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vendredi, avril 19, 2024

Comment l’Algérie a abandonné bêtement un procédé commercial qui lui a permis d’économiser 1.3 milliard de dollars d’importations de carburants

Une triste et malheureuse erreur stratégique qui témoigne de toute l’ampleur de la mauvaise gestion dont souffre l’Algérie. En 2018, l’Algérie a réussi pour la première fois à réduire drastiquement sa facture d’importations des carburants de 1.8 milliard de dollars à peine 500 millions de dollarS. Une véritable performance qui s’explique par un procédé commercial appelé le Processing. Malheureusement, ce procédé a été abandonné bêtement l’année suivante, à savoir 2019, et aujourd’hui l’Algérie risque de renouer avec les importations des carburants faute d’un bon deal comme celui qui avait été conclu en 2018. Explications. 

En 2018, dans le cadre du contrat de processing avec le géant mondial VITOL, SONATRACH a envoyé 4,65 millions de tonnes de pétrole, pour rapatrier un volume de 1,54 million de tonnes d’essences et 2,33 millions de tonnes de gasoil. Vitol est l’une des principales sociétés de trading pétrolier au monde. Avec des revenus de plus de 231 milliards de dollars américains, la société transporte par voie maritime plus de 200 millions de tonnes de pétrole par an. Vitol opère principalement à Genève, Houston, Singapour et Londres. Avec Sonatrach, ce géant mondial qui commercialise également partout sur la planète des produits pétroliers dérivés, avait conclu un accord inédit en janvier 2018.

Il s’agit de procéder à une sorte d’opération de « troc ». En effet, Sonatrach donnait à la société de courtage suisse une quantité de pétrole brut et en échange le groupe pétrolier algérien obtient des quantités de carburant raffiné. Dans le jargon des pétroliers, cette opération est appelée également le processing ou le façonnage. Un contrat de façonnage est un contrat dans lequel, le façonneur va raffiner du brut fourni par son client moyennant une certaine somme d’argent (frais de façonnage ou processing fees en anglais).

On définit dans ce contrat tous les termes du contrat tels que, les quantités et les qualités mensuelles de bruts à livrer, les quantités et les qualités des produits à restituer, les modes de livraison.

Grâce à cette opération, les importations des carburants se sont inscrites à 1,1 million de tonnes en 2018 contre 3,7 millions en 2017, dont 0,2 % réalisé en gasoil et en essences. Cette baisse des importations sur la période 2017-2018 s’explique par le rapatriement
de l’essence et du gasoil, découlant du processing du pétrole brut à l’international. Le coût d’importation en 2018 a ainsi été ramené à 0,5 milliard de dollars, contre 1,8 milliard de dollars en 2017.  Le coût d’importation en 2018 est donc de 0,5 Milliard US$ contre 1,8 Milliards US$ en 2017. Le processing du pétrole brut à l’étranger a coûté à la Sonatrach seulement 270 Milions US$ pour l’année 2018. L’opération est donc totalement gagnante pour Sonatrach et l’Algérie.

Le début de  l’opération du processing de pétrole brut à l’étranger et le rapatriement de la
contre partie en essences et en gasoil était bel et bien une très bonne idée qui avait démontré son efficacité en 2018. A cette époque-là, grâce au processing, l’Algérie avait importé uniquement 400 mille tonnes de gasoil, 200 mille tonnes de bitumes et à peine 100 mille tonnes d’essences ! Une année auparavant, l’Algérie avait importé plus de 1,6 million de tonnes d’essences et plus de 1,4 million de tonnes de gasoil. Malheureusement, le contrat de processing avec VITOL n’a pas été renouvelé pour l’année 2019. Et cette opération juteuse et efficace s’est, malheureusement, brutalement arrêtée. L’Algérie qui veut arrêter d’importer des carburants à partir de 2021 aurait pu atteindre cet objectif depuis plus de deux ans. Mais comme la bon sens est toujours aux abonnés absents au niveau des centres décisionnels du pays, l’économie algérienne va encore gaspiller ses devises à l’étranger.

 

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