Créé en 1997, le groupe Sentrax qui appartient à la famille Allab, englobait en quatre unités : Sentrax Electronics et Upac Electronics, spécialisées dans l’électronique et les produits blancs, Sentrax Light pour la fabrication de lampes et Sentrax Télécoms qui s’occupe de téléphonie et de bureautique.
Le groupe, dont le siège se situait à la rue Didouche Mourad à Alger, disposait à l’époque de deux usines près la commune natale des Allab à Bordj Bou Arreridj et une autre plus récente à Oued Smar, dans la périphérie de la capitale algérienne.
Jusqu’en 2006 le groupe Sentrax, représentait la firme Samsung, et avait pris de grandes parts de marché de l’électronique en Algérie.
Sentrax Electronics est gérée en Algérie par Abdelhamid Allab, né en Décembre 1967 à Bordj Ghedir dans la Wilaya de Bordj Bouareridj, de même que Sentrax Energy Industry ou Sentrax Power Service.
Les trois frères, Nacereddine né en Octobre 1962 à Bordj Ghedir, Abdelhamid et Kheir Allab, né en Novembre 1965 à Bordj Ghedir, vont créer dans la ville de Prague en Tchéquie, la société Sentrax Trading, avec Marcela Allabova et Nahoui Med Cherif. Cette société sera dissoute au mois de Février 2020.
Dotée d’un capital de plus de 40.000 Euros, alors qu’il était initialement de près de 4000 Euros, la société avait été créée en Janvier 1994, avec pour objet social la revente de biens vers l’Algérie…
Pourtant, les lois algériennes interdisaient clairement à tous les ressortissants algériens résidents de créer, d’investir ou de reprendre des sociétés à l’étranger. Mais il semble que Kheir Allab n’ait pas tenu compte de ces règles.
En effet, au mois de Juillet 1996, Nacereddine et Kheir Allab vont créer Sentrax Trading International dans la capitale française Paris. Son objet est l’import-export de tous produits et objets de toute nature, et notamment ceux ayant trait à l’informatique, l’électronique l’électroménager, la communication…
La société, qui n’a ni locaux, ni ateliers ou usines, a fixé son siège au sein d’une société de domiciliations bien connue en France et a ouvert un compte bancaire à la Barclays Bank !
Quelques mois plus tard, ils accueillent de nouveaux associés que sont, leur frère Abdelhamid, commerçant en Algérie et de nationalité algérienne, mais également Mohamed Cherif Nahoui, commerçant né dans la même commune de Bordj Ghedir que les Allab, ainsi que Mohamed Messaoud Boubetra, commerçant né à Ain Taghrout dans la Wilaya de Bordj Bou Arreridj, tous deux également de nationalité algérienne.
Bien évidemment à cette époque, les lois algériennes interdisaient de manière stricte aux algériens résidents au sens fiscal du terme d’avoir des entreprises ou des biens à l’étranger.
Mais les Allab ont réussi à détourner les règles imposées à tous les algériens et ont pu investir à l’étranger et acquérir des biens immobiliers, et cela ne s’est incontestablement pas réalisé sans complices au sein de l’administration ou de soutien à l’intérieur même du pouvoir algérien.
Au mois de Mai 1999, Boubetra et Nahoui vont sortir de la société et céder leurs parts aux deux frères Nacereddine et Kheir Allab, qui quelques mois plus tard vont augmenter le capital de la société Sentrax Trading qui passera ainsi de 50.000 Francs à 200.000 Francs, et introduisent dans l’objet de la société le service, l’assistance et le conseil d’affaires.
Soulignons qu’a cette même époque, la société Sentrax a été citée dans une affaire de délit d’exercice illégal de la profession de banquier, s’agissant d’opérations à son profit opérés par la société Nikigold.
Photo de profil publique du compte Instagram de Kheir Allab
En effet selon la Justice française, au cours de l’année 1998 la société Nikigold avait, en contrepartie d’encaissement de chèques ou d’espèces en francs ou en devises, émis un chèque d’un montant de 98 000 francs (14 940 euros) à l’ordre de la société Sentrax Trading International qui exerçait une activité de négoce avec l’Algérie et effectué plusieurs virements sur les comptes de cette dernière à la Barclays Bank pour 51 000 dollars, 110 000 dollars et 58 538 Deutsche Mark.
Le responsable de la société Nikigold a expliqué que des clients algériens de la société Sentrax Trading International, non identifiés, remettaient à sa société Nikigold des espèces en francs ou en devises étrangères en échange du dépôt de chèques tirés à partir des comptes de Nikigold ou de transferts de fonds de ces mêmes comptes au bénéfice du compte bancaire de la société Sentrax Trading International.
Kheir Allab qui était gérant de cette dernière avait affirmé qu’il ne s’agissait pas d’opérations de change de devises mais bien du règlement de factures de vente à ses clients algériens par l’intermédiaire le bureau de change géré par la société Nikigold, qui a d’ailleurs été finalement condamné car avait agi illégalement… Soit !
Le 5 Juillet 2002, le capital de la société Sentrax Trading International va subir une nouvelle augmentation pour s’établir, sur décision des associés réunis en Assemblée Générale, à la somme de 64.500 Euros.
Le 20 Septembre 2004, le siège social de la société est transféré au domicile que viennent d’acquérir Kheir et Nacereddine Allab au Boulevard Lannes dans le 16ème arrondissement de Paris, avant de le réaffecter à nouveau, en Décembre 2005, au sein de la société domiciliatrice.
L’appartement acquis au Boulevard Lannes l’a été à travers la société Civile Immobilière (SCI) K2I, créée le 1er Avril 2013, avant l’introduction de Abdelhamid au capital de la SCI quelques jours après.
En Juin 2010, Allab va démissionner de la gérance de K2I et nomme Alain Allam Misery, de nationalité française né en Décembre 1964 à Meknès, qui en 2014 va céder ses parts à Feriel Benhamdine, de nationalité française née en Avril 1982 à El Biar, sur les hauteurs d’Alger qui va devenir gérante jusqu’à la fin de l’année 2015 ou elle sera de nouveau remplacée par Alain Allam Misery. Enfin, en Juillet 2021, Kheir cède la totalité de ses parts à son frère Nacerddine, ayant entretemps acquis la nationalité tchèque, Alain Allam Misery n’en conservant qu’une part sur les 1000 constituant la K2I.
Mais revenons à Sentrax Trading.
Au mois de Mai 2006, Kheir Allab démissionne de son poste de gérant, Issam Karoune, né en Avril 1982 à Bordj Bou Arreridj et de nationalité française, est nommé gérant de la société après avoir acquis la moitié des parts de l’entreprise par cession des parts d’Abdelhamid Allab.
En Février 2008, le siège de la société est de nouveau transféré au Boulevard Lannes alors que Kheir, redevient gérant et rachète les parts de Karoune Issam…
En Juillet 2009, rebelote. Kheir Allab, va de nouveau fixer le siège de l’Entreprise à l’adresse de la société domiciliatrice de l’avenue des Champs Elysées, avant de décider de dissoudre l’entreprise à la fin du mois de Juin 2010.
Depuis, Kheir Allab propose ses services à des sociétés étrangères pour les aider à prendre des marchés publics, alors que les lois algériennes interdisent le recours à des intermédiaires dans tous les appels d’offres algériens.
Il faut savoir que pour toutes les multinationales du monde, la commission d’un agent apporteur d’affaires est prélevée sur le marché acquis et dans le cas d’un marché public algérien, c’est donc le trésor public qui paie indirectement l’agent commissionné…
D’ailleurs la rémunération de ce dernier est le plus souvent indexée au montant du marché apporté, ce qui en Algérie est totalement interdit !
« Dans certains pays, de nombreuses sociétés étrangères ont recours à des »facilitateurs », alors qu’elles signent pourtant un engagement de non recours à des intermédiaires comme en Algérie. C’est surtout parce qu’elles savent pertinemment que le système fonctionne ainsi, quand il n’est pas encouragé par les hauts responsables en charge de la demande publique ! » Nous expliquera une source locale.
Est-ce ceci qui expliquerait que les autorités algériennes ne blacklistent pas systématiquement ces sociétés étrangères avec lesquelles les intermédiaires algériens fricotent ? Si tel est le cas, le changement n’est pas pour demain… La preuve !
En mars 2015, Allab figurait sur la liste des douze mis en cause, poursuivis tout en étant libres, dans le scandale de l’autoroute est-ouest. Il s’en était sorti blanchi par la Justice.
En Juillet 2018, Abdelhamid Allab va créer la société civile »IMO ALLIANCE » avec deux autres associés dans la région lyonnaise, pour acheter un terrain et y construire un immeuble avec des appartements cédés selon la procédure de Vente en l’Etat Futur d’Achèvement.
Une fois encore une entorse aux lois algériennes qui interdisent aux algériens résidents d’avoir des activités commerciales en dehors du Pays, sans l’accord de la Banque d’Algérie !
Mais qui couvre Kheir Allab et sa fratrie, les laissant agir en toute impunité, alors que nous avons vu dans la première partie de notre enquête, que souvent les sommes en jeu se chiffraient en Millions de dollars pour des opérations de lobbying au profit de sociétés Chinoises, Allemandes, ou encore Sud Coréennes ?
Pourquoi lorsque toutes ses affaires impliquant le clan des Allab, qui concernent de surcroit le marché algérien, sont portées devant des juridictions étrangères, elles ne sont jamais suivies par nos services de renseignement ou par notre justice ?
Une autre énigme non encore résolue !
Notre enquête s’oriente à présent, dans son troisième volet, vers une société pétrolière anglaise ayant des intérêts en Algérie, et les liens qu’entretiendrait son patron avec notre célèbre commissionnaire, entre Dubai, Paris et Alger.
À suivre !