Le Forum des Chefs d’entreprises (FCE), le plus grand et important patronat algérien, connaît de nouveaux soubresauts qui risquent de le replonger dans ses plus sombres crises de fonctionnement. Nous avons, effectivement, appris au cours de nos investigations que l’ancien clan qui entourait Ali Haddad, l’oligarque emprisonné à El-Harrach, s’est reconstitué pour reprendre le pouvoir à la tête du FCE.
Le clan d’Ali Haddad s’est redéployé autour de l’homme d’affaires Sami Agli qui a déposé hier 16 mai sa candidature pour la présidence du forum des chefs d’entreprises. Les élections pour la présidence du FCE sont prévus le 24 juin prochain. Sami Agli est membre depuis plusieurs années du forum des chefs d’entreprise. Il est également membre fondateur de Jil’FCE. Il a été élu délégué de BISKRA, cette expérience « lui a permis de mieux appréhender les besoins et attentes des membres des régions », se targue Sami Agli dans ses interventions médiatiques.
Or, il s’avère que de ce businessman méconnu auprès des Algériens a été récupéré par les anciens collaborateurs et alliés d’Ali Haddad comme Mohamed Baïri ou Salah Eddine Abdessamad, un entrepreneur très actif au sein du FCE à l’époque d’Ali Haddad. Il s’avère que monsieur Sami Agli a bénéficié de plusieurs largesses qui soulèvent de nombreux soupçons de malversations financières. Selon plusieurs sources concordantes, il aurait obtenu grâce au lobbying d’Ali Haddad une concession de pas moins de 5000 hectares de terres agricoles dans la wilaya d’El-Bayadh. Il a pu également jouir de l’exploitation de quelques silos au port de Jijel.
Fort de ses privilèges et de plusieurs facilités obtenues depuis l’époque d’Ali Haddad, Sami Agli a noué une alliance stratégique avec les anciens acolytes d’Ali Haddad pour reconquérir le pouvoir à la tête du FCE. Et pour ce faire, ce nouveau clan qui s’est mis en place au sein du premier patronat algérien a commencé à s’adonner à certaines pratiques sombres ayant entouré les étapes du processus électoral permettant la désignation du futur président du FCE.
Ces manœuvres ont commencé dans les wilayas de Béjaïa et Biskra où Sami Agli aurait d’ores et déjà récolté plus de 30 voix favorables à sa candidature alors dans les autres wilayas à travers le pays seuls deux à trois votes ont été enregistrés par la direction intérimaire du FCE. Comment Sami Agli a-t-il pu faire pour engranger autant de voix dans ces deux wilayas précises ? Il faut savoir à ce propos que Sami Agli figurait sur la liste des candidats du FLN aux élections législatives de mai 2017 dans la wilaya de Biksra. Cet homme d’affaires est donc proche de certaines chapelles controversées qui nous rappellent l’ère d’Ali Haddad et son lot de pratiques frauduleuses.
Face à ces tensions malsaines, le concurrent direct de Sami Agli, Hassan Khelifati, PDG d’Alliance Assurance, a décidé d’annoncer le retrait de sa candidature à la présidence du FCE et sa démission « définitive » de l’organisation patronale, citant « un climat malsain » et « des agissements suspects ». « Malgré les efforts fournis par le président par intérim démissionnaire, M. Moncef Othmani et certains membres engagés de l’exécutif pour enclencher un processus de transition correct et garantir une élection transparente, un climat malsain s’est installé faisant perdre toute crédibilité et légitimité non seulement à l’élection mais à tout le FCE », a affirmé à ce sujet lieu Hassan Khelifati dans un communiqué diffusé ce mercredi.
Face à ces accusations, Sami Agli a pondu toute une lettre où il se dit lui-aussi victime de manœuvres visant à compromettre la transparence des élections du 24 juin prochain. Sami Agli a accusé ses détracteurs de « priver nos membres d’exercer leurs droit de vote et d’une participation active et démocratique à l’élection du prochain Président du FCE ». Dans sa lettre rendue publique ce jeudi, Sami Agli a dénoncé en dernier lieu « l’exclusion des listes des votants de 11 wilayas ».