Le message est, pour le moment, implicite, mais la menace est à peine voilée : le 5e mandat ne passera pas comme une lettre à la poste. C’est du moins ce que laisse entendre clairement le mouvement d’opposition Mouwatana dans son dernier communiqué où il aborde subrepticement l’hypothèse d’organiser manifestations dans les rues contre le 5e mandat.
Comme en 2014 où le mouvement Barakat a perturbé la campagne électorale pour les élections présidentielles qui ont abouti à la réélection pour un 4e mandat d’Abdelaziz Bouteflika, le mouvement Mouwatana risque de jouer le rôle de trouble-fête en organisant des rassemblements et manifestations qui ne manqueront pas d’avoir un fort impact sur l’imaginaire populaire des Algériens.
« Dans ce climat général d’un coup d’Etat rampant opéré par une clique utilisant comme otage consentant un homme qui a trahi le serment constitutionnel en profitant d’une démission générale des institutions pourtant impliquées dans le maintien de ce régime en dérive mafieuse, les Algériens sont en droit de réagir et de refuser l’humiliation qui leur est imposée », explique ainsi ce vendredi le mouvement Mouwatana dans un son communiqué parvenu à notre Rédaction.
Les 14 personnalités et animateurs de ce mouvement n’apportent pas un soutien clair net et précis aux manifestations populaires ayant marqué cet été dans plusieurs régions du pays, mais ils soutiennent clairement le droit de protester contre les « dérives » du régime. Pis encore, le mouvement Mouwatana estime que « le pouvoir et ses soutiens auront à assumer les conséquences de toute réaction populaire dont les prémisses se multiplient. Mouwatana prendra ses responsabilités et défendra de manière pacifique mais résolu l’honneur de ce pays ».
Le 5e mandat d’Abdelaziz Bouteflika est assimilé à un déshonneur pour l’Algérie. Et le droit de protester paraît donc légitime aux yeux du mouvement Mouwatana. Mais les animateurs de ce mouvement reproduiront-ils les contestations enclenchées par Barakat en 2014 ? Des protestations qui ont produit un énorme effet médiatique sur la scène internationale et les réactions très musclées des services de sécurité ont entaché la crédibilité du régime algérien. L’élection présidentielle de 2019 sera enfin un immense défi. Le mouvement Mouwatana essaiera de mobiliser les foules pour faire barrage au 5e mandat. La répression ne constituera, certainement, pas la solution pour contenir cette colère populaire qui grandit de jour en jour.