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mardi, mai 30, 2023

Décryptage. Entre 2010-2014, l’Algérie a dépensé 286 milliards de dollars : Mais pour quels résultats ?

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Le contexte économique algérien a connu durant la période 2010-2016 plusieurs mutations brusques, causées parfois par des programmes gouvernementaux et d’autres fois par les circonstances qui régissent la décision économique.

Pour but de développer la performance de la macro-économie algérienne, les autorités économiques et financières ont adopté deux programmes quinquennaux débutant de l’année 2010 jusqu’à la fin de 2019. Ils ont pour mission notamment de stimuler la croissance et sortir de la dépendance envers les exportations des hydrocarbures et les produits énergétiques. Comme étant un pilier majeur, la chute des prix du pétrole à gêné les mécanismes qu’utilise l’économie algérienne, particulièrement en ce qui concerne les dépenses et les projets publiques, et par conséquence elle a entraîné une récession et une situation de stagflation très graves.

Pour faire face à cette situation critique, l’Etat algérien a décidé de concevoir et d’appliquer un Nouveau Modèle Economique, reflétant la nécessité à l’austérité afin de préserver les acquis économiques et d’éviter le recours à des emprunts souverains provenant de l’extérieur.

La problématique de ce papier réside dans la question suivante : Quels sont les principes et les objectifs des programmes économiques appliqués en Algérie ? Et quelles sont leurs conséquences en matière de la structure économique et sociale du pays ?

Tout d’abord, attardons-nous sur le programme de développement en Algérie durant 2010-2016

La période 2010-2016 a connu des dépenses budgétaires massives de part du trésor publique dans le cadre d’exécuter les programme de développement quinquennaux, visant principalement l’amélioration des performances économiques et sociaux de l’Algérie.

1- Programme d’investissements publics (2010-2014) :

Enveloppe financière : 21.214 milliards de DA (286 milliards de dollars)
Axes et objectifs principaux (01) :

– Parachèvements des projets déjà entamés à titre de programmes précédents,
notamment dans les secteurs des rails, des routes et des eaux (9.700
milliards de DA, 130 Milliards de dollars).

– Engagement pour des projets nouveaux dans l’infrastructure (11.534
milliards de DA, 156 Milliards de dollars).

– 40% de ses ressources, réserve le programme pour le développement des
ressources humaines, particulièrement pour :

o Créer près de 5000 établissements de l’éducation nationale, 600.000
places pédagogiques et 400.000 places d’hébergement pour les
étudiants et 300 établissements de formation et enseignement
professionnel.

o Créer plus de 1500 infrastructures de santés dont 172 hôpitaux, 45
complexes spécialisés de santé et 377 polycliniques, ce à quoi
s’ajoutent 70 établissements spécialisés pour les handicapés.

o Constituer deux millions de logements, dont 1.2 millions livrés durant
le quinquennat.

o Raccorder plus d’un million de foyers au gaz naturel et alimentation
de plus de 220.000 foyers ruraux en électricité.

o Améliorer l’alimentation en eau potable, avec la réalisation de 35
barrages et 25 systèmes de transfert.

o Réaliser plus de 5000 infrastructures pour les sports et jeunes, avec
notamment, 80 stades, 160 salles polyvalentes, 400 piscines et 200
auberges pour jeunes.

– 40% également des ressources du programme sont dédiés aux poursuites
des projets de développement du secteur public, afin de réaliser les objectifs
suivants :

o Poursuivre l’extension et la modernisation du réseau routier, et
augmenter la capacité portuaire (3.100 milliards de DA).

o Moderniser les chemins de fer et améliorer le transport urbain (2.800
milliards de DA) avec notamment la réalisation des projets de
tramway à travers 14 villes, et moderniser les infrastructures
aéroportuaires.

o Aménager les territoires et environnements (500 milliards de DA).

o Améliorer les prestations des administrations et les collectivités
locales, secteur de la justice et fiscal (1800 milliards de DA).

– Le programme réserve également 1.500 milliards de DA, pour développer et
moderniser l’économie algérienne, avec notamment (02):

o Moderniser et soutenir les activités agricoles et rurales, près de 1000 milliards de DA.

o Créer et promouvoir les petites et moyennes entreprises, à travers la
réalisation des zones industrielles.

o Soutenir la mise à niveau ainsi que la bonification des crédits, près de
300 milliards de DA.

– Le développement industriel réservera plus de 2000 milliards de DA de
crédits bonifiés par l’Etat pour la réalisation des centrales électriques, le
développement des industries pétrochimiques et la modernisation des
entreprises publiques.

Évaluation du programme ‘acquis’ :

– Ressource du FRR dépassent les 200 milliards de dollars américains, ce qui
fait que la couverture de la création monétaire par le réserve du devise
dépasse les 100%.

– Maîtrise de l’inflation, qui était autour de 3.5% en moyenne quinquennale.

– Croissance économique de 4% en moyenne sur la période 2010-2014.

– Baisse légère du taux de chômage de11.3% en 2010 à 9.8% en 2014.

 

Il est à préciser que la crise économique courante en Algérie a débuté par les chutes rapides et inédites des cours du pétrole depuis Juin 2014, chose prévue par les experts de l’économie énergétique et ceux de l’économie mondiale. Les conséquences de ces incidents par rapport à l’économie algérienne étaient insignifiantes au cours de l’année 2014 et le premier semestre de l’année 2015, mais à partir de la deuxième  moitié de 2015 l’économie algérienne commence à avoir des changements considérables sur le plan structurel et notamment sur le plan stratégique de développement.

Les tendances de réformes adoptées par le gouvernement algérien et que comprend la loi de finance complémentaire de 2015 ainsi que les lois de finance qui s’en suivent, ont connu pas mal de critiques. D’autant plus, les experts internationaux notamment ceux des organismes et des institutions financières internationales, mettent en question la capacité des autorités algériennes à gérer cette phase de transition économique sans avoir fait recours aux partenaires économiques internationaux.

Ces tendances basées particulièrement sur la relance de l’investissement local et sur la limitation des importations massives engendrées par l’évolution du pouvoir d’achat.

Dans ce sens l’Etat algérien, a mis en vigueur des mécanismes et des dispositions servant notamment la création de projets dans les secteurs économiques porteurs de croissance (comprenant du potentiel de progressivement) tels que le secteur de l’agriculture et ce du tourisme. Toutefois, la mise en application concrète de ces dispositifs reste insuffisante, à cause des problèmes de l’immobilier industriels, de main d’œuvre qualifiée et des ressources financières, de plus en plus, en diminution.

 

Par Dr SAHNOUNE OKBA, professer au département de l’économie et de l’administration, Université Emir Abdelkader des sciences islamiques 

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