Les surfaces irriguées à travers le monde, représentent 17% de l’ensemble des terres cultivées et elles assurent 40% de la production alimentaire mondiale. Officiellement, en Algérie, 50% de la production agricole provient de terres irriguées. L’agriculture industrielle intensive étant le premier consommateur d’eau douce dans le monde, jusqu’à 85%, il est donc facile de comprendre que pour assurer la sécurité alimentaire, c’est en grande partie relever le défi permanent de la gestion de l’eau.
Cela fait plus de 5000 ans que l’homme s’est mis à pratiquer l’irrigation pour augmenter, et assurer la production agricole lorsque celle-ci est tributaire de déficit hydrique. On peut considérer qu’en Afrique du Nord, le grand passage de l’agriculture pluviale à celle irriguée, s’est effectué avec les réalisations hydrauliques de l’époque romaine. C’est dire que ces territoires sont confrontés à la gestion de la rareté de l’eau depuis des millénaires. L’eau apparait donc comme un déterminant majeur dans la production alimentaire, puisqu’elle est omniprésente dans quasiment tout projet de développement agricole.
Depuis la dernière moitié du 20èm siècle, la rapidité de la poussée démographique, et l’extension de l’urbanisation ont démultiplié les besoins en eau, surprenant à la limite les pouvoirs publics nationaux.
On considère que le réveil de l’hydraulique en Algérie, avec un accroissement notable du parc barrage, retenues collinaires, forages…, n’a réellement commencé que les années 80, en réponse aux années sèches de la décennie qui a précédée. Entre temps, les anciens modes d’organisation pour la gestion et l’exploitation des ouvrages qui existaient auparavant avaient pratiquement disparu (syndicats d’irrigation, coopératives d’irrigation et de drainage, etc.…), ce qui a conduit à une perte des connaissances sur les données des variations des crues, des crues exceptionnelles, leur débit….. , un appauvrissement des réseaux de stations hydrométriques, l’arrêt de certaines de stations de jaugeage… Ça s’est accompagné par une diminution de 14% (330 000 ha en 1900 et 282 000 ha en 1986) des surfaces irriguées, une réduction de la capacité des barrages de l’époque coloniale de 40 %.
Sachant qu’il faut au minimum 20 à 30 années d’observations pour avoir une assez bonne évaluation du potentiel réel en eau de surface d’une station. Malgré les investissements effectués, de façon précipitée, la réaction a prédominé la réflexion, à l’image d’un faux départ, le retard pris par le pays dans la mobilisation de ses ressources, a eu fatalement de fâcheuses répercussions sur l’efficience et la durabilité des réalisations ultérieures. Les ouvrages se retrouvent souvent avec des données erronées conduisant à des dimensionnements, ou choix de sites inadéquats.
Cette discontinuité, a été suffisamment longue pour miner les réalisations entreprises dans des espaces où la notion de climat agressif s’impose.
Entre 1974 et 2014, l’effort déployé aurait coûté 46 milliards de $, 6 autres barrages sont prévus pour 2017 pour atteindre une capacité de remplissage de 9 milliards de m3. Selon l’étude du CNES (2000), la capacité de mobilisation installée, est répartie entre les forages et les puits pour 72,6%, les barrages pour 21,4 % et les sources pour 6 %. La gestion de cette ressource est plus sociale qu’économique, la majorité des barrages sont destinés à l’AEP (à un moment donné on comptait sur 65 barrages en exploitation, 44 étaient à usage exclusif AEP). Il s’en est suivi une tarification qui a mis les organismes de gestion dans une situation financière particulièrement difficile, trop faible la tarification ne permet pas aux offices de dégager des ressources financières suffisantes pour l’entretien, empêcher la dégradation, voir l’abandon des installations…
Selon les chiffres du RGA, l’Algérie irrigue actuellement 1,13 million d’hectares, soit 13% de la (SAU) et les ambitions sont portées vers les 2 millions d’hectares en grande partie dans les zones arides. Des objectifs peu réalistes, surtout que les estimations des besoins sont basés sur une demande de 5000 m3/ha/an, un chiffre qui laisserait incrédule tout agriculteur du Sud, sachant que se sont des régions où l’ETP est le plus souvent supérieur à 10 000 m3/ha, avec le mois de pointe supérieur à 4000m3.
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