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mardi, mai 30, 2023

Confidentiel. Affaire Bessa : les dessous secrets de la chute « du roi des promoteurs algériens »

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Après Kamel Chikhi, « alias Le Boucher », voici qu’un autre richissime et influent promoteur immobilier chute brutalement et se retrouve sous les verrous à Alger. Il s’agit d’Amazigh-Redouane Bessa, bâtisseur de plusieurs résidences immobilières à Alger réputées pour leur aspect harmonieux et leur raffinement qui se veut être digne des métropoles les plus modernes au monde. 

Les médias algériens ont rapporté jusque-là que ce promoteur, surnommé le roi des promoteurs immobiliers à Alger en raison de son empire immobilier, a été arrêté, jeudi, par la gendarmerie nationale sur instruction du procureur de la République près le tribunal de Chéraga, à la suite d’une plainte de la wilaya d’Alger concernant  la diffusion d’informations portant atteinte à la famille du wali d’Alger, Abdelkader Zoukh.

En réalité, l’affaire est beaucoup plus complexe qu’il n’apparaît au premier abord, a appris Algérie Part au cours de ses investigations. Redouane Bessa a été, effectivement, piégé par deux « influenceurs » sur Facebook qui ont affirmé aux enquêteurs de la gendarmerie nationale avoir touché deux sommes de 150 millions de centimes pour publié des contenus subversifs à l’égard d’Abdelkader Zoukh et de son fils qui serait impliqué dans des affaires immobilières.

En vérité, ces « Facebookeurs » ont tendu un piège au célèbre promoteur immobilier avec la participation d’Abdelkader Zoukh et de son chef de cabinet. Ces deux hauts responsables étaient de mèche avec ces deux Facebookeurs qui ont appâté Redouane Bessa. Ce dernier a engagé un bras de avec le Wali d’Alger depuis bientôt trois ans, a-t-on constaté à la suite de nos investigations. Le promoteur et le Wali entretenaient des relations exécrables et une véritable guerre froide opposait les deux hommes.

Bessa reprochait au Wali d’Alger de torpiller ses affaires en privilégiant ses concurrents directs, notamment ALCO Immobilière, et Zoukh accusait ouvertement dans les coulisses Bessa d’exercer un violent lobbying à son encontre dans le but d’influencer les autorités et obtenir son départ de l’exécutif de la wilaya d’Alger.

Cependant, il n’y a pas que ce conflit ouvert contre le Wali d’Alger qui a provoqué la chute du promoteur Bessa. Selon nos investigations, les enquêteurs de la Gendarmerie Nationale ont débusqué des pratiques financières louches concernant des transferts de devises illicites vers l’étranger. Les premiers éléments de l’enquête de la gendarmerie indiquent une « surfacturation excessive » lors du paiement des prestations et activités de plusieurs prestataires tunisiens employés par Bessa Promotion dans plusieurs chantiers à Alger où sont érigées des résidences luxueuses. Les factures établies par l’entreprise de Redouane Bessa ont attisé les soupçons des enquêteurs qui ont fini par mettre à nu un mécanisme d’évasion des capitaux en devises vers l’étranger.

Les factures établies au profit des prestataires tunisiens étaient largement gonflées et des sommes conséquentes en devises étaient transférées à l’étranger, nous révèlent des sources proches de ce dossier. Redouane Bessa est soupçonné enfin d’être à l’origine d’un mouvement d’évasion de fonds vers l’étranger pour financer ses activités en Côte d’Ivoire où il avait décroché d’importants projets immobiliers dans la zone franche de Grand-Bassam à Abidjan en partenariat avec la société ivoirienne VITIB SA. Au mois de juillet dernier, Redouane Bessa a été reçu par le ministre ivoirien de l’Economie numérique, de la Poste et de la Communication. Bessa est l’un des rares entrepreneurs qui s’est exporté vers l’Afrique Sub-Saharienne pour développer des projets immobiliers de grande taille.

A-t-il financé ces investissements avec des transferts douteux et illégaux de devises depuis l’Algérie comme lui reprochent les enquêteurs de la gendarmerie nationale ? Nous avons tenté de joindre la direction générale de Bessa Promotion pour recueillir leur version des faits et leurs réactions. Malheureusement, personne n’a daigné nous répondre.

 

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