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vendredi, mars 29, 2024

Documents exclusifs. Scandale SOVAC : l’administrateur désigné par l’Etat s’est enrichi sur le dos des salariés licenciés

Algérie Part avait révélé hier mercredi 25 novembre que l’administrateur judiciaire désigné fin août 2019 par la justice algérienne pour gérer provisoirement les effectifs et les installations de l’entreprise SOVAC Production appartenant aux frères Oulmi notamment le milliardaire Mourad Oulmi qui croupit en prison depuis le 14 juin 2019 et condamné à 10 ans de prison ferme par la Cour d’Alger le 21 octobre dernier après avoir été jugé en deuxième instance pour “blanchiment d’argent et incitation d’agents publics à exploiter leur influence”,  se faisait payer ses honoraires à des montants colossaux provenant des caisses de SOVAC pour finalement décider de liquider l’entreprise et de la fermer définitivement renvoyant ainsi au chômage plus de 4000 travailleurs. 

Algérie Part a obtenu au cours de ses investigations les documents exclusifs qui démontrent l’ampleur immorale des paiements dont a bénéficié ces derniers mois l’administrateur judiciaire Rabah Tafighoult désigné par l’Etat  fin août 2019 pour gérer provisoirement le groupe SOVAC en attendant de trouver des solutions économiquement fiables à l’avenir des employés et de cette entreprise.

Il faut savoir effectivement que depuis l’incarcération de nombreux hommes d’affaires Algériens accusés d’être proches de l’ancien système Bouteflika, le secteur économique algérien connait une crise sans précédent. S’ajoutent à cela l’effondrement de la rente pétrolière du pays et les retombées de la pandémie du COVID-19, et il est évident que l’avenir de ses entreprises et de leurs dizaines de milliers de salariés est incertain.

Cette situation malheureuse que traverse l’Algérie a profité à certains personnages malhonnêtes qui se sont enrichis sur le dos des Algériens les plus fragiles et les plus infortunés. Documents à l’appui, nous avons pu constater les dépassements de l’administrateur judiciaire mis en place par le juge d’instruction en charge de l’affaire de SOVAC et des frères Oulmi. Rabah Tafighoult, cet administrateur judiciaire a en effet sciemment entravé le fonctionnement des organes de gestion du groupe afin de se reverser lui-même des honoraires scandaleux, s’élevant selon nos sources et  documents obtenus au cours de nos investigations, à près de 44 millions de dinars.

En effet, dès sa désignation en septembre 2019, l’administrateur judiciaire Rabah Tafighoult a entrepris la démarche méthodique d’écarter la poignée de cadres dirigeants expatriés installés par la direction générale, détachés par le constructeur partenaire, à savoir le groupe Volkswagen, pour la réalisation de ses projets industriels en Algérie, qui ont été contraints de quitter le pays après plusieurs mois sans salaire. L’administrateur judiciaire a fait aussi preuve d’un acharnement particulier sur les deux DG (Allemand et Turque, respectivement), qui ont ainsi été obligés de plier bagages. L’administrateur a même engagé des actions en justice envers ces deux expatriés pour des allégations infondées d’abus de biens sociaux et ce dans le seul but de s’assurer qu’ils ne remettent plus les pieds en Algérie.

La pandémie du COVID-19 et les recommandations des ambassades aidant, le souhait de l’administrateur judiciaire s’est retrouvé exaucé. Ainsi débarrassé des expatriés, l’administrateur judiciaire a ensuite fait de même pour le reste des cadres dirigeants, Algériens cette fois-ci, qui ne lui avaient pas juré allégeance. Il a cessé de payer le directeur financier du groupe et a procédé au licenciement du DG adjoint de la production, poursuivant la même stratégie d’intimidation et de menace d’actions en justice envers ces jeunes cadres dirigeants algériens, qui, par peur de finir eux aussi en prison, ont préféré passer ces agissements sous silence.

L’administrateur judiciaire a également usé des mêmes tactiques pour s’assurer que les actionnaires du groupe ne puissent pas désigner de nouveau président du conseil d’administration, conformément aux dispositions du code du commerce algérien, s’autoproclamant de facto seul maître à bord. Avec les coudées désormais franches, Monsieur Rabah T. s’est ensuite reversé à lui-même 43,9 millions de DA d’honoraires exigés par virement bancaire et ce afin que sa signature n’apparaisse sur aucun chèque.

Ces paiements ont été effectués au moment où l’administrateur judiciaire en question vient toute juste d’annoncer au syndicat du groupe en question un plan social majeur, visant à mettre au chômage plus de la moitié de ses salariés. A l’heure où l’administrateur a proposé aux salariés une indemnité de licenciement s’élevant à entre 1 et 10 salaires au maximum, il se reverse à lui-même une somme indécente de plus de 2000 fois le SMIG.

Ces dépassements démontrent l’énorme bêtise commise par les autorités algériennes lesquelles ont choisi de parachuter  des administrateurs judiciaires à la tête de grands groupes privés sans réelle expérience du secteur privé. Ces administrateurs ont ensuite abusé de leur position de pouvoir pour s’adonner au commerce illicite de produits, notamment automobiles, à l’heure où le citoyen moyen n’espère même plus pouvoir acquérir un véhicule.

Alors que la mission initiale des administrateurs annoncée par le gouvernement de l’époque fut de maintenir l’activité et préserver l’emploi et l’outil de production, force est de constater qu’au contraire, il s’efforcent désormais à détourner des milliards de centimes des sociétés qu’ils administrent, tandis qu’ils envoient pointer au chômage les salariés qui ont bâti ces entreprises. Combien de temps de telles dilapidations resteront impunies ?  Nul ne le sait…

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