De nombreux marchés publics sont attribués par le ministère de la Santé souffrent de certaines anomalies qui soulèvent des soupçons de corruption et de favoritisme. Preuve en est, un appel d’offres récent lancé par le ministère de la Santé a suscité d’intrigantes interrogations.
Il s’agit, a-t-on appris au cours de nos investigations, de l’appel d’offres national ouvert n° / 2018 concernant la « fourniture de consommables médicaux spécifiques de cardiologie neuroradiologie interventionnelle, d’orthopédie, traumatologie et dispositifs médicaux pour l’endoscope de neurochirurgie répartis en treize (13) lots séparés ».
Des experts et fins connaisseurs du secteur pharmaceutique ont constaté que les lots n°
01, 02, 03, 07 et 08 listés dans cet appel d’offres spécifient des marques bien précises. « Nous ne comprenons pas pourquoi avoir divisé le lot des stents actifs en plusieurs sous-lots orientés alors que tous les stents actifs de dernière génération en cobalt et coatés au Limus sont équivalents ? », confie à Algérie Part un médecin spécialiste et patron d’une importante entreprise qui commercialise du matériel et consommable médico-chirurgicale et dentaire.
Nous avons remarqué, par ailleurs, que certains lots de cet appel d’offres contiennent des produits additionnels que tous les fournisseurs ne peuvent pas fournir. Certains fournisseurs seront donc d’emblée exclus de la compétition même si leurs stents sont proposés à des prix moins chers. Ce qui constitue une inquiétante anomalie qui ouvre une brèche pour un favoritisme au profit de certains importateurs causant ainsi un préjudice au Trésor Public.
Force est, en effet, de constater que les responsables du ministère de la Santé n’ont pas utilisé une terminologie neutre et commune des marchés publics pour désigner les dispositifs souhaités. Les représentants de certains marques sont donc clairement avantagés au détriment des autres. Le critère de la transparence et de la concurrence loyale n’est aucunement pris en compte pour élaborer les conditions d’attribution de ce marché public dont la valeur financière avoisine les 500 millions de Da .
« Pourquoi le stent actif de dernière génération coaté au Limus sans polymère (dont le service rendu pour les patients à haut risque hémorragiques et les diabétiques) n’a-t-il pas mérité un lot spécifique alors que les autres stents mentionnés dans les lots n°01/02/03 ont été traités dans des lots distincts ? », s’interroge à ce propos un expert consulté par Algérie Part pour analyser les tenants et aboutissant de cet appel d’offres.
Il est à souligner que d’habitude, les appels d’offres sont uniquement lancés par lignes comme cela est fait par la PCH, l’EHU d’Oran et d’autres institutions afin de donner la possibilité de participation à tous les fournisseurs potentiels présents sur le marché et de choisir ainsi à qualité égale l’offre la moins disante.
Il est important de ne pas orienter les désignations des dispositifs médicaux en utilisant le
vocabulaire commun pour les marchés publics : stents coronaires nus, stents coronaires actifs, ballon coronaires semi-compliants, ballon coronaires non compliants, ballons coronaires actifs…etc. Cela permet enfin d’adopter des grilles d’évaluation NEUTRES (le service rendu de chaque critère ou caractéristique doit être démontré et reconnu) permettant des évaluations équitables et transparentes.
Malheureusement, ces critères qui assurent la transparence et la concurrence loyale n’ont pas été respectés par le ministère de la Santé. Des deniers publics risquent dans ce contexte de se retrouver détournés par les mains des prédateurs favorisés par ces combines opaques.