La période de terrorisme en Algérie a été abominable et aura marqué notre peuple à jamais. Une guerre barbare entre algériens ou, comme dans toutes guerres, des exactions ont certainement été commises par les deux camps qui s’affrontaient armes à la main.
Que l’on ne veuille pas l’entendre ne changera rien à ce qui s’est passé, avant tout il s’agissait bien d’algériens qui s’entretuaient, un peuple avec sa jeunesse, ses légalistes, ses extrémistes, son élite, ses innocents…
Des drames ont jalonnés chaque village d’Algérie, de profondes meurtrissures ont plongé dans le désarroi bon nombre de nos frères dans chaque famille, chaque hameau.
Que l’on soit pour ou contre les idées que véhiculait chaque camp, toute personne censée, avec des valeurs que notre éducation et la jeune histoire de notre nation nous ont légué, toute personne normalement constituée ne pourrait accepter le meurtre, le massacre ou la torture.
Les lois sur la concorde civile, la charte pour la paix et la réconciliation nationale sont manifestement l’expression d’un pardon nécessaire, d’une amnistie salvatrice ou chacun finalement se repent et manifeste sa volonté à définitivement cesser cette lutte fratricide.
Bien sûr que l’exercice n’est pas aisé tant le préjudice a été lourd sur le plan moral ou humain.
Les algériens ont pourtant à majorité voté pour aller dans la voie du pardon, bien plus proche de notre religion et nos mœurs et à l’opposé des idéologies meurtrières, obscurantistes et séparatrices.
A l’échelle humaine d’insupportables tragédies ont été vécues, nous le savons tous, au niveau individuel nul ne pourra remplacer un père, une mère, un frère ou un proche. Le pardon est la seule réponse prônée par Dieu, à même de faire avancer les femmes et les hommes dans leur lutte contre le mal.
C’est dans cet esprit qu’il faudra appréhender les attaques contre notre histoire, contre notre intégrité.
Ne pas laisser le mal se réinstaller c’est également œuvrer pour une justice et pour des droits.
Ainsi, la récente constatation du comité des droits de l’homme de l’Onu concernant un tragique cas de disparition ne pourrait être laissée sans réponses. (1)
- Belamrania, agriculteur, vivait à El Kennar, près de Jijel. Il a été arrêté le 13 Juillet 1995, il aurait été effroyablement torturé et son corps aurait été retrouvé onze jours plus tard sur le bord de la route.
Sa famille n’a pu saisir la justice algérienne et a dû dès lors s’adresser aux instances internationales en déposant une plainte devant le Comité des droits de l’homme à travers l’association El karama en 2012.
Les experts de ce Comité ont certes reconnu la violation par l’Etat algérien de plusieurs dispositions du Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques. (2)
L’Etat algérien n’a pas répondu aux sollicitations de ce comité lui opposant implicitement les dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, prévoyant le rejet de toute plainte contre les agents de l’Etat.
Dans sa décision, le Comité des droits de l’Homme de l’ONU donne pourtant 180 jours à L’Algérie pour répondre à ce constat.
Certes les experts ont rappelé que tout Etat partie au Pacte est tenu à des obligations et devoirs de coopération avec le Comité mais d’un autre côté il a majestueusement ignoré la position du peuple algérien qui a opté pour des dispositions de clémence envers toutes les parties.
Quel est le but aujourd’hui d’émettre ce constat à charge contre une seule partie et quels intérêts servent les associations qui veulent perpétuer la douleur de tout un peuple?
Notre nation a tourné la page de la violence et de la Fitna et par ce fait n’adhère plus aux discours poussant aux extrémismes ou à la division entre frères. L’Algérie d’aujourd’hui assume pleinement son histoire, tragique ou heureuse, et se tourne vers un futur à construire et rien ne saurait déstabiliser notre conviction vivre ensemble en paix.
Voilà la réponse de tout un peuple à ces familles touchées par la disparition d’un des leurs dans des conditions inhumaines et inacceptables, nous éprouvons et éprouverons de la compassion et une profonde tristesse qui nous renvoi à la perte d’un membre de notre propre famille, c’est également une réponse qui a admis le pardon comme voie de réconciliation et de ce fait se range du côté de toutes les familles, de toutes les parties, pour les aider dignement à surmonter le malheur qui les a frappé en ces temps obscurs.
Ce sont là les seules réponses qui prévalent, des réponses si elles sont suivis de justice serviront à ériger un Etat de droit, une nation unie à jamais.
Sources :