilitation des infrastructures des centres carburants qui relevaient directement de la direction supervisée par Belkacem Harchaoui.
Plusieurs dizaines de milliards de centimes ont été ainsi dépensés par NAFTAL dans des marchés accordés et attribués à l’ETBHP Benferhat Kheira. La réalisation de ces marchés a rapidement suscité un énorme scandale qui avait été étouffé par la direction générale de NAFTAL. Au niveau du niveau de dépôt carburants à El-Harrach (Alger), cette société privée a été sélectionnée pour réaliser des travaux de rénovation qui ont été facturés à plus de 19 milliards de centimes. Mais, sur le terrain, le coût de ces travaux n’ont jamais dépassé les 5 milliards de centimes ! L’ancien directeur du dépôt de carburants d’El-Harrach avait, d’ailleurs, refusé le moindre chèque ou document pour procéder au paiement des prestations réalisées par l’ETBHP Benferhat Kheira.
Un audit interne au sein de NAFTAL a été engagé pour constater les anomalies et les procédés de surfacturation. Le rapport est accablant, mais il avait été enterré dans les tiroirs de la direction générale de NAFTAL. Et pendant ce temps-là, cette société privée l’ETBHP Benferhat Kheira a pu décrocher de nombreux autres marchés avec NAFTAL comme la réhabilitation du centre carburants d’El-Oued et aussi celui de Tissemsilt. En dépit des preuves accablantes de surfacturation dans le projet d’El-Harrach, aucun haut responsable de NAFTAL n’a daigné stopper les autres projets confiés à cette société privée.
Pis encore, à NAFTAL, celui qui dénonce la corruption finit par être sanctionné ou mis à l’écart. Ainsi, l’ex-directeur du dépôt carburants d’El-Harrach, un certain Kedjouh Mohamed Tahar, l’homme qui avait refusé de signer les ordres de paiement au profit de l’ETBHP Benferhat Kheira, après avoir été muté à Blida, il a été, plus tard, suspendu de ses fonctions. La direction générale de NAFTAL voulait en faire un exemple pour ceux et celles qui oseront encore s’opposer à ses marchés douteux.
