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vendredi, mars 29, 2024

Décryptage. La daira, wilaya et la mauvaise gestion du vaste territoire national : pourquoi l’Algérie doit s’inspirer de la France, la Turquie ou la Chine

Le poste de Chef de Daïra est régulièrement contesté et critiqué par des experts ou des observateurs de la vie politique en Algérie. Mais cette fonction qui n’existe pas ailleurs dans plusieurs pays à travers le monde est ardemment défendue par les dirigeants algériens. Officiellement, le chef de Daira est un organe de l’administration générale de la wilaya dont la mission est d’assiste le wali dans l’exécution des lois, des règlements, des décisions du Gouvernement et de l’Assemblée populaire de wilaya. 

Pour le ministère de l’Intérieur algérien, le Chef de Daïra a un grand rôle dans l’accompagnement des communes dans le domaine du développement local, à travers l’animation et la coordination des opérations de préparation des plans communaux de développement, ainsi que leur accompagnement dans l’exécution du budget, la gestion du patrimoine communal, et la réalisation des différents projets de développement local ayant une relation directe avec l’amélioration du cadre de vie du citoyen, outre la présidence d’un nombre de commissions et la coordination du travail des différents services techniques. Et dans chaque Daira, nous retrouvons un secrétaire général qui est chargé de suivre les tâches qu’effectuent les structures rattachées à la daïra et coordonne entre eux. Il faut savoir en effet qu’il existe 545 daïras en Algérie.

En attendant que le débat sur l’efficacité et la pertinence du poste de Chef de Daira, la Présidence de la République vient de procéder à la nomination de nouveaux secrétaires généraux au niveau de plusieurs wilayas à travers le pays. Voici la liste officielle qui vient de paraître dans les colonnes du Journal Officiel :

Mabrouk Barkaoui, daïra de Bordj Badji Mokhtar, wilaya d’Adrar ;

— Mohammed Ramdani, daïra de Tinerkouk, wilaya d’Adrar ;

— Abdelmadjid Arab, daïra de Ténès, wilaya de Chlef ; — Mohammed Bourenane, daïra de Laghouat ;

— Nadjib Gheribi, daïra de Aïn Kercha, wilaya d’Oum El Bouaghi ; — El-Hadj Moumen, daïra de Ras El Aioun, wilaya de Batna ;

— Mabrouk Kaddour, daïra de N’Gaous, wilaya de Batna ;

— Mahieddine Derdouri, daïra de Theniet El Abed, wilaya de Batna ;

— Kamal Meddour, daïra de Menaâ, wilaya de Batna ; — Amar Abed, daïra d’Adekar, wilaya de Béjaïa ;

— Kamel Belloul, daïra de Kherratta, wilaya de Béjaïa ;

— Saïd Hamdiken, daïra d’El Kseur, wilaya de Béjaïa ;

— Abdelghani Lakab, daïra d’Aokas, wilaya de Béjaïa ;

— Walid Amin Seddiki, daïra de Béni Ounif, wilaya de Béchar ; — Saïd Tahraoui, daïra de Kadiria, wilaya de Bouira ;

— Ahmed Bourahla, daïra de Souk El Khemis, wilaya de Bouira ; — Radouane Chabana, daïra de Bir El Ater, wilaya de Tébessa ;

— Ahmed Gasmi, daïra de Cheria, wilaya de Tébessa ;

— Bochra Gueddouche, daïra de Negrine, wilaya de Tébessa ;

— Youcef Yaza, daïra de Aïn Tallout, wilaya de Tlemcen ;

— Naïma Amirat, daïra de Bensekrane, wilaya de Tlemcen ;

— Amar Kerboua, daïra de Tlemcen ;

— Nacer Hikem, daïra de Boghni, wilaya de Tizi Ouzou ; — Benalia Gattaf, daïra d’El Idrissia, wilaya de Djelfa ;

— Slimane Houti, daïra de Sidi Ladjel, wilaya de Djelfa ;

— Okba Boudoukha, daïra d’El Eulma, wilaya de Sétif ;

— Khadir Benaouda, daïra de Aïn El Kebira, wilaya de Sétif ; — Sebti Hellal, daïra de Hammam Sokhna, wilaya de Sétif ;

— Badri Fisli, daïra de Benazouz, wilaya de Skikda ;

— Messaouda Guemriche, daïra de Guelaat Bousbaa, wilaya de Guelma ; — Abdelbaki Debbabi, daïra de Hammam Debagh, wilaya de Guelma ;

— Rachid Boudour, daïra de Guelma ;

— Rachid Makroud, daïra d’El Khroub, wilaya de Constantine ; — Bachir Loucif, daïra de Ksar El Boukhari, wilaya de Médéa ;

 

Abdelkader Mendas, daïra de Aziz, wilaya de Médéa ;

— Samir Chaouane, daïra de Sidi Naâmane, wilaya de Médéa ;

— Mohamed Bouziani, daïra de Médéa ;

— Tayeb Telli, daïra de Hassi Mameche, wilaya de Mostaganem ;

— Sofiane Hennous, daïra de Sidi Ali, wilaya de Mostaganem ; — Mostefa Boudraf, daïra de Masra, wilaya de Mostaganem ;

— Nacir Zehani, daïra de Khoubana, wilaya de M’Sila ;

— Mohamed Doucene, daïra de Aïn El Hadjel, wilaya de M’Sila ;

— Benamar Si Tayeb, daïra de Hachem, wilaya de Mascara ;

— Amina Menouer, daïra d’Es Senia, wilaya d’Oran ;

— Slimane Amriou, daïra de Bougtoub, wilaya d’El Bayadh ;

— Mohammed Kaba, daïra d’Illizi ;

— Amel Lemaini, daïra de Khemis El Khechna, wilaya de Boumerdès ;

— Mihoub Djellal, daïra de Bouteldja, wilaya d’El Tarf ;

— Mohamed Fettouh, daïra de Tissemsilt ;

— Saïd Sahraoui, daïra de Bayadha, wilaya d’El Oued ;

— Mohammed Seghir Daga, daïra de Reguiba, wilaya d’El Oued ;

— Mounir Saidi, daïra de Sedrata, wilaya de Souk Ahras ;

— Raouf Kahlouche, daïra de Souk Ahras ; — Abdessamed Brik, daïra de Fouka, wilaya de Tipaza ; — Mourad Sabi, daïra de Bou Ismaïl, wilaya de Tipaza ;

— Boukhemis Merkhi, daïra de Teleghma, wilaya de Mila ;

— Ratiba Lemtaiche, daïra de Terrai Bainen, wilaya de Mila ;

— Hamza Kerouaz, daïra de Mila ;

— Djilali Haraoui, daïra d’El Amra, wilaya de Aïn Defla ;

— Abdeldjalil Boukhobza, daïra de Béni Saf, wilaya de Aïn Témouchent ;

— Saléha El Hadj Ali, daïra de Aïn Kihel, wilaya de Aïn Témouchent ;

— Mebrouk Laouar, daïra d’El Ménia, wilaya de Ghardaïa ;

— Mohammed Ramdane, daïra de Aïn Tarek, wilaya de Relizane.

Tous ces nouveaux fonctionnaires auront donc un salaire, des équipes et coûteront à l’Etat de nouvelles charges financières. Mais en 2020, l’Algérie a-t-elle réellement besoin de dairas pour développer et gérer son vaste territoire national ? Les dairas existent-t-elle dans d’autres pays à travers le monde ? Et a-t-on vraiment besoin de wilayas pour diriger notre pays et exploiter comme il se doit ses richesses et ses potentialités ? Pourquoi conserve-t-on toujours cette même organisation territoriale alors qu’elle est inefficace ?

Ces questions sont essentielles car elles nous permettent de comprendre que le fonctionnement lourd et complexe de l’Etat algérien explique en partie le sous-développement de notre pays. D’abord, il faut savoir que, historiquement, l’Algérie a façonné son organisation territoriale en s’inspirant du modèle français, l’ancienne puissance colonisatrice. Or, il s’avère qu’en France, une structure similaire à celle de daira n’a aucune existence.

En effet, en France le territoire est dirigé par des communes, des départements et des régions. Le département est l’équivalent de la Wilaya en Algérie. La commune c’est naturellement l’équivalent de l’APC, à savoir l’assemblée populaire communale ou la mairie. Il existe officiellement 95 départements en France. Mais dans ce grand pays européen, il existe janvier 2015 depuis 18 régions. Chaque région dispose d’une assemblée délibérante, d’un conseil régional, une assemblée consultative, un conseil économique, social et environnemental régional, représentatif des « forces vives » de la région. Et la région abrite plusieurs départements à la fois. Les régions en France peut décider de la gestion  des lycées, des transports dits « régionaux »  de l’action économique. Depuis 1986, ses membres sont élus au suffrage universel direct pour six ans. Son président exerce les fonctions exécutives.

Pour renforcer sa politique de décentralisation, l’Etat français a opté ainsi pour la création de régions en les dotant de compétences capables de répondre aux besoins de leurs populations respectives. L’Algérie ne devrai-t-elle s’inspirer de ce modèle et de revoir son organisation territoriale ?

En Turquie, l’un des plus importants pays émergents dans le monde, il y une toute autre organisation territoriale qui est aussi nettement plus efficace que le fonctionnement de l’Etat algérien. En Turquie, l’équivalent de la Wilaya s’appelle la Province. Et il y a plus exactement 81 provinces à travers la Turquie. Ensuite, les turcs s’organisent autour des « districts » qui n’a aucun équivalent en Algérie. Chaque district est composé de localités de taille moyenne entourées de localités plus petites, soit de portions de villes plus grandes. En Turquie, nous recensons pas moins de 967 districts. Et chaque district est dirigé par l’équivalent d’un Préfet ou sous-préfet. Le plus intéressant dans le modèle turc est qu’il n’y a pas de commune à proprement parler. En Turquie, on parle de village pour le monde rural et de quartiers pour les villes. Ainsi, la compétence municipale en Turquie, c’est-à-dire l’équivalent de nos APC, est répartie de façon variable entre les districts, les villages, les quartiers et les entités spéciales.

En Chine, c’est une toute organisation territoriale qui avait été mise en place pour développer le pays et s’imposer comme une nouvelle grande puissance. La Chine n’a pas gaspillé son argent ni ses moyens pour se doter d’un nombre élevé de « wilayas ». En Chine, il y a des provinces. Et ils sont au nombre de 22. Chaque province est dirigée par un gouverneur. La Chine n’a pas officiellement de municipalité ni de mairie ! Seules les très grandes villes en Chine sont des municipalités. Et elles sont gérées directement par le gouvernement central au lieu de la province où elles se trouvent,. Elles s’étendent non seulement sur la zone urbaine, mais aussi sur les zones péri-urbaines et rurales environnantes. Il existe actuellement 4 municipalités qui sont dirigées par des maires dont la capitale Pekin et Shanghai, l’autre grande ville du pays.

Au niveau local, la Chine a créé des villes-préfectures dont le nombre est évalué à 283. Les villes-préfectures sont composées, en général, d’un centre urbain possédant une banlieue rurale. De nombreuses provinces ne contiennent que des villes-préfectures. Et pour pour rendre encore plus efficace cette organisation territoriale, les autorités chinoises ont créé des districts dont le nombre est évalué à 1464 districts, 374 villes-districts et 852 districts urbains à travers la Chine.

Chacune de ces divisions sont constitués de cantons et bourgs (niveau cantonal), eux-mêmes regroupant villages et communautés résidentielles (niveau communal).

Le modèle français, turc ou chinois pourront nourrir une réflexion sérieuse et moderne en Algérie. Notre pays dispose d’un grand territoire, mais ne réussit toujours pas à exploiter cet atout stratégique pour assurer son développement. Il est donc urgent de se libérer du poids du vieux modèle administratif algérien.

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