Un dossier explosif se trouve depuis plusieurs semaines entre les mains de l’inspection générale du ministère de la Justice. Ce dossier concerne l’importation et l’introduction en Algérie d’un matériel de télécommunication made in Israël. Du matériel qui a été revendu par une entreprise algéro-jordanienne pour le compte de Mobilis, l’opérateur public de téléphonie mobile.
Ce matériel concerne les antennes-relais qui ont été déployées dans la région de Douéra, à 35 Km de la capitale Alger. Des investigations ont été menées par la brigade de recherches de la Gendarmerie Nationale lorsqu’elle était dirigée par le colonel Mourad Zaghdoudi, l’officier qui croupit en ce moment à la prison militaire de Blida pour son implication dans des manoeuvres dangereuses visant à protéger des personnalités impliquées dans des grosses affaires de corruption. L’enquête est transmise ensuite au parquet général du tribunal de Koléa qui relève de la Cour de Tipaza, dirigée par la magistrate Fatiha Boukhers, l’épouse du général Ghali Belkecir, l’actuel commandant de la gendarmerie nationale.
Cette dernière place le dossier entre les mains d’une magistrate, l’une de ses plus intimes protégées, la juge d’instruction Bakir Saïda, responsable de la 2e chambre d’instruction du tribunal de Koléa. Cette dernière suscite rapidement l’étonnement des autres magistrats de la wilaya de Tipaza à cause de sa passivité et immobilisme dans ce dossier très délicat qui engage des enjeux sécuritaires de la plus haute importance pour l’Algérie.
A la surprise générale, le procès de cette affaire fut bâclé et le gérant de la société algéro-jordanienne fut relâché par la juge Bakir Saïda, le 17 avril dernier. Selon plusieurs magistrats interrogés par nos soins, la juge Bakir Saïda a agi sous l’influence et ordres de la Présidente de la Cour de Tipaza, madame Fathia Boukhers. Cette dernière est soupçonnée d’avoir déployé un fort lobbying auprès de sa subalterne pour noyer cette affaire afin de protéger le colonel Mourad Zaghoudi dont les investigations ont été effectuées de manière très expéditive et sans grand professionnalisme.
Le traitement de cette affaire et la dextérité avec laquelle l’un des principaux suspects a été relâché a semé le trouble dans les rangs des autres magistrats de la Cour de Tipaza et du tribunal de Koléa.
Après le limogeage de Tayeb Louh, l’ancien ministre de la Justice et grand ami de la famille du général Ghali Belkecir, l’inspection générale du ministère de la Justice se libère du joug du silence et de la complicité. La juge Bakir Saïda est officiellement convoquée à deux reprises par l’inspection générale du ministère de la Justice pour qu’elle donne des explications concernant la manière avec laquelle elle avait mené l’instruction dans ce dossier sensible.
L’inspection générale poursuit jusqu’à aujourd’hui ses investigations et le nom de Fatiha Boukhers est largement cité dans ce dossier en tant que première responsable du secteur de la justice dans tout le secteur de la région de Tipaza. Mais le nouveau ministre de la Justice Slimane Brahmi est soupçonné d’étouffer ce scandale pour ne pas mettre la femme du général Ghali Belkecir dans une posture très embarrassante. Algérie Part poursuit ses investigations et reviendra sur ce sujet avec de nouvelles révélations.