23.9 C
Alger
mercredi, septembre 27, 2023

Crise de liquidités et dévaluation : le marché des matériaux de construction s’effondre de 65 % en Algérie

L’indisponibilité du cash et la forte dévaluation du dinar algérien qui ne cesse de perdre de sa valeur depuis une année ainsi que l’impact de la crise politique qui a paralysé l’économie nationale depuis 2019 ont fini par ébranler totalement le secteur du BTP algérien. Et c’est dans le segment des matériaux de construction que les professionnels du BTP ressentent cette inquiétante régression. 

Le marché des matériaux de construction s’est effondrée de 65 % de mars 2020 jusqu’à mars 2021, a constaté Algérie Part au cours de ses investigations au cours desquelles nous avons mené des recherches auprès de plusieurs opérateurs privés spécialisés dans la vente et commerce de gros ou en détails des matériaux de construction.

Des opérateurs qui assistent à l’effritement de leur chiffre d’affaires depuis 2019. En effet, le gel de plusieurs méga-projets et marchés publics à cause des bouleversements de la crise politique née dans le sillage du 5e mandat d’Abdelaziz Bouteflika et des marches populaires du Hirak, a provoqué des pertes financières colossales. Ensuite, les mesures de confinement sanitaire et l’arrêt de l’activité économique avec la pandémie de la COVID-19 ont aggravé ces pertes et déséquilibré le marché.

A cela, il faut rajouter que la dévaluation du dinar algérien face aux principales devises internationales qui a aggravé les coûts de l’importation des engins de travaux publics et de certains intrants nécessaires à la production des matériaux de construction en Algérie.  Selon les acteurs du secteur, le dinar algérien a perdu plus de 33 % face à l’euro depuis le début de l’année 2019. Cette dévaluation a asséché la masse monétaire en circulation dans le pays notamment dans le marché informel dont les acteurs sont des clients habituels du marché de matériaux construction car l’argent de l’informel était régulièrement investi dans le BTP et la construction de logements individuels.

La dévaluation du dinar a fini par provoquer une pénurie des liquidités car les commerçants de l’informel ont cessé leurs investissements pour thésauriser leur argent, à savoir l’épargner en le cachant au lieu de l’investir et de perdre à chaque fois au change avec un coût de la vie qui ne cesse de monter en flèche et une rentabilité de l’activité commerciale de plus en plus insignifiante.

La demande s’effondre, l’offre en pâtit. Le marché des matériaux de construction est, en réalité, le miroir parfait de la situation économique et financière préoccupante du pays. Il résume à lui seul tous les problèmes économiques actuels qui paralysent l’Algérie.

C »est ce qui explique la décadence globale du secteur du BTP.  Boosté par les plans quinquennaux successifs d’investissements publics, le secteur du BTP avait connu, depuis 2005, une croissance annuelle comprise entre 4 et 10 %.

Bien que la baisse du cours des hydrocarbures qui a prévalu depuis 2014 ait fortement impacté les recettes fiscales de l’État, ce dernier a pu maintenir jusqu’en 2019 à un niveau élevé ses budgets d’équipement, dont près de 60 % sont consacrés aux infrastructures et à l’habitat. Ainsi, en 2018, la croissance du BTP a pu atteindre 5,6 %.

Les programmes d’investissements du groupe pétrolier public SONATRACH et de SONELGAZ, l’opérateur public de l’électricité et du gaz, comportaient aussi d’importantes opportunités en matière de bâtiment et de travaux publics. Ce dynamisme entraînait dans un passé récent dans son sillage le domaine des matériels et produits pour la construction. Mais depuis le début de 2020, ces opportunités ont totalement disparu pour laisser de la place à des incertitudes qui menacent l’existence même de ce secteur naguère stratégique car il représente jusqu’à 19,4 % des emplois déclarés selon les chiffres officiels.

dernières nouvelles
Actualités